Show must go on!

Bohemian Rhapsody

8 ans ! Il aura fallu presque une décennie pour que le biopic sur l’un des plus grands groupes de rock de tous les temps voit enfin le jour. D’abord envisagé sous la houlette de Sasha Baron Cohen (dont la ressemblance avec le sulfureux chanteur était troublante) qui est cependant très vite tombé aux oubliettes pour divergences artistiques (l’acteur ne voulait pas lisser la déchéance de Mercury à l’écran).

Un projet relancé avec plusieurs autres acteurs avant que la production ne jette son dévolu sur Rami Malek (fantastique dans la série « Mr Robot »). Bryan Singer est chargé de réaliser le biopic mais le tournage du film vire au quasi-fiasco, le cinéaste est remplacé en cours de route par Dexter Fletcher (« Eddie The Eagle ») pour ses absentes répétées en raison de problèmes judiciaires et sa mésentente avec son comédien principal.

Un long métrage qui sort en salle cette semaine sous de mauvais auspices mais que vaut vraiment ce biopic tant attendu sur l’une des plus grandes rock-star de tous les temps ?

Synopsis :

Bohemian Rhapsody retrace le destin extraordinaire du groupe Queen et de leur chanteur emblématique Freddie Mercury, qui a défié les stéréotypes, brisé les conventions et révolutionné la musique. Du succès fulgurant de Freddie Mercury à ses excès, risquant la quasi-implosion du groupe, jusqu’à son retour triomphal sur scène lors du concert Live Aid, alors qu’il était frappé par la maladie, découvrez la vie exceptionnelle d’un homme qui continue d’inspirer les outsiders, les rêveurs et tous ceux qui aiment la musique.

« Bohemian Rhapsody » est un biopic plutôt classique dans la lignée de « Walk the line » de James Mangold sur Johnny Cash mais il reste un sacré spectacle porté par les entrainantes mélodies du groupe.

Le long métrage dévoile une volonté sincère d’être un vibrant hommage à Freddie Mercury, à son groupe et sa musique.

« Bohemian Rhapsody » est un bon film estampillé Queen, fabriqué pour raconter la légende à l’aide d’une iconographie grandiloquente, ceux qui sont venus voir la déchéance et la part d’ombre du chanteur emblématique du groupe seront déçus.

Là n’est pas le but de l’entreprise, Dexter Flectcher et Bryan Singer préfère signer un film émouvant armé d’une bande son tonitruante pour que leur long métrage trouve directement le chemin vers le cœur des fans du groupe. Pour les aficionados, le programme est simple : des rires, des larmes et bien sûr, des frissons à chaque mélodie culte qui retenti.

Pourtant, l’œuvre de Bryan Singer n’est pas parfaite.  On l’a dit, « Bohemian Rhapsody » est un biopic classique. Le cinéaste s’échine à rester dans les clous du politiquement correct pour ne pas brusquer (quoique) autant les fans que (surtout) déranger les membres mêmes du groupe. Bien avant sa sortie en salle, Bryan Fuller accusait le studio d’avoir masqué l’homosexualité du chanteur Britannique à des fins marketing. Cependant même si le film prend des gants pour parler de la bissexualité et de la déchéance de son héros (drogues, alcool, …), c’est plus dans un but de ne jamais quitter sa vision respectueuse et rêveuse du chanteur.

La question est : Avait-on vraiment envie de découvrir plus profondément le côté obscur de l’interprète de « Under Pressure » ?

Pas vraiment se dit-on une fois les lumières de la salle rallumées.

Un film davantage pensé pour générer de l’empathie sans jamais écorner l’image du mythe. Freddy Mercury est un symbole pour toute une génération, un homme qui a défié les stéréotypes, brisé les conventions et révolutionné la musique.

Voilà ce que « Bohemian Rhapsody » tente de montrer, l’interprète de « We Will Rock You », et « We’re the Champions » est attachant du haut de sa personnalité complexe, torturée, joyeuse, décalée ou mélancolique, une véritable boule d’émotions.

À ce propos, soulignons l’incroyable prestation de Rami Malek qui offre une interprétation impressionnante de Freddie Mercury. Dès que les premières mélodies des chansons de Queen retentissent et que la voix unique de son leader résonne, on oublie tout pour se laisser porter par les frissons.

Les séquences de compositions et d’enregistrements en studio forment de superbes moments qui prêtent aux sourires et à l’émerveillement.

L’acteur de « Mr Robot » est époustouflant, plein d’abnégation et de conviction. Il porte littéralement le long métrage sur ses épaules et dissipe dès les premières minutes les doutes que beaucoup suggéraient.

« Bohemian Rhapsody » nous invite à entrer en coulisse pour assister à la naissance des tubes légendaires. Dans une volonté de décortiquer le processus créatif du groupe (quelques moments jouissifs naissent de cette communion musicale et scénique) et de proposer un portrait du groupe à travers la personnalité de son leader. Mercury est un homme meurtri, amusement singulier, mais en proie à un déchirement intérieur, d’un besoin de reconnaissance et d’être aimé.

Malgré quelques faits réels erronés (les excursions en solo de Freddie Mercury notamment), Bryan Singer signe un biopic convaincant lorsqu’il place ses héros soudés dans le feu de l’action, des séquences scéniques emballées avec fureur (l’apothéose est le final à Wembley, qui donne littéralement des frissons), bien aidé par la brillante prestation de Rami Malek candidat proclamé pour les prochains Oscars.

« Bohemian Rhapsody » est un spectacle haut en couleurs, un feel good movie qui prouve par l’intermédiaire de son icône que la musique peut rassembler et briser les conventions. Les fans de Queen seront ravis ! Frissons garantis !

Note : 7,5/10

Julien Legrand – Le 4 novembre 2018

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