Critique « Joyeuse Retraite ! » (2019) : Qu’est- ce qu’on est bien sans enfants !
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L’Odyssée d’un fils.
On avait quitté James Gray en 2017 après sa formidable épopée amazonienne dans « Lost City of Z » et le réalisateur américain revient en 2019 plus en forme que jamais avec « Ad Astra » dans lequel il emmène Brad Pitt aux confins de notre système solaire.
James Gray est de ces réalisateurs dont on attend impatiemment chaque nouveau long-métrage. Il est vrai, que le cinéaste possède une filmographie absolument magistrale qui s’étend de « Little Odessa », son premier film, en passant par le sublime « La Nuit Nous Appartient », « The Yards », « Two Lovers » ou encore « The Immigrant ».
James Gray a su faire rêver des millions de cinéphiles par son talent, ses œuvres cohérentes et une mise scène indéniable.
Pour la deuxième fois après « Lost City of Z », le cinéaste américain troque sa ville natale new-yorkaise pour le grand vide de l’espace dans lequel un homme part au bout de l’univers en quête de réponses pour sauver l’humanité.
Avec son septième film, James Gray frappe encore très fort.
Synopsis :
L’astronaute Roy McBride s’aventure jusqu’aux confins du système solaire à la recherche de son père disparu et pour résoudre un mystère qui menace la survie de notre planète. Lors de son voyage, il sera confronté à des révélations mettant en cause la nature même de l’existence humaine, et notre place dans l’univers.
Si vous êtes un grand amateur de blockbuster bourré d’action, d’effets spéciaux et de rythme effréné, nous vous invitons à passer votre chemin devant « Ad Astra ». Le nouveau film de James Gray n’est nullement un grand film catastrophe ou un énième film sur la conquête spatiale. « Ad Astra » se rapproche plus d’un « Interstellar » ou encore d’un « 2001, L’odyssée de l’espace » de par son sens du drame mais surtout de par sa fresque intimiste sur fond de quête existentielle.
Pourtant s’il faut affilier un film à la dernière réalisation de James Gray, c’est du côté d’« Apocalypse Now » de Coppola qu’il faut regarder. Le Major Roy McBride (fabuleux Brad Pitt) ressemble fort au Capitaine Willard (Martin Sheen) dans son périple sur le fleuve Nung qui se transforme ici en voyage au cœur de notre système solaire.
Cette aventure sera bien sûr jonchée de planètes plus vraies les unes que les autres (vous n’oublierez jamais la vision des anneaux de Neptune) et d’embûches (la fantastique course-poursuite en Rover sur la Lune) mais elle permet surtout à James Gray de plonger son spectateur dans une nouvelle étude sur les relations père/fils, une thématique fondatrice de sa filmographie.
Comme dans « Lost City of Z » où Tom Holland se laisse lui aussi posséder par les obsessions de son père (Charlie Hunnam), Brad Pitt est lui aussi tirailler entre son devoir et les ambitions dévorantes de son père (Tommy Lee Jones impeccable).
Le personnage campé par l’acteur de « Seven » est terré dans une léthargie affective profonde. Il traverse sa vie en zombie, déprimé et perdu par ses réponses existentielles qui dépassent sa propre destinée.
Grâce à l’utilisation d’une voix off, James Gray projette les réflexions de son personnage principal sous les yeux du spectateur le plongeant dans un environnement confus et imprévisible.
Une idée de mise en scène qui immerge parfaitement mais qui pourrait cependant, en décontenancer plus d’un, prolongeant encore plus le sentiment d’être devant une œuvre plus cérébrale que spectaculaire.
Car oui, « Ad Astra » est une aventure humaine intime aux confins de l’univers sur la relation filiale intense exercée entre deux êtres dévorés par leurs démons. Une œuvre qui esquisse un rite iniatique et le besoin de surpasser le père pour embrasser sa propre voie.
En plus d’être un film qui questionne sur le sens à donner à sa vie, « Ad Astra » est également un spectacle visuel à couper le souffle. La mise en scène du cinéaste est toujours aussi vertigineuse et inspirée, elle doit également beaucoup au travail sublime de Hoyte Van Hoytema (déjà à l’œuvre sur « Interstellar » de Christopher Nolan) à la photographie.
D’une Lune inhospitalière à la sublime planète rouge, en passant par Neptune d’un réalisme inégalé, tous les décors bénéficient d’un travail titanesque.
Et puis que dire encore sur l’interprète de son personnage principal, Brad Pitt, qui livre ici une prestation incroyable. Aimant de toute l’attention, qui dévore littéralement l’écran par sa prestance et sa sensibilité. L’acteur déploie une palette de jeu fabuleuse, aussi bien dans les silences que dans les moments de bravoures. Après « Once Upon A Time… In Hollywood » de Quentin Tarantino, l’acteur se pose sans contestation comme candidat aux prochains Oscars.
« Ad Astra » est un très grand film qui laisse rêveur bien après la fin de la projection. Une œuvre portée par une mise en scène exceptionnelle, des effets spéciaux éblouissants et surtout soutenue par un comédien fabuleux, Brad Pitt, au sommet de son art.
Une sublime réflexion existentielle sur l’humain et la solitude en plus d’être une tragédie familiale à grande échelle. Un film hypnotisant qui nous absorbe dans cette quête de l’insaisissable et qui ne nous quitte pas une fois les lumières de la salle rallumées. Puissant !
Note : 8,5/10
Julien Legrand – Le 19 septembre 2019
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