Alita Malgré Elle.

Alita : Battle Angel

Passionnant parcours que celui d’« Alita », projet de longue date mûri par James Cameron dès les années 90. Pourtant suite à un conflit d’emploi du temps qui a vu le réalisateur se pencher sur « Avatar ». Le projet a finalement vu le jour grâce à l’embauche de Robert Rodriguez, grand artisan de belles réussites visuelles comme « Sin City », invité à compléter la vision du père de « Terminator ». 

Tirée du célébrissime manga japonais « Gunnm » de Yukito Kishiro, cette adaptation était destinée à devenir une grande saga de Science-Fiction portée par des ambitions visuelles incroyables, des effets spéciaux révolutionnaires et un budget de plus de 200 millions de dollars. 

Le film de Robert Rodriguez fera malheureusement un petit flop au Box-Office, ne rapportant que 400 millions de dollars et seulement 85 millions sur le sol américain.

Le long métrage mérite-il autant d’indifférence du grand public ? Éléments de réponse.

© 2018 Twentieth Century Fox FIlm Corp.

Synopsis :

Lorsqu’Alita se réveille sans aucun souvenir de qui elle est, dans un futur qu’elle ne reconnaît pas, elle est accueillie par Ido, un médecin qui comprend que derrière ce corps de cyborg abandonné, se cache une jeune femme au passé extraordinaire. Ce n’est que lorsque les forces dangereuses et corrompues qui gèrent la ville d’Iron City se lancent à sa poursuite qu’Alita découvre la clé de son passé – elle a des capacités de combat uniques, que ceux qui détiennent le pouvoir veulent absolument maîtriser. Si elle réussit à leur échapper, elle pourrait sauver ses amis, sa famille, et le monde qu’elle a appris à aimer. 

Sur le papier, le long métrage de James Cameron et Robert Rodriguez avait tout du projet bancal. Transposer de grandes œuvres populaires japonaises dans la machine hollywoodienne à faire de l’argent est une tâche complexe. Comme l’adaptation de « Ghost in the shell » l’a prouvée, rien n’est facile dans le monde impitoyable du Septième Art.

© 2018 Twentieth Century Fox FIlm Corp.

Pourtant, Robert Rodriguez parvient à allier un talent visuel indéniable à l’univers cyberpunk tiré du manga de Yukito Kishiro dans un décor hybride, aux airs de « favelas » multicolores. 

Entre atmosphère citadine et cybernétique, le monde de « Gunnm » est unique, et peut épouser parfaitement les idéaux défendus par son héroïne qui se révèle sous nos yeux.

© 2018 Twentieth Century Fox FIlm Corp.

Il n’y a presque rien à dire sur la direction artistique qui est tout simplement somptueuse alliant parfaitement décors physiques et images de synthèses vertigineuses, réalisés par Weta Digital supervisées par le vétéran Joe Letteri (La trilogie de « La planète des singes », « King Kong », « Avatar »), qui donnent vie à l’univers imaginé par Yukito Kishiro.

Le choix de Rodriguez à la réalisation était donc une excellente idée, le cinéaste a toujours eu une énergie baroque un peu dingue qui permet de dynamiser une production qui courrait le risque d’être asphyxiée par sa direction artistique monumentale et l’omniprésence de ses environnements et personnages numériques.

© 2018 Twentieth Century Fox FIlm Corp.

Cependant si l’on peut reconnaitre à « Alita » un travail technique indéniable, les fans du manga originel seront néanmoins déçus du résultat final. Les aficionados du matériau de base auront sûrement des choses à critiquer car le long métrage du réalisateur de « Desperado » s’octroie quelques libertés et ne transpose pas fidèlement cette adaptation.

Toutefois, dans son processus de transposition, le metteur en scène, également scénariste, s’est appliqué à se connecter au mieux au manga et a tenté d’en capturer l’essence et le cœur pour l’illustrer à l’écran, avec toute la générosité qu’on lui connaît.

© 2018 Twentieth Century Fox FIlm Corp.

En résulte malheureusement une exposition molle et longue pendant plus d’une heure car en dépit d’une ambiance joliment amenée, le film ne raconte pas grand-chose. Cette introduction essaye tant bien que mal d’imposer les arcs narratifs du manga mais de façon linéaire et trop maladroite.

Une proposition, imparfaite mais régulièrement euphorisante, qui fait cette adaptation un blockbuster respectueux et à la générosité débordante. Une sorte de visite accélérée d’un des chefs d’œuvres du cyberpunk, emmenée par un Robert Rodriguez pas toujours très habile, mais empli d’amour pour sa mission.

© 2018 Twentieth Century Fox FIlm Corp.

Malgré ses défauts, « Alita » reste un vrai morceau de bravoure de science-fiction porté par un casting de qualité (Rosa Salazar, Jennifer Connelly, Christoph Waltz, Mahershala Ali, Eiza González, Ed Skrein, Jackie Earle Haley …) alliant brutalité, romance et décors splendides. Une œuvre qui donnera envie à tout spectateur ayant apprécié cet exercice de style, de se plonger dans les fantastiques mangas écrits par Yukito Kishiro.

© 2018 Twentieth Century Fox FIlm Corp.

Au final, « Alita : Battle Angel » n’est jamais l’accident cinématographique redouté, mais n’est pas non plus l’adaptation de James Cameron longtemps fantasmée. Ambitieux, dense, intense et débordant d’idées visuelles et de fulgurances cinématographiques, « Alita : Battle Angel » était un pari risqué pour James Cameron et Robert Rodriguez. Un blockbuster classique, explosif, fun et immersif qui en garde encore trop sous le coude pour être une franche réussite.

On espère sincèrement que Disney choisira de continuer la saga (après le rachat de la Fox) malgré son semi-échec au Box-Office.

Note : 7/10

Julien Legrand  – Le 26 août 2019

Test DVD :

Certes nous n’avons pas eu l’occasion de tester la version Blu-Ray ou 4K, du coup, nous n’avons pas pu admirer le sublime travail sur les couleurs et les effets visuels. En revanche, les différents bonus se révèlent assez riches sur le développement du projet. On ne s’en étonnera qu’à moitié, l’enjeu étant aussi pour James Cameron et son producteur de faire valoir leurs réussites techniques et les performances de technologies dans lesquelles ils ont personnellement investi.

© 2018 Twentieth Century Fox FIlm Corp.

Le résultat n’en est pas moins des plus stimulants. Malgré l’intitulé souvent un peu banal des différents reportages proposés, débutant par de sempiternelles accroches marketing assez peu inspirées, presque tous sont riches d’infos. On découvrira ainsi bien plus en détails que d’habitude les procédés aboutissant à la performance capture, des explications bienvenues, ainsi que des mises au point excitantes sur les possibilités techniques sans cesse renouvelées de ces dernières avancées.

Le module consacré aux liens esthétiques et philosophiques entre les mangas et le long-métrage contient également quantité de détails intéressants, qui nous renseignent sur les choix du réalisateur de « Terminator » et la nature même du film.

© 2018 Twentieth Century Fox FIlm Corp.

De même, on remarque que la participation de Robert Rodriguez est abordée sans fard par ce dernier, qui se présente comme désireux de s’effacer au maximum devant la vision de James Cameron.  

Comment retrouver la sensation de célérité guerrière de l’œuvre originale ? Une question fondamentale, auquel « Alita » répond de la meilleure des manières, en auscultant les problématiques de captation humaine, ou comment retranscrire le jeu, émotionnel et physique, des comédiens, mais également en posant la question de la direction artistique. On revient ainsi avec quantité de détails sur la création des costumes, notamment des corps artificiels du personnage principal.

Enfin, les aficionados seront heureux de poser les yeux sur les travaux préparatoires datant de 2005, qui permettent de constater que si Rodriguez a sûrement apporté quelques touches bis et chaleureuses au récit, il en a clairement respecté les orientations, et opéré plus un resserrement qu’une réinvention.

De joli bonus pour une belle édition DVD.

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