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Voyage au bout de l’enfer
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Dès la publication en 1978 du roman « Fallen Angel » de William Hjorsberg, le cinéaste Alan Parker est sur les rangs afin de pouvoir en acquérir les droits. Les studios hollywoodiens ont cependant anticipé les choses et ceux-ci ne sont déjà plus disponibles. Cinq années plus tard, alors qu’aucun projet basé sur l’ouvrage n’a pu se concrétiser, le producteur Elliott Kastner en dépose un exemplaire sur la table de travail de Parker et lui propose de plancher sur une adaptation de l’œuvre pour le grand écran. Ce ne sera pourtant qu’en 1985, après la présentation de « Birdy » au Festival de Cannes (où il décroche le Grand Prix du Jury), que le réalisateur commence à écrire le scénario inspiré de « Fallen Angel », devenu entretemps « Angel Heart ».
Parker est alors heureux de se plonger dans un nouvel univers, lui qui n’aime pas se cantonner dans un seul genre. Formé à l’école de la publicité (il a plus de 500 spots à son actif), il a déjà réalisé des films aussi différents que « Bugsy Malone », « Midnight Express », « Fame », « Shoot the Moon », « The Wall » et, bien sûr, « Birdy ». Avec « Angel Heart », il plonge en réalité aux confins de deux genres : le film noir, qui prend racine dans un univers chandlerien classique, et le fantastique, qui s’immisce au fur et à mesure dans le récit.
Synopsis :
Le film met en présence Harry Angel, un détective miteux au comportement plutôt désinvolte, qui se lance à la recherche de Johnny Favorite, un chanteur de charme disparu sans laisser de traces. Cette enquête est commanditée par un mystérieux personnage aussi maniéré qu’exigeant répondant au nom de Louis Cyphre.
Pour interpréter le personnage d’Angel, Parker jette son dévolu sur Mickey Rourke, dont le côté anarchiste et irrévérencieux, mais aussi l’ingéniosité et la malice, captent son attention (Nicholson et Pacino avaient également été pressentis pour le rôle). Face à lui, Robert De Niro, premier choix de Parker pour camper l’énigmatique Louis Cyphre (même si Brando a été cité), hésite longtemps avant de marquer son accord et se lancer dans l’aventure.
Avec ce double choix, Parker prend le pari risqué de confronter deux comédiens que tout oppose.
Rourke est avant tout instinctif, intuitif. Il n’aime pas les répétitions, il est friand d’improvisation et d’expérimentations. Il est désireux de varier ses interprétations au fil des prises. Il aime s’éloigner du texte, cherchant, derrière cette apparente « imprécision », à gagner en spontanéité et à livrer une prestation au plus près de la vérité. Présent seulement sur les écrans depuis quelques années, il a pourtant pu enchaîner récemment des films qui ont séduit la critique et marqué les esprits des spectateurs : « Rusty James » de Coppola, « Eureka » de Nicholas Roeg, « Le Pape de Greenwich Village » de Stuart Rosenberg, « L’année du dragon » de Michael Cimino ou encore « 9 semaines et demi » d’Adrian Lyne.
Face à lui, De Niro incarne tout le contraire. Le comédien a prouvé depuis longtemps toute l’étendue de son immense talent, offrant des compositions saisissantes sous la direction de Scorsese, Bertolucci, Kazan, Cimino, Leone, Gilliam ou Joffé. Pour incarner Louis Cyphre, il impose à Parker d’interminables séances de questions-réponses afin de comprendre toute la teneur du rôle qu’il lui propose. Méticuleux à l’extrême, De Niro réfléchit à chaque détail. Dans le choix de ses postures, de son phrasé, de ses regards. Dans celui de ses costumes et accessoires. Il est attentif à chaque décor, à chaque objet présent, aussi anodin soit-il. Il souhaite livrer son texte avec une précision chirurgicale…
Le rapport de force entre les deux hommes s’installe rapidement sur le plateau. Mais au final, chacune de leur rencontre permettra à ces deux talents hors normes de donner le meilleur d’eux-mêmes, offrant aux spectateurs de véritables séquences d’anthologie.
Face à Rourke et De Niro, Alan Parker offre les deux rôles féminins principaux à des comédiennes diamétralement opposées.
Lisa Bonet, issue de la télévision, fait ici sa première apparition au cinéma dans le rôle d’Epiphany Proudfoot. Tout-à-fait éblouissante, elle apparaît tour à tour fragile, lumineuse, intense et sulfureuse, livrant une prestation stupéfiante, bien loin de l’image « lisse et propre » offerte aux téléspectateurs, notamment au travers de son rôle récurrent au sein du « Cosby Show ».
Charlotte Rampling incarne quant à elle Margaret Krusemark, cartomancienne et ancienne amie de Johnny Favorite. La comédienne, amie de longue date du réalisateur, tourne cependant sous sa direction pour la première fois, elle qui a déjà derrière elle une filmographie aussi riche qu’impressionnante, où se côtoient notamment Visconti, Boorman, Chéreau, Boisset, Allen, Lumet, Lelouch et Oshima.
Le résultat à l’écran est impressionnant. « Angel Heart » est un film virtuose. Formellement, visuellement, stylistiquement. Le film bénéficie d’une photographie somptueuse signée Michael Seresin (qui réalisera l’année suivante « Homeboy » avec Rourke et Walken). Porté par la musique de Trevor Jones, il reconstitue avec brio les années cinquante et met remarquablement en lumière les décors naturels choisis par le réalisateur, de Harlem à Coney Island, en passant La Nouvelle-Orléans et les bayous et marécages de Louisiane.
Rourke est tout simplement magistral dans un rôle complexe, faisant naître chez le spectateur de la compassion pour ce personnage vulnérable obligé de se plonger dans son passé. De Niro est quant à lui impérial, l’emmenant peu à peu dans le dédale de sa propre existence, tissant sa toile autour de lui, implacablement…
Le reste de la distribution est au diapason, chaque comédien livrant une performance impeccable.
« Angel Heart » est une œuvre fiévreuse et vénéneuse, un voyage ponctué de séquences énigmatiques, teintées de noirceur, ponctuées de rouge sang, un jeu labyrinthique qui nous entraîne peu à peu dans un univers cauchemardesque, où le spectateur assiste à la mise en abîme d’un homme traumatisé, inexorablement voué à une terrifiante descente aux enfers…
Vincent Legros – Le 18 août 2019
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