Critique « Villa Caprice » (2021) : Un face à face digne d’un roman de Simenon.
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Carax : L’opéra rock poétique !
Leos Carax est un cinéaste « rare » comptant seulement six long métrages à son actif depuis « Boy meets girl », Prix de la Jeunesse à Cannes en 1984. Suivra « Mauvais sang » deux années plus tard, poème visuel et sonore inspiré et exigeant où l’amour est menacé par un virus, faisant écho à une époque touchée de plein fouet par le SIDA, avant que deux échecs ne viennent freiner ses ambitions : « Les amants du Pont Neuf » en 1991 et « Pola X » en 1999. Passé du statut d’enfant-prodige à celui de cinéaste maudit, il mettra treize années avant de proposer son film suivant, « Holy Motors », dont l’originalité enthousiasma la critique cannoise en 2012, sans toutefois prétendre in fine à la Palme d’or, attribuée cette année-là à « Amour » de Michael Haneke.
C’est avec l’ambition à nouveau assumée de proposer un film original, ambitieux et visuellement très travaillé que Carax est de retour avec « Annette », présenté en ouverture et en compétition dans la « sélection officielle » du Festival de Cannes 2021.
Huit années furent nécessaires pour que le projet se concrétise au départ d’une idée originale proposée par les Sparks, groupe originaire de Los Angeles fondé en 1968 par les frères Ron et Russell Mael, un tandem qui a toujours mis un point d’honneur à se réinventer depuis leur création en touchant à différents styles et mouvements musicaux (glam rock, new wave, disco, électro-rock, dance…).
Synopsis :
« Annette » raconte la descente aux enfers d’un couple de célébrités. Ann Defrasnoux (Marion Cotillard) est une cantatrice lyrique bienveillante dont la carrière explose. Henry McHenry (Adam Driver) est un artiste de stand-up égocentré au cynique débordant. Leur petite fille, Annette, est une créature singulière douée de talents exceptionnels.
À travers ce film, Leos Carax nous convie à la rencontre d’artistes voguant dans un univers où le rapport au succès et à la célébrité, la quête incessante de reconnaissance, l’ambition dévorante et la jalousie, la pression des médias sont autant de facteurs qui mettent en danger le fragile équilibre mental des protagonistes principaux. Le cinéaste dénonce aussi la manipulation dont peuvent faire l’objet les enfants artistes par leurs parents, pouvant ne plus être que de simple marionnettes et risquant de voir leur destin brisé par des désirs et des ambitions qui leur sont étrangers.
Adam Driver (qui officie également en tant que producteur) y est époustouflant et y confirme si nécessaire l’étendue de son talent après une carrière d’à peine dix années au cinéma, où il a déjà brillé sous la direction d’une kyrielle de metteurs en scène de premier plan (Eastwood, les frères Coen, Spielberg, Scorsese, Jarmusch, Soderbergh, Gilliam, Spike Lee), sans parler de sa fidèle collaboration avec le réalisateur Noah Baumbach ou de son incarnation de Kylo Ren dans les épisodes VII à IX de « Star Wars ». Marion Cotillard est quant à elle lumineuse dans le rôle de cette cantatrice à la fois brillante et fragile, un rôle pour lequel elle n’était pas le premier choix du réalisateur, Rooney Mara, Michelle Williams, Kristen Stewart et Rihanna ayant été précédemment pressenties pour incarner ce personnage.
Simon Helberg, qui incarne le geek Howard Wolowitz dans la série « The Big Bang Theory », et la chanteuse Angèle, future Falbala dans « Astérix et Obélix : L’Empire du Milieu » mis en scène par Guillaume Canet, complètent la distribution.
Si « Annette » se déroule à Los Angeles, ville de naissance des Sparks, le tournage n’y a duré qu’une semaine, la Belgique et l’Allemagne accueillant l’équipe pour la majorité des scènes. Des séquences furent notamment captées dans la magnifique salle du Forum de Liège, ainsi qu’à Bruxelles, entre août et octobre 2019.
Leos Carax livre ici une œuvre à très haut pouvoir sensitif. Un opéra rock poétique et lyrique d’une qualité visuelle étourdissante. Une fable cruelle et tragique parfois déroutante, nourrie de lumière et de noirceur, parsemée d’éclairs de génie et d’effets appuyés au kitsch assumé. Un film fougueux, foisonnant et flamboyant, très justement couronné par le Prix de la mise en scène décerné à Cannes par le jury présidé par Spike Lee.
Vincent Legros – Le 25 juillet 2021
Sources Photos :
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