Par Confucius, ils sont fous ces gaulois !
Dix ans déjà que nous ne sommes pas retournés dans ce petit village gaulois qui résiste encore et toujours à l’envahisseur. Exit le duo mythique Clavier-Depardieu, place à Gilles Lellouche et Guillaume Canet pour incarner Astérix et Obélix dans « Astérix et Obélix : L’empire du Milieu ».
Notre critique ne va pas tomber à bras raccourcix sur le film mais en assumer le ying et le yang !
Synopsis :
Nous sommes en 50 avant J.C. Suite à un coup d’État fomenté par Deng Tsin Quin, un prince félon, l’Impératrice de Chine est emprisonnée. Aidée par Graindemaïs (Jonathan Cohen), le marchand phénicien, et par sa fidèle guerrière Tat Han, la princesse Fu-Yi (Julie Chen), fille unique de l’impératrice, s’enfuit en Gaule chercher l’aide des irréductibles gaulois dotés d’une force surhumaine grâce à la potion magique du druide Panoramix (Pierre Richard). Nos deux inséparables Gaulois Astérix et Obélix acceptent d’aider la Princesse à sauver sa mère et à libérer son pays. Mais ce que tous ignorent c’est que Jules César (Vincent Cassel) et sa puissante armée, toujours en soif de conquêtes, ont eux aussi pris la direction de l’Empire du Milieu…
Deuxième plus gros budget (65 millions €) pour un film d’Astérix après « Astérix aux jeux olympiques » (2008) (+ de 70 millions €), le film de Guillaume Canet doit réussir à attirer les spectateurs dans un contexte assez morose même si l’actuelle embellie constatée avec AVATAR 2 peut augurer du meilleur pour sa sortie en février 2023.
Plutôt que de critiquer le film en vous divulgâchant le plaisir d’une toile, ScreenTune se propose d’évoquer avec vous les bonnes et mauvaises surprises d’ « Astérix et Obélix : l’Empire du Milieu ». Une précision cependant, cette façon de procéder trouve sa justification dans l’approche cinématographique du réalisateur qui, s’il a convié beaucoup d’acteurs (et non acteurs) à jouer un rôle dans son film ; nombre d’entre eux n’apparaissent que dans deux ou trois scènes.
Au rayon des satisfactions, il y a les deux acteurs principaux. Gilles Lellouche campe un Obélix certes différent du mythique Gérard Depardieu mais très intéressant tant dans la forme que sur le fond. Son partenaire de jeu revisite Astérix plus soucieux de légumes que de sangliers et s’interrogeant sur les effets à long terme de la potion magique… un Astérix vegan et anti-potion…c’est nouveau !
Les très bonnes surprises d’un casting Hénaurme sont les trois actrices d’origine asiatique. Toutes trois ont des rôles importants, utiles au développement de l’intrigue mais aussi de contrepoint (empreint d’une sagesse millénaire) à la douce folie de nos irréductibles gaulois. La princesse est incarnée par la néophyte mais prometteuse Julie Chen, la guerrière TATANE (pardon Tat Han et elle en envoie quelques-unes) est jouée par Leanna Chea (les films « 14 jours 12 nuits » ; « Sun ») et l’Impératrice par Linh-Dan Pham, César du meilleur espoir féminin en 2005 pour « de battre mon cœur s’est arrêté », vue aussi dans « Divin enfant », « Blue bayou ».
Enfin reste le cas Graindemaïs, le marchand phénicien incarné par Jonathan Cohen. L’acteur des séries « Le flambeau » et « la Flamme » n’arrive pas (selon nous) à donner sa pleine mesure en faire-valoir de nos héros, bien au contraire, nous aurions aimé qu’il opte pour un jeu plus parodique qui avait si bien réussi à Jamel Debbouze dans le désormais légendaire « Mission Cléopâtre ».
Du côté romain, la prestation de Vincent Cassel peut être qualifiée d’« impériale ». Sa capacité à fragiliser son ego quand il s’agit de Cléopâtre est réjouissante. Quant à La Reine d’Egypte, hormis la prestation toute en majesté de Monica Bellucci dans le Astérix d’Alain Chabat, celle de Marion Cotillard est jubilatoire dans un registre plus hystérique.
Comme nous vous l’avons révélé, beaucoup d’acteurs « invités » ont de très petits moments à l’écran et certains réussissent leurs scènes mieux que d’autres. Dans le couple Jérôme Commandeur(Abraracourcix), Audrey Lamy (Bonemine) c’est Bonemine qui s’en tire le mieux, Pierre Richard en Panoramix a une scène très amusante (clin d’œil à l’un de ses films emblématiques) et Angèle est une intéressante Falbala. Côté romain José Garcia campe un Biopix agaçant tandis qu’Antivirus (Zlatan Ibrahimović) est redoutable d’autodérision en deux scènes réussies. Figurent également dans des rôles plus anecdotiques Matthieu Chedid, Orelsan, Ramzy Bédia, Manu Payet (dans un rôle Ri Qi Qi), Philippe Katerine (qui arrive à faire chanter(si si) Assurancetourix), Issa Doumbia (qui remplace le regretté Mouss Diouf en haut du mât), Bigflo et Oli…
Adapter une célèbre bande-dessinée est de facto un exercice périlleux pour un réalisateur à fortiori quand il s’agit de créer une histoire originale sur une BD culte, classée au patrimoine gaulois…
Guillaume Canet, aidé des scénaristes Julien Hervé et Philippe Mechelen a su respecter le matériel de base et y ajouter une touche personnelle même s’il n’a pas remporté « Le combat des chefs » face au film devenu culte d’Alain Chabat.
Le réalisateur des « Petits mouchoirs » a eu le courage de se lancer dans un projet difficile là où bon nombre d’autres auraient renoncé et il peut être crédité d’une bonne note et accéder à une deuxième place loin devant « Au service de Sa Majesté » (2012) de Laurent Tirard (« Le retour du héros 2018) dernier longs métrage de nos chers gaulois même si nous avons un faible pour le très réussi dessin animé « Le domaine des dieux »(2014) d’Alexandre Astier (qui anime les sangliers comme personne). Une mention pour l’excellente musique originale signée M (Mathieu Chedid qui officiait déjà sur « Ne le dis à personne »).
Un scénario prétexte à quantité de scènes mettant en valeur (parfois) un casting imposant quoiqu’un peu disparate. Des points gagnés par certains personnages nouveaux comme les comédiennes de l’Empire du milieu ou intéressants comme le couple parodique Jules et Cléo.
Yves Legrand – Le 29 janvier 2023
Sources Photos :
© 2023 https://www.pathefilms.com/film/asterixetobelixlempiredumilieu
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