We love Lucy forever !

Being the Ricardos (Hollywood 1953)

Aaron Sorkin, créateur des séries « The Newsroom » et « A la Maison Blanche » et du film « Les Sept de Chicago » nous propose son troisième long métrage centré sur l’iconique Lucille Ball et son mari partenaire Desi Arnaz. Pour les incarner l’Espagnol Javier Bardem et Nicole Kidman, qui réussit à disparaître totalement sous cette Lucille si unique et identifiable.

Notre avis sur les Ricardos … ou les Arnaz…car l’un ne va pas sans l’autre.

Critique « Being the Ricardos » (Hollywood 1953) (2021) : We love Lucy forever ! - ScreenTune
© 2021 Amazon Prime Video

Synopsis :

Alors qu’elle commence les répétitions d’un nouvel épisode de la sitcom hebdomadaire dont elle est la vedette, Lucille Ball a vent de rumeurs sur l’infidélité de Desi Arnaz, son mari et partenaire. Mais elle fait aussi l’objet de rumeurs à cause d’une présumée sympathie communiste. Lucy Ricardo ; c’est le modèle des épouses juste assez insupportable pour maintenir son mari en extase devant ses gaffes involontaires, son sens de l’humour, ses ruses cousues d’un gros fil blanc… Elle est la bonne petite femme fidèle malgré sa coquetterie, celle que des millions de célibataires voudraient rencontrer et épouser.

Au plus fort de sa popularité dans les années 50, « I Love Lucy » rivait plus de 60 millions d’Américains à leur télévision au point que des commerces fermaient le lundi soir pendant la diffusion de la sitcom. Pionnière de l’humour au féminin aux USA, Lucille Ball est toujours culte, non seulement parce qu’elle se mit en scène il y a désormais plus de soixante ans dans le rôle de Lucy Ricardo, une femme au foyer qui veut s’émanciper mais aussi parce qu’elle fut la première femme à diriger un studio hollywoodien (DESILU) créé avec son époux, le Cubain Desi Arnaz, qui était également son mari à l’écran.

Critique « Being the Ricardos » (Hollywood 1953) (2021) : We love Lucy forever ! - ScreenTune
© 2021 Amazon Prime Video

Le hasard fait parfois bien les choses car cela fait un certain temps que chez ScreenTune on réfléchissait à faire un portrait de Lucille Ball ; une femme, une productrice qui a du nez (elle produisit « Star Trek » et « Les Incorruptibles » entre autres) … une pionnière à plus d’un titre. Peu connue en France où ses séries n’ont guère été diffusées ni reprogrammées (en version colorisée) à la différence de « Ma sorcière bien-aimée ».

Prime Video nous propose un film extraordinaire signé Aaron Sorkin qui condense en une semaine mouvementée un pan de la vie de ce couple d’artistes qui changea l’Amérique et la télévision. Première surprise il s’agit d’un couple interracial, chose peu courante à l’époque. Ball et Arnaz se marient en 1940 et ils eurent deux enfants dont Lucie Arnaz actrice mais aussi productrice de ce film. Sorkin propose l’image qu’il s’est lui-même forgée de l’icône que fut Lucille Ball, ce qui est son droit le plus strict ; Pablo Larraín a fait de même récemment avec la princesse Diana dans son film « Spencer ».

Critique « Being the Ricardos » (Hollywood 1953) (2021) : We love Lucy forever ! - ScreenTune
© 2021 Amazon Prime Video

Aaron Sorkin a choisi une approche plus réaliste pour évoquer le parcours d’une femme dont l’influence s’est exercée autant devant que derrière la caméra à une époque où la télévision en est à ses débuts au point d’être surnommée « La Reine de la Télévision » ! Il porte à l’écran un scénario qu’il a écrit et concentre en une semaine particulière un pan de vie de la vedette sans oublier d’y greffer quelques retours en arrière, mais aussi de faux témoignages de trois participants à la fameuse émission, comme s’il s’agissait d’un documentaire.

L’attrait principal de « Being the Ricardos » est de nous offrir les coulisses d’une émission culte, fabriquée à une époque désormais révolue. Le scénariste inspiré de « The Social Network », « Des hommes d’honneur » ou encore « Le Stratège » a truffé de dialogues incisifs voire furieusement drôles, dont il a le secret son biopic en maintenant un bel équilibre entre ce qui relevait de la vie professionnelle et de la vie personnelle de Lucille Ball. Première humoriste féminine à trouver le succès à la télévision après une carrière en dents de scie au cinéma (avec quand même 75 films en 18 ans), elle exigea et obtint que son conjoint d’origine cubaine, connu alors comme chef d’orchestre, incarne aussi son mari à l’écran, une première sur le plan de la diversité. Vous pouvez aussi retrouver Lucy dans une scène culte de « Pretty Woman » que savoure le couple Richard GereJulia Roberts en sirotant un verre de champagne.

Critique « Being the Ricardos » (Hollywood 1953) (2021) : We love Lucy forever ! - ScreenTune
© 2021 Amazon Prime Video

Nicole Kidman et Javier Bardem offrent de superbes compositions, mais le lien passionnel qui unissait les deux protagonistes est moins présent, celui qui, selon une scénariste, faisait en sorte qu’ils pouvaient « s’arracher la tête, mais aussi leur linge à l’écran ».

Même si l’âge des acteurs n’est pas en adéquation avec celui des protagonistes en 1952 ; le simple fait d’enfin se pencher sur l’inestimable héritage de ce couple mythique pionnier de la comédie de situation est déjà un hommage en soi. Récompensée dès 1960 sur le walk of fame d’Hollywood boulevard, Lucille Ball reçut également la médaille de la Liberté (à titre posthume) et restera à jamais l’humoriste burlesque préférée des américains.

Note : 7/10  

Pour les dialogues mordants dont Sorkin est capable !

Yves Legrand – Le 8 février 2022

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