Edward se met au noir.

Brooklyn Affairs 

On a connu le brillant acteur Edward Norton, celui qui a su nous transporter par ses sublimes performances dans « Fight Club », « American History X », « La 25ème Heure », « Peur primale » et bien d’autres. Grâce à ses collaborations fructueuses avec des réalisateurs confirmés comme David Fincher, Spike Lee, Ang Lee ou encore Ridley Scott ; il était presque logique que le comédien se lance dans la réalisation.  

« Brooklyn Affairs » est donc le second film mis en scène par Edward Norton (« Après au nom d’Anna » en 2000) qui porte la double casquette d’acteur-réalisateur, sorti un peu dans l’indifférence en Europe malgré une distribution de gros calibres comme Bruce Willis, Alec Baldwin, Willem Dafoe et la talentueuse Gugu Mbatha-Raw aperçue dans « Free State of Jones » et « The Cloverfield Paradox ».

Bénéficiant d’un budget de 26 millions de dollars, Edward Norton réussi-t-il à nous plonger dans une enquête retorse digne des meilleurs films noirs ? Éléments de réponse…

Synopsis :

New York dans les années 1950. Lionel Essrog, détective privé souffrant du syndrome de Gilles de la Tourette, enquête sur le meurtre de son mentor et unique ami Frank Minna. Grâce aux rares indices en sa possession et à son esprit obsessionnel, il découvre des secrets dont la révélation pourrait avoir des conséquences sur la ville de New York… Des clubs de jazz de Harlem aux taudis de Brooklyn, jusqu’aux quartiers chics de Manhattan, Lionel devra affronter l’homme le plus redoutable de la ville pour sauver l’honneur de son ami disparu. Et peut-être aussi la femme qui lui assurera son salut…

Adapter le célèbre roman de Jonathan Lethem était une tâche difficile pour n’importe quel cinéaste. Encore plus pour un néo-réalisateur mais Norton s’en sort à merveille en livrant une œuvre remplie d’amour pour le film noir. Une voix-off omniprésente, Des plans bourrés de clins d’œil, une belle ambiance qui rappelle les meilleurs films de privés avec Humphrey Bogart, les silhouettes à chapeaux cachées dans les ruelles sombres, le club jazzy avec l’arrière-cour dans laquelle on est passé à tabac, les puissants véreux… Tout y est pour passer un bon moment !

Certes, l’acteur-réalisateur transgresse avec audace quelques éléments du roman comme transposer son intrigue dans les années 50 alors que le récit de Lethem se déroule en 1980 mais il le fait avec une telle passion du matériau initial et du genre qu’il adapte qu’on peut tout lui pardonner.

Un film qui fait la part belle aux références du film noir à commencer par le sublime « Chinatown » de Polanski en passant par « The Two Jakes » de Jack Nicholson « Qui veut la peau de Roger Rabbit », bref Edward Norton brasse tout son patrimoine cinématographique pour offrir au public une intrigue policière élégante en plus d’un récit subliminal sur le racisme institutionnalisé, la corruption civique et l’embourgeoisement.

Des riches thématiques présentes dans le roman auxquelles Norton donne de la densité grâce tout d’abord à une reconstitution de New-York subliment cohérente et réaliste. La seconde force se trouve dans son casting impeccable, Alec Baldwin en tête, incroyablement juste et détestable ; et Gugu Mbatha-Raw qui donne une résonance contemporaine à l’intrigue avec son personnage touchant et crédible.

Si on doit reprocher certaines choses à « Brooklyn Affairs » c’est d’abord son classicisme et la volonté de Norton d’en faire trop en montrant tous les ressorts de l’intrigue et des personnages un peu trop verbeux.

Ensuite la longueur du long métrage, 2h25 c’est long pour une enquête policière qui repose presque intégralement sur son personnage principal, une durée qui pourrait perdre de nombreux spectateurs en route.

« Brooklyn Affairs » est du bel ouvrage pour un deuxième film. Si on peut lui reprocher une intrigue et un style un peu trop classique, ce serait bouder son plaisir devant une œuvre qui regorge d’idées visuelles et d’une ambiance digne des meilleurs films noirs.

Un hommage appuyé aux meilleurs films d’antan soutenu par une distribution de grande qualité et une reconstitution aux petits oignons. Une œuvre qui sort des sentiers balisés par les blockbusters et qui méritait mieux que ses 18 millions de dollars de recettes au Box-Office.

Chapeau Edward pour un second film !

Note : 7/10

Julien Legrand – Le 12 juin 2020

  • Test DVD :

Sorti le 8 avril dernier et malgré cette édition DVD un peu trop classique le film bénéficie d’un traitement d’image et de son qui amplifie le soin apporté à le reconstitution du New York des années 50. 

On en apprend plus sur le travail de fond effectué par le cinéaste pour réaliser son adaption du roman de Jonathan Lethem. Norton y souligne son amour du film noir ainsi que les grands détails de sa volonté de ne pas adapter le plus fidèlement possible le matériau de base.

Un « Making of » enrichissant qui aurait cependant mérité d’être plus étoffé avec des commentaires supplémentaires. 

BONUS :

  • Making-Of: Edward Norton’s Methodical Process (BD, DVD)
  • Commentary with Director Edward Norton (BD)
  • Scènes inédites  (BD)

 

Sources Photos :

  • Copyright : Warner Home Video

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