Sécession programmée ?

Civil War (2024)

À six mois d’élections américaines sous haute tension, « Civil War » fait écho aux inquiétudes de nombreux Américains et les confronte au grand basculement possible. Le britannique Alex Garland emmène Kirsten Dunst, Cailee Spaeny et Wagner Moura au cœur de la guerre civile.

Notre critique ne fait pas sécession pour autant.

Critique « Civil War » (2024) : Sécession programmée ? - ScreenTune
© A24 & Just Entertainment

Synopsis :

L’Amérique est en proie à une guerre civile, des états dont la Floride, le Texas et la Californie se sont insurgés contre le pouvoir en place, et le président vit calfeutré dans la Maison-Blanche d’où il dirige la contre-offensive. Lee Smith (Kirsten Dunst), célèbre photographe de guerre, veut traverser une partie du pays avec Joel (Wagner Moura), son confrère journaliste pour réaliser une interview du président, qui ne s’est plus exprimé depuis quatorze mois qu’à travers de rares allocutions officielles où il appelle les sécessionnistes à la reddition. Dans sa périlleuse odyssée, Lee se voit flanquée, contre son gré, de Jessie (Cailee Spaeny), une jeune photographe débutante qui admire son aînée… Or, dans ce pays où règne le chaos, le voyage se révèle à hauts risques…

Pour paraphraser René Magritte, ceci n’est pas un film d’action ! Certes il y a de l’action mais c’est avant tout dans notre caboche que tout se passe…

Critique « Civil War » (2024) : Sécession programmée ? - ScreenTune
© A24 & Just Entertainment

« Civil War » est un film politique d’anticipation, une sorte de prophétie de Nostradamus pour ceux que le climat politique américain inspire… Une sorte de « et si… » qu’Alex Garland, le réalisateur du bluffant « Ex Machina » (2015), de l’ovni « Annihilation » et le troublant « Men » (2022) propose (et ce n’est pas un hasard) à six mois de la présidentielle de 2024.

Un film qui rappelle le sujet de « Soleil Vert » (1975) mais sans sa vision idéologique et universelle. 

Critique « Civil War » (2024) : Sécession programmée ? - ScreenTune
© A24 & Just Entertainment

Une sorte de « et si… » qui sonne comme un avertissement d’Hollywood (qu’on sait politisé et plutôt démocrate) aux manifestations de l’extrême droite américaine, aux conservateurs anti-avortement et au lobby des armes.

La hantise d’une guerre civile aux Etats-Unis remonte aux origines d’une nation, à la révolution, à l’indépendance de 1776 et à la guerre de sécession (« Civil War » en anglais) de 1861 à 1865 qui laissa une profonde blessure (qui perdure) entre états du Sud et du Nord.

Critique « Civil War » (2024) : Sécession programmée ? - ScreenTune
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C’est dans ce terreau historique qu’Alex Garland fait germer avec intelligence et une belle écriture les graines de son film. Le spectateur est plongé dès le début dans le feu de l’action mais les causes qui ont mené à la sécession ne sont jamais explicitées. 

Les sources du conflit ne sont pas raciales puisque Lee, journaliste blanche, est prise pour cible par d’autres blancs. Le road movie du groupe de reporters de guerre se révèle cependant plus intimiste qu’on ne croit au vu des bandes annonces et c’est pourquoi certains seront déçus de ne pas voir à l’écran pléthore de scènes de combat et d’explosions en tous genres. 

Critique « Civil War » (2024) : Sécession programmée ? - ScreenTune
© A24 & Just Entertainment

Alex Garland filme sa petite équipe de reporters traversant un pays balafré où les champs de bataille se multiplient, où des snipers peuvent surgir de partout, où les exécutions sommaires sont légions… 

« Civil War » est un pamphlet moderne, une dystopie qui fait écho à l’assaut du Capitole par les partisans de l’ex président Trump de nouveau candidat (alors qu’il est poursuivi en justice). « Civil War » c’est aussi ce qu’a promis le futur candidat du parti républicain (dans des meetings) s’il n’est pas élu en novembre 2024 !

Critique « Civil War » (2024) : Sécession programmée ? - ScreenTune
© A24 & Just Entertainment

Le film nous tient en haleine jusqu’au bout ; même si à titre personnel nous aurions aimé une autre conclusion. Kirsten Dunst y trouve un de ses meilleurs rôles quant à Cailee Spaeny (« Priscilla » en 2023, « Alien Romulus » en 2024) elle se révèle excellente en tête brûlée parfait complément de la grande photo-reporter qu’elle admire.

NOTE :

0 /10

Le film d’Alex Garland présente un « président à trois mandats » et on ne peut qu’imaginer la peur qui existe chez de nombreux démocrates car, en cas d’élection de Trump, le milliardaire pourrait refuser de se plier à la Constitution qui limite à deux mandats présidentiels  et ne pas quitter le pouvoir. 

À six mois d’un scrutin sous haute tension, le film résonne avec les inquiétudes des Américains surtout qu’un camp a soif de revanche et est largement plus armé que l’autre

Yves Legrand – Le 18 avril 20204

Sources Photos : 

© 2024 A24 & Just Entertainment

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