La malédiction se poursuit

 Assassin’s Creed 

Les adaptions de jeux vidéo au cinéma posent souvent problème et ce ne sont pas les fans des franchises vidéoludiques comme « Mortal Combat », « Tekken », « Street Fighter », « Resident Evil » et les récents très mauvais « Need For Speed » ou encore les décevants « Warcraft » et « Tomb Raider » qui nous feront dire le contraire.

Bref, une inquiétude palpable en voyant arriver la mise en chantier de l’excellente saga « Assassin´s Creed » par Ubisoft.

Des incertitudes fondées car mis à part le premier bon film « Silent Hill » de Christophe Gans (« Le Pacte des loups »), les jeux vidéo se sont tous écrasés en beauté lors de leur transposition vers les salles obscures.

Pourtant malgré ce passé semé d’embûches, l’espoir est permis avec « Assassin´s Creed » dont la réalisation est confiée à Justin Kurzel. Un metteur en scène qui possède un univers visuel esthétiquement travaillé et qui retrouve pour l’occasion son duo fétiche : Michael Fassbender et Marion Cotillard. Un duo de comédiens qu’il a dirigé sur son dernier film « Macbeth ».

Autant dire beaucoup de pression pour le cinéaste qui doit sentir sur lui les regards de millions de fans prêts à l’envoyer au bûché à la moindre trahison de l’œuvre originale.

Comme les assassins qui rôdent dans l’ombre, « Assassin´s Creed » est sorti en cette fin d’année 2016 après un « Star Wars : Rogue One » qui absorbait toute la lumière. Résultat des courses, un énorme flop pour le studio et le film avec des recettes de 240 millions pour un budget de 125 millions de dollars hors marketing.

Une déception logique ?  Éléments de réponse …

Synopsis :

Grâce à une technologie révolutionnaire qui libère la mémoire génétique, Callum Lynch revit les aventures de son ancêtre Aguilar, dans l’Espagne du XVe siècle. Alors que Callum découvre qu’il est issu d’une mystérieuse société secrète, les Assassins, il va assimiler les compétences dont il aura besoin pour affronter, dans le temps présent, une autre redoutable organisation : l’Ordre des Templiers.

Avec « Assassin´s Creed » Justin Kurzel propose une nouvelle vision de la ligue des assassins de Ubisoft. Le cinéaste tente de concilier respect et liberté du matériau de base pour emmener les fans dans un univers qu’ils connaissent, mais tout en y apportant son bagage cinématographique avec une histoire inédite aux jeux d’origines. Si le conflit « Assassins » contre « Templiers » est toujours le fil rouge du récit, le réalisateur livre un scénario qui n’est en rien une transposition exacte des œuvres vidéoludiques.

Il faut reconnaître que le pari est audacieux visuellement parlant car « Assassin´s Creed » fait preuve d’une esthétique superbe pour adaptation de jeux-vidéo, un peu comme Christophe Gans avait réussi à le faire avec le premier « Silent Hill ». Une machine parfaitement huilée pour plaire au public amateur qui le transporte dans un univers léché porté par une mise en scène qui offre par moment des plans vertigineux et très recherchés.

Un film qui bénéficie d’un travail soigné, incarné par des acteurs avec en tête de file Michael Fassbender qui fait de son mieux pour offrir à son personnage une certaine profondeur. Une œuvre bien pensée qui vise à respecter la saga vidéoludique tout en s’émancipant pour toucher le plus grand nombre.

Mais parce qu’il y un gros « mais », le long métrage tombe trop souvent dans le fan service afin de caresser la « fanbase » dans le sens du poil avec tous les éléments clés : Le saut de la foi, la dague secrète, l’aigle, Abstergo, l’Animus … Soit tous les éléments qu’elle appréciait dans les jeux mais qui amoindrissent l’impact et ralentissent considérablement l’intrigue. Cependant s’il n’y avait que ça !  

Oui, « Assassin´s Creed » est par instant fun et dynamique, mais ce serait d’abord oublier ses trente premières minutes interminables faites de flashbacks et autres ellipses qui empêchent le spectateur de se plonger dans un univers qui est pourtant si riche de personnages intéressants qui mériteraient d’avoir des motivations largement plus développées.

Quelques regrets qui illustrent un peu plus le désastre de ce rendez-vous manqué, un montage un peu trop découpé qui empêche totalement l’immersion dans l’Inquisition espagnole et « l’Animus » réduit au rang de vieux bras mécanique, tout comme les origines et les motivations du personnage d’Aguilar qui ne sont absolument pas dévoilées, là où les jeux laissaient du temps à l’installation des personnages ancestraux. On passera outre la bande son oubliable à souhait et les décors et chorégraphies pourtant très beaux mais qui n’intéresse guère la caméra.

« Assassin´s Creed » est un film intéressant tant il respecte la philosophie du matériau d’origine et propose une lecture cinématographique qui possédait un potentiel incroyable. Une œuvre qui propose quelques agréables moments de cinéma et profite d’un travail soigné de reconstitution (décors, costumes), autant que dans sa photographie absolument superbe.

Malheureusement si l’aspect esthétique est au rendez-vous, il se fait au détriment d’un scénario trop faible et pas assez recherché, quand a ses personnages qui errent sans véritable but ni motivation, on a vraiment de la peine pour eux à la vue de la fantastique mythologie inventée par Ubisoft.

Une œuvre qui ne plaira au final à personne ni au plus grand nombre et encore moins aux joueurs… La malédiction se poursuit pour les adaptions de jeux-vidéo au cinéma !

Note : 5,5/10

Julien Legrand – Le 5 septembre   2020

Sources Photos :

  • https://www.imdb.com/title/tt8544498/mediaindex?ref_=tt_mv_close

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