« Dieu aurait pitié, pas Rambo. »

Rambo : First Blood

On retourne à nouveau dans les années 80, après « Die Hard », « Predator » ou encore « Ghostbuster », nous allons parler d’une autre œuvre qui comme les deux excellents longs métrages de McTiernan reste une référence du film d’action.

« Rambo : First Blood » réalisé par Ted Kotcheff et tiré du roman « First Blood » de David Morrell,  est le rôle qui a définitivement installé Stallone au sommet du Box-Office après « Rocky ».

Souvent cantonné dans la rubrique du pur film d’action bourrin, ce premier opus de la saga n’en reste pas moins une œuvre ambigüe, sauvage et politique sur le retour miné des vétérans du Vietnam.

Une œuvre sans temps-mort, qui repose sur un suspense haletant et une tension incroyable. Un film qu’il est temps de découvrir ou de redécouvrir.

Synopsis :

John Rambo est un héros de la Guerre du Vietnam errant de ville en ville à la recherche de ses anciens compagnons d’armes.

Alors qu’il s’apprête à traverser une petite ville pour s’y restaurer, le Shérif Will Teasle l’arrête pour vagabondage. Emprisonné et maltraité par des policiers abusifs, Rambo devient fou furieux et s’enfuit dans les bois après avoir blessé de nombreux agents.

Traqué comme une bête, l’ex-soldat est contraint de tuer un policier en légitime défense. Dès lors, la police locale et la garde nationale déploient des moyens considérables pour retrouver le fugitif. Le Colonel Trautman, son mentor, intervient et essaie de dissuader les deux camps de s’entre-tuer pendant que Rambo, acculé et blessé, rentre en guerre contre les autorités.

Alors en pleine bourre après les succès de sa saga de boxe, Stallone acquiert les droits du roman de David Morrell pour ensuite en réécrire un scénario (dont il modifie les grandes lignes) pour le cinéma. Il envisage d’abord le long métrage comme un film unique et non comme une saga.

Stallone souhaite offrir un vrai spectacle au public, il décide d’assurer toutes ses cascades lui-même (il se casse d’ailleurs trois côtes lors du tournage de la scène avec l’arbre et la falaise), le premier objectif  de sa démarche est d’aborder la situation des vétérans du Vietnam.

Rambo symbolise en effet à lui seul la frustration et l’incompréhension des soldats vétérans de cette guerre, marqués par les horribles stigmates de ce conflit pourri.

Par son scénario, le film tente de montrer leurs difficultés à se réadapter à une vie normale ; des héros de guerre constamment renvoyés à leur statut de perdant par l’Amérique (à la différence des vétérans de la guerre de Corée).

« Rambo : First Blood » est une œuvre qui possède ce côté noble et réfléchie, elle se questionne sur son époque tout en offrant une histoire haletante.

À travers le retour au pays de ce pauvre soldat déboussolé, traumatisé et persécuté par la police locale, qui est obligé de prendre la fuite pour se défendre, Rambo s’impose comme le film de la remise en question, du malaise américain sur une guerre perdue et critiquée.

La tonalité de « Rambo » est ainsi très mélancolique. Le vétéran s’aperçoit vite que le monde souhaite oublier le conflit pour lequel il a presque donné sa vie et pour lequel ses amis ont péri, sur place, ou chez eux, peu après leur retour, rattrapés par les dommages collatéraux. Le personnage du Shérif, brillamment incarné par Brian Dennehy, en est le plus bel exemple.

C’est là qu’intervient l’autre personnage phare de l’univers Rambo, à savoir le Colonel Trautman interprété par Richard Crenna. Il est appelé à la rescousse par la police en sa qualité d’ancien supérieur hiérarchique du vétéran car les forces de l’ordre ne s’en sortent plus. Trautman est celui qui dessine le plus clairement le personnage de Rambo, il nous apprend des choses sur son passé et montre également que tout le monde ne le déteste pas pour ce qu’il a fait au Vietnam.

Le Colonel n’est pas seulement une figure d’autorité pour montrer la puissance et la véritable machine qu’est Rambo, il est aussi le détenteur de plusieurs phrases cultes qui ont clairement marquées la saga.

« Vous ne voulez pas accepter le fait que vous êtes en face d’un expert dans la guerre d’embuscade. D’un homme qui est le meilleur au fusil, au couteau ou à mains nues. Un homme qui a appris à ignorer toutes les souffrances. À ignorer le temps ! À vivre sur le terrain, à manger des choses qui feraient vomir un bouc ! Au Vietnam sa mission était de faire ce qu’il voulait de l’ennemi, de tuer ! Quoiqu’il arrive ! De gagner par l’usure ! Pour ça Rambo était le meilleur. » ou encore « Je ne suis pas venu sauver Rambo de la police. Je suis venu vous sauver de Rambo », soit deux répliques qui trouveront dans les épisodes suivants, des échos plus ou moins comiques, qui sonnent ici comme des avertissements sans équivoque.

Forcément, le concept rentre dans le cahier des charges du survival comme « Predator » ou « Die Hard » (« Rambo » reste lui aussi un modèle du genre) et colle la chair de poule. Efficace, relativement court, le métrage de Kotcheff ne perd pas son temps en digressions. Des films comme « Voyage au bout de l’enfer » ou « Outrages », qui traite de la même problématique, l’ont déjà fait brillamment par le passé. « Rambo » explore une autre facette d’un sujet polémique, la question sur le malaise intérieur des vétérans, ce qui maintient « Rambo » au niveau des grands films qui ont discuté la politique américaine au Vietnam.

À l’écran, où tout vole en éclat, comme nos émotions grâce au monologue légendaire du personnage principal. Celui-ci est d’ailleurs largement considéré comme étant l’un des plus vibrants et déchirants monologues de l’histoire du cinéma. Cette déclaration du personnage de Stallone à la fin du long métrage, porte en son sein toute l’essence du problème.

« Rambo : First Blood » est un grand moment de cinéma qui se conclut dans les larmes, la sueur et le sang. Un film d’action, de guérilla, un drame intimiste, un survival, une réflexion pertinente… Ce film est un peu de tout ça, mais il installa définitivement Stallone au rang d’icône grâce à sa remarquable interprétation.

 Note : 8,5/10

 Julien Legrand – Le 3 février 2019

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