Vision nouvelle d’un chef d’œuvre intemporel

The Personal History of David Copperfield

Enfin nous arrive « The Personal History of David Copperfield » du réalisateur écossais Armando Iannucci déjà lauréat d’un Magritte et d’un European film award pour « La mort de Staline » qui fut présenté au festival de Toronto en septembre 2019.

Nous ne vous divulgâcherons pas un sujet déjà bien connu mais nous vous engageons si vous ne vous êtes jamais plongés dans l’œuvre de Dickens à aller voir cette version XXIème siècle de David Copperfield, la première depuis 50 ans.

Synopsis :

David Copperfield relate SA vie de sa naissance à aujourd’hui. David, qui a un début de vie idyllique, part rendre visite à la famille de sa nounou Peggoty (Daisy May Cooper) dans leur maison-bateau à Yarmouth. À son retour, sa mère Clara, jeune veuve, (Morfydd Clark) a épousé le cruel et sinistre Monsieur Murdstone (Darren Boyd), qui va rudoyer et brimer le garçon. Maltraité David Copperfield (Dev Patel) va devoir travailler dans l’usine que possède Murdstone. Il est logé chez Monsieur Micawber (Peter Capaldi), un homme constamment harcelé par ses créanciers. Informé du décès de sa mère, David abandonne sa vie d’esclave et part rejoindre sa seule parente, la riche tante Betsey Trotwood (Tilda Swinton) et l’excentrique M. Dick (Hugh Laurie) son locataire. Sa tante décide de l’éduquer dans un collège où il rencontre des problèmes avec un certain James Steerforth (Aneurin Barnard). Il y fréquente aussi Uriah Heep (Ben Whishaw), un bien étrange personnage…

L’œuvre de Charles Dickens a inspiré nombre de réalisateurs puisque pas moins de 7 films muets ont été réalisés. En 1935, David O. Selznick produit pour la MGM un « David Copperfield » très réussi, réalisé par George Cukor, avec Freddie Bartholomew en David enfant, Edna May Oliver en Tante Betsey, W. C. Fields en Micawber, Basil Rathbone en Murdstone et Maureen O’Sullivan en Dora. Autre mise en scène en 1969 pour la 20th Century Fox de Delbert Mann, avec Edith Evans en Tante Betsey, Susan Hampshire en Agnes, Laurence Olivier en Mr Creakle, Michael Redgrave en Daniel Peggotty. La BBC n’est pas en reste puisqu’elle proposa une nouvelle version quasi tous les dix ans de 1956 à 1986. La dernière date de 1999 réalisée par Simon Curtis avec le tout jeune Daniel Radcliffe dans le rôle-titre.

Armando Iannucci et Simon Blackwell cosignent le scenario de cette nouvelle adaptation. Dev Patel Lion ») incarne le héros et narrateur. Il est un David Copperfield sans malice, naïf, mais confiant bien que souffrant encore de la cruauté des adultes qu’il a connue dans son enfance. Charles Dickens le décrit comme sympathique, idéaliste et impulsif mais il est loin d’être parfait, tantôt snob, tantôt méprisant avec les gens d’un rang social inférieur. Cette description a été modernisée dans cette nouvelle version où le choix d’acteurs indiens, noirs, asiatiques ou métis confère à cette joyeuse tour de Babel une ambiance assez différente de la vision qu’avait certainement Dickens de la société de l’époque Victorienne.

Tilda Swinton (« L’étrange histoire de Benjamin Button », « We need to talk about Kevin ») campe avec sobriété la « bonne » tante de David (en fait, sa grand-tante), le double opposé de l’égoïste Miss Jane Murdstone (la surprenante Gwendoline Christie de « Star Wars » et « Game of Thrones »). Quant à Hugh Laurie (« Dr House »), il incarne avec jubilation, l’excentrique M. Dick son locataire. Une mention aussi pour Jairaj Varsani qui personnifie David Copperfield jeune.

De l’enfance douloureuse aux erreurs de jugement en passant par le dénouement un brin idéalisé, le réalisateur tisse une mise en scène poétique, haute en couleurs, magnifiée par de superbes décors et costumes. Beaucoup d’acteurs britanniques se sont investis dans des rôles parfois mineurs mais ô combien utiles au bon déroulement du récit.

On parle d’un Dickens comme d’un Zola ou d’un Balzac, un discours parfois redondant sur les travers de l’âme humaine mais cette nouvelle version drôle et charmante, prouve, s’il fallait en douter, que certains classiques sont intemporels.

Note : 6,5/10

Yves Legrand – Le 7 septembre 2020

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