L’enfer c’est les autres.

Us

Nous avions aimé « Get Out », première réalisation de Jordan Peele, un film malin qui jouait subtilement sur son sens du rythme et son humour noir. Un succès surprenant au Box-Office mondial avec plus de 255 millions de dollars rapportés pour un budget minuscule de 4 malheureux millions et un oscar du « meilleur scénario original » en prime. Rien que ça ! Une véritable prouesse qui avait clairement fait découvrir le jeune cinéaste aux yeux de tous. Nous étions impatients de découvrir ce second opus intitulé « Us ».

Le jeune réalisateur attendu au tournant signe-t-il une nouvelle surprise horrifique ?

Synopsis :

Une famille noire de la classe moyenne composée de Gabe (Winston Duke déjà vu dans « Avengers Infinity War ») et Adélaïde (Lupita Nyong’o déjà présente dans « Star Wars VII » et « VIII », « Black Panther » et oscarisée pour « Twelve Years a Slave ») et leurs deux enfants viennent occuper une demeure de vacances héritée d’une parente près de la ville californienne de Santa Cruz où encore enfant, Adélaïde, avait vécu une expérience traumatisante qui l’avait laissée un temps mutique…

Oscarisé et multi primé pour son premier film en 2017, le réalisateur poursuit dans le film de genre avec « Us » que nous qualifierons de thriller fantastique plutôt que de film d’horreur. Le cinéaste brasse tout son patrimoine cinématographique (de Richard Matheson en passant par « La Quatrième Dimension ») pour nous compter une histoire sur la thématique du sosie ou du double. « Us » installe une ambiance forte et angoissante pour imprégner son spectateur dans une mythologie horrifique avant de le plonger dans un thriller d’épouvante surréaliste.

Ce qui séduit immédiatement c’est la qualité de la réalisation ; Peele a un talent incontestable pour la mise en scène et nous exposer son propre enfer ; il y a du Kubrick chez lui particulièrement dans les prises de vue  des couloirs (importants dans le film et qui rappellent ceux de « Shining »), du Carpenter également dans l’alternance qu’il installe entre les moments d’humour au plus fort des scènes de tension extrême et du Craven pour l’animalité chirurgicale de ses slashers.

Sans trop dévoiler l’intrigue, force est de reconnaître le talent du réalisateur et de son chef-opérateur Mike Gioulakis pour installer une tension palpable allant crescendo durant les deux heures de ce drame rapidement transformé en mission de survie pour toute une famille déboussolée.

Peele a encore progressé, il a franchi un cap et obtenu d’Universal des moyens appropriés pour réaliser un film à sa mesure tout en poursuivant une satire grinçante d’une Amérique entièrement tournée vers le chacun pour soi alors que le « nous » devrait prévaloir en ces temps difficiles. D’ailleurs le « nous » pourrait-il l’emporter ?

D’une grande maturité pour un second long métrage et très réussi dans le genre « Us » plaira aux inconditionnels et aux nostalgiques de John Carpenter et Wes Craven.

On se prend même à rêver de ce que Peele pourrait nous offrir dans les prochaines années sur d’autres sujets ou d’autres thèmes. Une mention aussi pour Lupita Nyong’o qui retrouve un rôle aux multiples facettes qui démontre une nouvelle fois toute l’étendue de son talent.

Note : 8/10

Yves Legrand – Le 19 mars 2019

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