Portrait Robert De Niro : L’acteur affranchi
Robert De Niro est un comédien au talent hors norme, ses plus grands rôles sont le fruit d’intenses préparations. Portrait d’un monstre sacré du cinéma.
Man(n) on fire
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Nous l’avons déjà dit mais comme nous vieillissons, nous nous répétons, sur ScreenTune nous sommes des fans de Michael Mann. Le cinéaste a su insuffler tout au long de sa filmographie une puissance stylistique et plastique tout bonnement impressionnante. Ce qui n’est pas à la portée de tout le monde bien entendu. Et même s’il se fait rare au cinéma, replongeons ensemble dans l’un, si ce n’est son plus grand film, le cultissime « Heat » qui fête ses 25 ans aujourd’hui.
En 1995, juste après le très bon et sous-estimé « Le dernier des Mohicans » avec Daniel Day-Lewis, Michael Mann va réunir deux monstres du cinéma, Al Pacino et Robert De Niro, dans un polar urbain exceptionnel filmé de main de maître.
Retour sur une référence du genre et la Madeleine de Proust d’un cinéaste ô combien magnifique.
Synopsis
Neil McCauley, cambrioleur de génie, et son équipe de gangster, attaquent un fourgon blindé en plein Los Angeles. L’assaut tourne au bain de sang, lorsque les trois gardes du fourgon sont tués à bout portant. L’enquête est confiée à l’inspecteur Vincent Hanna. Lieutenant de police rusé et obsédé par son métier, Hanna se lance sur les traces du gang, une chasse à l’homme commence…
On ne va pas le nier, pour nous, « Heat » est tout simplement un des plus grands polars jamais réalisés. A sa sortie en 1995, l’argument publicitaire de l’œuvre de Michael Mann se focalisait sur la rencontre entre Al Pacino et Robert De Niro. Il est vrai que les deux acteurs oscarisés n’ont fait que se croiser sur le plateau du fantastique « Parrain II » de Coppola.
Une confrontation de rêve entre deux comédiens qui côtoient les sommets depuis presque trente ans, deux mastodontes du métier aux parcours assez similaires.
Pourtant si le succès du film leur doit beaucoup, il faut surtout remarquer que 25 ans plus tard, le polar de Michael Mann n’a toujours pas pris une ride et se regarde avec toujours autant d’admiration. Une épopée criminelle de trois heures, sorte de lettre d’amour/haine à la ville de Los Angeles, une vision balzacienne cinglante d’une société corrompue de fond en comble, et une vision d’un monde triste et violent où se confrontent les armées du crime et de la loi.
« Heat » c’est donc l’histoire d’un face à face iconique entre deux monstres sacrés du cinéma. Le premier, Robert De Niro dans la peau d’un chef glacial, rationnel, brillant et psychotique d’une bande de braqueurs avec un jeu tout en puissance. Le second, Al Pacino dans celle d’un lieutenant de police, chasseur acharné, sujet à des éclats d’émotions lourdes, possédant un sixième sens pour dénicher sa proie en nous offrant ses grandes mimiques cultes. Deux comédiens qui se livrent une lutte à distance et voient leurs vies privées et professionnelles se lier inéluctablement.
Un duel entre les deux acteurs qui n’intervient qu’au bout d’une heure de film et dont la durée n’excède pas dix minutes mais qui est resté culte. Ce qui rend cette scène encore plus mythique est qu’elle n’a jamais eu lieu physiquement, les deux acteurs ne s’étant pas croisés sur le tournage du film. Techniquement, Michael Mann a utilisé deux caméras de manière simultanée en champ/contrechamp. Al Pacino et Robert De Niro apparaissent donc tour à tour à l’écran, mais jamais en même temps.
Pour réaliser « Heat », le cinéaste du « Sixième Sens » va se baser sur un téléfilm qu’il a lui-même réaliser en 1989, « LA. Takedown », un programme presque passé inaperçu du grand public qui comporte pourtant déjà toute l’essence et le charme urbain du duel entre De Niro et Pacino.
Un téléfilm qui sert, on peut le dire, de répétition ou de brouillon à Michael Mann, une œuvre quelque peu bancale et constellée de nombreux défauts qui seront aisément gommés dans une version 1995 peaufinée à souhait.
Dans « Heat », chaque mot, chaque image et chaque geste a du sens et une référence bien précise, un souci du détail qui le rend d’autant plus incroyable. Une œuvre qui parle de marginaux broyés par un système qui ne souhaite pas les intégrer et les oblige à s’éloigner du chemin de la rédemption. Michael Mann fait s’affronter ces deux univers diamétralement opposés par le talent de sa mise en scène et le jeu de ses comédiens et ça, c’est déjà une prouesse.
Deux mondes qui participent aux motivations et à la personnalité des deux personnages principaux, l’un dont le mariage bat de l’aile et l’autre, braqueur souhaitant se ranger et filer à l’anglaise.
Michael Mann déconstruit et décortique à l’aide d’une caméra virevoltante la vie des protagonistes tout en mettant à nu leurs états d’âme. Oppressés par le système, les personnages dévoilent à l’écran toute leur humanité malgré la violence qui guide leurs actes.
Finalement quand on regarde le scénario de « Heat », celui-ci peut tenir sur un timbre. De méchants braqueurs poursuivis par un inspecteur borderline et teigneux. Les acteurs sont tous excellents et poussent déjà le long métrage dans le haut du panier du genre mais ce qui le transforme en référence et film de légende c’est bien la mise en scène de Mann.
Très peu de metteurs en scène peuvent se targuer d’avoir transformé la ville de Los Angeles en personnage à part entière. Sous la caméra de Mann, la cité des anges semble vivante, mouvante et respirer au rythme de l’intrigue et de l’action de ses personnages. Grâce à un sens inné du cadrage, le cinéaste de « Miami Vice » joue avec l’image comme un enfant agitant un cerf-volant. Plan large, plan d’ensemble, plongée, contre-plongée, Michael Mann décortique sous tous les angles la ville californienne avec une telle aisance et une telle profondeur que cela soit de jour ou comme de nuit enjolivée d’une bande son enivrante comme toujours chez lui. Élément que l’on retrouvera également dans le génial « Collateral » en 2004.
Finalement que dire encore sur « Heat », si ce n’est que si vous mettez de grands acteurs dans un scénario plus fouillé qu’il n’y paraît avec un grand réalisateur visionnaire aux commandes, alors vous obtenez tout simplement un chef d’œuvre.
« Heat » est une œuvre qui offre au public une confrontation de rêve entre deux icônes du Septième Art orchestrée par un metteur en scène virtuose. L’un des plus grands films policiers de l’histoire du cinéma qui n’a pas pris une ride et reste un vrai plaisir de cinéphile même 25 ans plus tard.
Un diamant de la plus belle eau !
Julien Legrand – Le 6 décembre 2020
Sources Photos :
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Notre critique ne déterra pas la hache de guerre face à autant de talent (et d’oscars) !
En 2006, Michael Mann prouvait qu’il adorait ressasser le passé en adaptant sur grand écran sa célèbre série télévisée (il était producteur exécutif) des années 80, « Miami Vice ».
La critique de ce polar crépusculaire et stylistique parfaitement maitrisé.
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