Divorce à l’anglaise

Hope Gap

Présenté au festival international de Toronto, « Hope Gap » nous présente Edward (Bill Nighy) et Grace (Annette Bening). Ils incarnent ce que sont devenus tous les couples seniors britanniques.

Elle est excentrique, récite de la poésie lorsqu’elle ne parle pas de tout ce qui peut lui passer par la tête ; il est calme, c’est lui qui prépare chaque jour le thé et il est content de faire tout ce qui pourrait lui plaire. Sauf que… il lui annonce qu’il la quitte…

Synopsis :

L’histoire intime, intense et affectueux de HOPE GAP retrace la vie de Grace, choquée d’apprendre que son mari la quitte pour une autre après 29 ans de mariage. Nous suivons les conséquences émotionnelles que cette décision a sur leur vie et celle de leur fils Jamie. À travers des étapes de choc, d’incrédulité et de colère, tout le monde essaie de suivre un nouveau chemin … le chemin de l’espoir.

Il s’agit seulement du second film sur la déliquescence d’un couple  après le très confidentiel « 45 ans »  et  si le sujet profond et grave interpelle car il s’agit d’un âge où il est difficile de se reconstruire un nouvel avenir. L’auteur et réalisateur William Nicholson a décidé de filmer  « Hope Gap » de manière lente et étouffante aérant la tension palpable par de jolies promenades le long des falaises d’albâtre de la côte anglaise.

Librement adapté de sa pièce de théâtre « La retraite de Moscou ». Le titre s’inspirant de l’invasion de la Russie coûteuse pour les troupes de Napoléon et de la désastreuse retraite qui a suivi. Annette Benning (trop rare au cinéma) nous rappelle combien elle peut être une actrice éblouissante et habitée, à fortiori lorsqu’elle dispose en contre point d’un Billy Nighy  tout en retenue, silence et contrition.

Un film très britannique presque Shakespearien tant il est dans le lyrique et le ressenti, mais terriblement efficace grâce au face à face incroyable de deux acteurs qui semblent s’être glissés avec délectation dans les pantoufles de leur personnage. Un film sur le couple qui se quitte mais aussi un film sur la famille car le fils (Josh O’Connor) qu’on ne voyait plus, revient petit à petit à Seaford prendre une place entre ses deux parents égarés.

Vous donner un sentiment sur ce film sans vous en dévoiler les tenants et les aboutissants n’est pas aisé. Aussi nous pouvons vous encourager à le voir si vous aimez les couples à la dérive, l’humour anglais dans ce qu’il a de plus subtil et les tirades Shakespeariennes dans leurs sublimes envolées.

Si votre soirée cinéma est un premier rendez-vous ou un bon moment entre amis alors passez votre chemin, « Hope Gap » est un film d’acteurs à apprécier avec modération, muni d’un verre de brandy et d’un gros paquet de Kleenex au coin du feu.

Note : 6,5/10

Yves Legrand – Le 9 mars 2020

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