La voix de la Justice

Imma Tataranni, Substitut du procureur 

Imma Tataranni, substitut(e) du procureur de Matera, est une femme haute en couleurs. Avec ses méthodes peu orthodoxes et son caractère bien trempé, elle ne recule devant rien pour résoudre les affaires qui lui sont confiées. Epaulée par le séduisant Ippazio Calogiuri, ses enquêtes la mèneront par-delà la région de Basilicate.

Critique « Imma Tataranni, Substitut du procureur » (2019) : La voix de la Justice - ScreenTune
© Copyright 2019 ITV Movie et Rai Fiction

Synopsis

Tout débute quand Immacolata « Imma » Tataranni, la substitut du procureur de Matera passe ses vacances en famille à Metaponto en compagnie de quelques collègues et amis. Elle aperçoit un doigt coupé dériver parmi les vagues en bordure du rivage. Elle en avertit aussitôt le nouveau procureur Vitali mais celui-ci la prend pour une agitée dont on lui a vanté le caractère franc-tireur…

Encore une série transalpine, me direz-vous? Pourtant à la différence de « Gomorra » « L’Amie Prodigieuse », Imma Tataranni se distingue par son mélange subtil de suspense et d’humour grâce au talent de son actrice principale remarquablement incarnée par Vanessa Scalera (lauréate du Prix Flaiano pour son interprétation). À l’origine, Imma est l’héroïne de romans issus de l’imagination de l’écrivaine et scénariste italienne Mariolina Venezia, le premier « Mort en Basilicate » paraît en 2009.

Mais on peut s’interroger quant à savoir si le vrai héros de la série ne serait pas le lieu de l’action ? Matera ! Même si vous retrouverez bientôt la ville et un de ses ponts dans le prochain James Bond. Matera et sa région sont bien au centre de « Imma Tataranni ». Située dans le talon de la « botte » (la Lucanie est au carrefour des Murges, de la Basilicate et des Pouilles), la ville est célèbre pour ses routes sinueuses, ses paysages pittoresques et surtout pour ses « sassi » des habitations troglodytes vieilles pour certaines de 5000 ans. Déclarée au patrimoine mondial de l’UNESCO en 1993 et choisie en 2019 comme capitale européenne de la culture, Matera est l’une des plus anciennes villes habitées de la planète et, probablement, l’une des plus incroyables sur le plan architectural et géographique. Matera et Potenza les deux provinces qui composent la région de la Basilicate volent parfois la vedette à la série notamment dans des images aériennes à couper le souffle.

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Comme beaucoup de femmes modernes, à l’image des deux héroïnes d la série « femmes de loi » Imma Tataranni (Vanessa Scalera) jongle entre vie de famille et carrière professionnelle. Mariée à Pietro De Ruggeri (Massimiliano Gallo), mari compréhensif quoiqu’un peu mou qui tente parfois maladroitement d’apaiser le stress qu’engendre les enquêtes de sa femme. La série s’amuse aussi à évoquer ses préoccupations de femme dans la quarantaine, entre fantasmes (résumées dans quelques scènes particulièrement cocasses) pour son jeune collègue Ippazio (Alessio Lapice), et ses difficultés à répondre aux questionnements de sa fille Valentina (Alice Azzariti), une adolescente a la sexualité hésitante. Quant à sa vie de famille, elle vaut le détour. Sa maman souffre d’Alzheimer, sa belle-mère envahissante lui fait souvent sentir qu’elle n’est pas issue de leur milieu et son Pietro semble avoir flashé sur sa prof de clarinette.

Nous rangerons la série dans la catégorie « comédies policières » tant elle tourne parfois à la « commedia dell’ arte » de manière amusante et complètement assumée. Ce sont des italiens du sud, visiblement charmeurs et forts en gueule. Imma parle volontiers avec les mains et se distingue aussi par des tenues vestimentaires hautes en couleurs et pas toujours du meilleur goût à l’image des tenues de Chloé Saint-Laurent (Odile Vuillemin) dans « Profilage » quant à son caractère il ne manque ni d’humour ni de malice, ce qui la rend   particulièrement attachante.

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D’autres personnages tout aussi intéressants complètent la distribution ; de Diana, une copine de lycée devenue sa larmoyante assistante empêtrée dans sa relation avec un mari volage ; son patron, Alessandro Vitali, le procureur prompt à jouer les Ponce Pilate ; et Saverio Romaniello un homme d’affaires manœuvrant en coulisses (Cesare Bocci, alias Mimi Augello dans « Montalbano »). Des personnages psychologiquement bien dessinés et qui apportent chacun une petite pierre à une ambiance très bien construite.

Bien sûr, Imma Tataranni reste une série policière (riche de très belles et intéressantes intrigues) où la substitut(e) enquête sur des meurtres quelques fois sordides en lien soit avec la mafia visiblement bien implantée dans la région soit avec des criminels en col blanc. L’histoire débute avec ce doigt coupé qui flotte en mer. Une jambe et un bras seront également découverts quelques jours plus tard et l’enquête commence… Elle sera haletante. Forte d’un immédiat succès d’audience en Italie, la série a été reconduite pour une seconde saison quelques jours après la conclusion du dernier épisode.

Digne héritière du célèbre commissaire Salvatore Montalbano, cette adaptation scénarisée par son auteur nous emmène à la découverte d’une région magnifique et injustement méconnue.

Portée par une actrice devenue indissociable de son personnage, une « forte tête » exubérante, incorruptible et confiante en la force de la justice ; Imma est un portrait de femme inspiré et très bien interprété. Une série typiquement italienne mais tellement rafraîchissante qu’on lui pardonne certaines imperfections pour se laisser hypnotiser par les beautés et les richesses archéologiques de Matera.

Une série qui plaira au plus grand nombre mais qui parlera plus aux 30/50 ans.

Visible seulement sur Polar+ en espérant qu’elle sera bientôt diffusée ailleurs

Note : 8/10

Yves Legrand– Le 12 décembre 2020

Sources Photos :

  • © Copyright 2019 ITV Movie et Rai Fiction

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