Fuis-moi je te suis, suis-moi je te fuis !

It Follows

On peut vraiment dire que dans le monde du cinéma indépendant David Robert Mitchell s’est taillé une solide réputation. Avec son premier film, « The Myth of the American Sleepover », passé un peu inaperçu chez nous, le cinéaste alors à peine âgé de 36 ans avait su imposer une sacrée patte stylistique. Son second long-métrage « It Follows » ne nous fera pas mentir offrant aux spectateurs un drame horrifique intelligent, pesant et cruel.  

Préparez-vous à vivre un cauchemar envoûtant !

Critique « It Follows » (2014) : Fuis-moi je te suis, suis-moi je te fuis ! - ScreenTune
© 2014 Metrpolitan Films - RADiUS/TWC

Synopsis :

Pour Jay, âgée de 19 ans, la rentrée devait être synonyme de cours à la fac, de rencontres avec des garçons et de week-ends passés au bord du lac. Mais après un rapport sexuel d’apparence anodine, elle se retrouve hantée par d’étranges visions et par le sentiment inexorable d’être suivie par une présence. Abasourdies, Jay et ses amies doivent désormais trouver le moyen de fuir cette menace terrifiante qui semble les rattraper…

Jolie sensation et belle surprise lors de sa présentation en 2015 au Festival de Deauville, « It Follows » en est même reparti avec le Prix de la Critique en poche après avoir été l’une des sorties insolites au Festival de Cannes.

Pourquoi « It Follows » subjugue-t-il autant ?

Critique « It Follows » (2014) : Fuis-moi je te suis, suis-moi je te fuis ! - ScreenTune
© 2014 Metrpolitan Films - RADiUS/TWC

David Robert Mitchell offre une sublime claque horrifique à la tension constante autant pour sa qualité visuelle que pour son scénario surprenant. En nous imposant une atmosphère pesante avec ce regard pertinent sur l’adolescence et ces années où le corps se métamorphosent pour entrer dans l’âge adulte exacerbé par une sexualité débridée qui expose à une malédiction sexuelle personnifiée par un monstre affamé.

Dans cette période de perpétuels changements, tous les regards sont braqués sur nos comportements et nos émotions, premier coup de génie de mise en scène de David Robert Mitchell, qui recentre le cadre de sa caméra sur Jay, personnage principal, pour ne jamais la lâcher.

Une prise de position évidente qui resserre le point de vue et la réalisation de façon diabolique pour impliquer le spectateur tout comme son personnage principal à rechercher sans cesse de l’entité maléfique qui nous pourchasse.

Critique « It Follows » (2014) : Fuis-moi je te suis, suis-moi je te fuis ! - ScreenTune
© 2014 Metrpolitan Films - RADiUS/TWC

Chaque plan de « It Follows » devient une inexorable attente attente du danger, chaque image, chaque regard ou décor est donc un tremplin lancinant vers l’angoisse. Le monstre est là, il guette, il regarde, hors du cadre ou juste caché dans le plan, là où nul ne peut le voir !

Par ces procédés de mises en scène, « It Follows » est donc une superbe réussite artistique. Une œuvre que n’aurait certainement pas reniée un certain John Carpenter, tant le second film de David Robert Mitchell reprend certains éléments clés d’œuvres comme « The Thing » ou emprunte des sonorités à « Halloween : la Nuit des Masques » mais aussi en rendant hommage aux œuvres de Tourneur.

Critique « It Follows » (2014) : Fuis-moi je te suis, suis-moi je te fuis ! - ScreenTune
© 2014 Metrpolitan Films - RADiUS/TWC

« It Follows » va même encore plus loin en dénonçant la violence et le viol pour ne pas s’orienter vers le puritanisme comme on pourrait le penser avec cette malédiction sexuellement transmissible.

Au contraire, David Robert Mitchell dénonce cette sexualité de plus en plus affamée, voire vorace qui se décuple aux contacts des autres. Les victimes deviennent à leur tour bourreaux pour échapper à cette malédiction qui prend l’apparence de souvenirs vécus. Cette jeunesse perdue n’est donc pas à l’abri d’un retour monstrueux des cicatrices du passé.

Critique « It Follows » (2014) : Fuis-moi je te suis, suis-moi je te fuis ! - ScreenTune
© 2014 Metrpolitan Films - RADiUS/TWC

Avec « It Follows », David Robert Mitchell signe un second long-métrage terrifiant, étrange et choquant !

Une pépite horrifique envoûtante, superbement mise en scène accompagnée d’une BO réussie qui rend parfaitement hommage au genre.

Porté par une ambiance mélancolique féroce, affamée et angoissante, « It Follows » est certainement l’une des œuvres à l’atmosphère la plus soignée jamais vue dans les années 2000.

NOTE :

0 /10

1 point en moins pour le rythme car oui le film prend son temps, longtemps… si vous n’êtes pas à l’aise avec l’installation du contexte et une certaine contemplation. Un autre point en moins pour les acteurs, parfois agaçant mais encore une fois, c’est un choix artistique délibéré.

Julien Legrand – Le 2 novembre 2022

Sources Photos : 

© 2014 Metrpolitan Films – RADiUS/TWC

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