Critique de « Simetierre » (2019) : Promenons-nous dans les bois
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Polanski en quête de réponses.
Roman Polanski est un cinéaste à la filmographie aussi riche qu’incomprise, certes on pourra lui reprocher quelques accidents de parcours comme son dernier film présenté à Cannes en 2017, « D’après une histoire vraie » mais force est de constater que le metteur en scène du « Pianiste », de « The Ghost Writer », « Frantic » et « Chinatown » est l’un des plus grands artisans du Septième Art.
Deux ans après sa désastreuse expérience cannoise, le réalisateur revient avec « J’accuse », du nom de la célèbre lettre d’Emile Zola adressée au Gouvernement de l’époque via le journal « L’Aurore » et présenté à la dernière Mostra de Venise lors de laquelle il remporte le « Grand Prix » du Jury.
Une œuvre portée par l’excellent Jean Dujardin et qui revient sur l’une des plus grandes erreurs judiciaires de l’Histoire française, l’affaire Alfred Dreyfus et adaptée d’un roman de Robert Harris.
Un récit fort, capable de redorer le lustre d’antan du cinéaste franco-polonais ?
Synopsis :
En 1894, le capitaine Alfred Dreyfus, officier français de confession juive, est condamné à la déportation à vie pour avoir fourni des documents secrets aux Allemands. Pendant 12 ans, cette « affaire » déchire la France de la Troisième République et provoque un scandale dans le monde entier. Le commandant Marie-Georges Picquart, promu chef du Deuxième Bureau, découvre que le commandant Ferdinand Walsin Esterhazy espionne pour l’Allemagne et que son propre adjoint, Hubert Henry, sait que le vrai coupable de la trahison est Esterhazy, surnommé Dubois.
Dans son nouveau film, Polanski a d’abord la très bonne idée, tout comme dans le roman, de non pas se focaliser sur la vision de l’affaire du point de vue d’Alfred Dreyfus mais par l’intermédiaire de la quête de vérité du colonel Picquart (Jean Dujardin). Celui-ci, ancien instructeur du futur accusé à l’école militaire, devenu chef du renseignement va découvrir que Dreyfus a été accusé à tort de haute trahison. De quoi lancer un récit aux multiples ressorts et manipulations. Le début d’une enquête judiciaire dans laquelle le cinéaste de « Rosemary’s Baby » va habilement nous plonger grâce à ses vrais talents de narration.
Dès son ouverture oppressante, à la symbolique puissante et soutenue par une reconstitution méticuleuse des faits, Polanski immerge son spectateur dans cette affaire qui a bouleversée la France entière. Le cinéaste ne se contente pas d’offrir une description intelligente des évènements, il leur insuffle un véritable enjeu politique en plus de les transformer en vrai thriller d’espionnage. Une idée à la fois ludique et divertissante qui dépeint parfaitement la situation politique et militaire de l’époque.
Le long-métrage se transforme ainsi en quête de justice, de vérité et de dignité tout en décrivant un paysage corrompu par le mensonge et les préjugés. Une nouvelle vision à la fois horrifiante et passionnante dans laquelle le metteur en scène déroule un film captivant, parfois trop classique mais également solide de par son approche humaine d’une grande profondeur. Entre un homme obsédé par une haute opinion de la justice et un Dreyfus assez antipathique bien qu’éminemment innocent (incarné par un Louis Garrel transformé et austère), « J’accuse » est un bon film qui prouve que Polanski n’a rien perdu de son talent.
Malheureusement, si on devait lui trouver quelques défauts, le dernier long-métrage du cinéaste polonais s’attarde trop sur quelques dialogues superflus et une longueur qui pourrait en décontenancer plus d’un. Jean Dujardin livre pourtant une remarquable prestation mais peine cependant à faire décoller le film vers de belles envolées dramatiques. Malgré les rebondissements de l’enquête, le récit semble par moment tourner en rond et avancer sur un rythme qui ne lui rend pas service.
C’est bien dommage car avec plus d’enjeux dramatiques, « J’accuse » aurait pu être un très grand film sur les défauts de la Justice mais Polanski a la mauvaise idée d’y ajouter des comparaisons sur sa propre persécution empêchant pleinement le spectateur de s’impliquer émotionnellement dans cette enquête passionnante.
Avec « J’accuse », le cinéaste offre un thriller d’espionnage solide porté par une reconstitution méticuleuse et soutenu par la brillante performance de Jean Dujardin. Le film méritait-il pourtant sa récompense à Venise ? Pas totalement au vu de son absence d’envolée dramatique et de son rythme bancal qui empêchera le spectateur de s’y engager pleinement.
Un effort cinématographique qui réconcilie pourtant le cinéaste de 86 ans avec une partie de son public, pour un vrai grand film, on repassera.
Note : 7/10
Julien Legrand – Le 11 novembre 2019
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