Tue-moi si tu peux !

Killing Eve - Les 4 saisons

ScreenTune revient sur les quatre saisons non pas de Vivaldi mais de « Killing Eve » ? Une série à la fois prenante, féministe, pleine d’humour (anglais ?) qui revisite complètement le thriller psychologique. L’originalité est aussi dans le titre puisqu’on connaît déjà l’objectif de l’assassin qui répond au doux nom de Villanelle !

Notre avis suit à pas très feutrés l’inventive tueuse psychopathe dans sa quête ultime…Tuer Eve !

Critique « Killing Eve » - Les 4 saisons (2018 - 2022) : Tue-moi si tu peux ! - ScreenTune
© 2022 BBC America

Synopsis :

Eve Polastri, agente du MI5, s’ennuie dans le travail de bureau auquel elle est confinée, à mille lieues des fantasmes d’agent secret qu’elle nourrissait en croyant devenir espionne. Villanelle est une tueuse. Brillante elle aussi, elle apprécie le train de vie luxueux que lui permet le drôle de métier qu’elle s’est choisi. Eve reçoit enfin sa chance ; elle est chargée d’enquêter et de mettre la main sur Villanelle, l’assassine psychopathe… Petit à petit les deux femmes vont commencer à être obsédées l’une par l’autre. En faisant s’affronter deux femmes diablement intelligentes, doublement obsédées l’une par l’autre et inversement, Killing Eve bouleverse durablement les codes classiques du thriller avec sa version contemporaine et féroce du jeu du chat et de la souris.

Série américano-britannique composée de 32 épisodes (de 42 minutes), « Killing Eve » est une adaptation de la série littéraire « Codename Villanelle » de Luke Jennings que Phoebe  Waller-Bridge (multi récompensée aux Emmy et aux Golden Globes pour la série « Fleabag ») développe et produit pour la chaîne américaine BBC America et diffusée dans le monde depuis 2018.

Critique « Killing Eve » - Les 4 saisons (2018 - 2022) : Tue-moi si tu peux ! - ScreenTune
Photo prise par Anika Molnar - © 2022 BBC America

La première saison s’attire les compliments appuyés de la critique internationale. The Guardian et Time Magazine la placent comme meilleure série de 2018, le Washington Post et le NY Post la citent en troisième position quant au magazine Rolling Stone la voit quatrième. S’en suivra une pluie de récompenses avec entre autres un Golden Globe de meilleure actrice dans une série dramatique pour Sandra Oh (« The Chair », « Grey’s Anatomy ») en 2019, rejointe par sa partenaire Jodie Comer  Le dernier duel ») Emmy Award en 2019 et British Academy Television Award aussi en2019.

Critique « Killing Eve » - Les 4 saisons (2018 - 2022) : Tue-moi si tu peux ! - ScreenTune
Photo prise par Anika Molnar - © 2022 BBC America

Pour des raisons de temps et de planning Phoebe Waller-Bridge s’est sentie obligée de laisser Emerald Fennell, actrice (« The Crown ») scénariste et réalisatrice (« Promising Young Woman ») de prendre en charge la deuxième saison et la greffe avait plutôt bien pris. La deuxième saison s’oriente clairement vers le thriller noir, lorsque le désir supplante la raison.

Il a par la suite été décidé de confier chaque saison à une showrunneuse différente. La quatrième saison et particulièrement sa conclusion sont fortement décriées tant par la presse que par les téléspectateurs…

Nous ne divulgâcherons pas ce qui n’est pas une fin à nos yeux mais plutôt un autre moment suspendu comme la série les affectionne…

Critique « Killing Eve » - Les 4 saisons (2018 - 2022) : Tue-moi si tu peux ! - ScreenTune
Photo prise par Anika Molnar - © 2022 BBC America

La série doit son indéniable succès au talent des deux actrices principales mais pas que ; car Phoebe Waller-Bridge n’est pas une débutante en matière de scénarios. Impressionné par le ton et le rythme de la série, Daniel Craig l’a appelé personnellement pour lui demander de booster le script du « James Bond No time to die ». Avant elle, une seule femme avait été créditée pour des scénarios : Johanna Harwood pour « Docteur No » (1962) et « Bons baisers de Russie » (1963).

La série est construite sur l’improbable duo ou l’antagonisme que forme Eve et Villanelle, cette dernière est présentée comme dotée d’un redoutable instinct de tueur, mais sans clairement expliquer son histoire alors que Luke Jennings, l’auteur, présente Villanelle dès les premières lignes de son roman. Son père est vétéran de guerre devenu un criminel. Après le décès de sa mère d’un cancer causé par la catastrophe de Tchernobyl, le père de Villanelle prend en charge ses études de linguistique dans une université en Russie mais est tué peu après.

Critique « Killing Eve » - Les 4 saisons (2018 - 2022) : Tue-moi si tu peux ! - ScreenTune
Photo prise par Anika Molnar - © 2022 BBC America

Jodie Comer brille dans le rôle de la psychopathe. La jeune actrice qui a commencé à tourner à quinze ans, n’avait à l’époque que des participations dans des séries parmi lesquelles « Les enquêtes de Vera », « Londres police judiciaire » et « The White princess » à son actif. C’est une vraie surprise, son interprétation d’une sociopathe tueuse pour qui la vie et la mort sont un jeu qui n’a d’autre raison que son divertissement. Depuis l’actrice s’est illustrée dans « Le dernier duel », « Free Guy » et le téléfilm « Help » (2021) qui lui vaut un deuxième BAFTA mais surtout elle s’est tournée vers le théâtre avec la pièce « Prima Facie » (2022) de Susie Miller pour laquelle elle reçoit le Lawrence Olivier Award.

Sandra Oh depuis le clap de fin a rebondi dans la série « The Chair » (« La Directrice » en 2021, malheureusement annulée après une saison) et surtout en juin 2022, a été nommée officier du Canada de l’Ordre de l’Empire Britannique pour sa carrière artistique et, à ce titre, représenté le Canada aux funérailles d’Elisabeth II.

Critique « Killing Eve » - Les 4 saisons (2018 - 2022) : Tue-moi si tu peux ! - ScreenTune
Photo prise par Anika Molnar - © 2022 BBC America

Eternel chassé-croisé entre deux personnalités qui se frôlent, s’épient, s’attirent et se repoussent sur fond de série d’espionnage, « Killing Eve » cultive une attirance érotique qu’Eve et Villanelle poussent au paroxysme dans leur dynamique destructrice. La série est réservée à un public averti car les scènes de crime y sont nombreuses, inventives et parfois dénuées de tout affect.

La BBC avait annoncé dès 2020 que la quatrième saison serait la dernière mais si vous n’arrivez pas à faire vos adieux à ces personnages hors du commun (et rares dans l’univers télévisuel) vous pouvez retrouver les romans Codename Villanelle signés Luke Jennings.

NOTE :

0 /10

Il n’y a pas que les performances exceptionnelles de Sandra Oh et Jodie Comer saluées par la critique internationale à créditer pour cette série mais aussi les nombreux seconds rôles tout comme le talent des scénaristes et des réalisateurs de la série.

La BBC ne compte pas faire ses adieux à une série culte et un projet dérivé s’intéresserait à la jeunesse de s’intéresserait à la jeunesse de Carolyn Martens (Fiona Shaw, British Academy Television Award 2019 pour un second rôle) la fondatrice des « Douze » mais aussi agent du MI6 et la supérieure d’Eve Polastri.

Yves Legrand – Le 16 mai  2023

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