Portrait Daniel Day-Lewis : Jusqu’au bout des ongles
Portrait de Daniel Day-Lewis, l’acteur triplement oscarisé qui aura marqué l’histoire du 7ème art au fer rouge. Retour sur sa filmographie.
L’Oskar de Spielberg
Accueil « | » Un doigt dans le culte « | » Critique « La Liste de Schindler » (1993) : L’Oskar de Spielberg
En 1993 avant « La Liste de Schindler », Steven Spielberg est déjà un cinéaste accompli, il suffit de jeter un œil à sa filmographie pour voir que le metteur en scène possède un CV impressionnant (« Les dents de la mer », « E.T », « Rencontre du troisième type » « Les Aventuriers de l’arche perdue »). Pourtant, il n’a pas encore obtenu la consécration de ses pairs avec un Oscar du « meilleur réalisateur ».
Ironie de la chose, c’est finalement grâce à l’histoire d’Oskar Schindler qu’il va enfin obtenir cette statuette dorée, du même nom, dont il rêve tant avec ce fantastique film d’auteur. Une œuvre éminemment humaniste et personnelle pour Steven.
Retour sur un monument à la puissance évocatrice rare et un chef d’œuvre d’émotion indispensable !
Synopsis
Evocation des années de guerre d’Oskar Schindler, fils d’industriel d’origine autrichienne rentré à Cracovie en 1939 avec les troupes allemandes. Il va, tout au long de la guerre, protéger des juifs en les faisant travailler dans sa fabrique et en 1944 sauver huit cents hommes et trois cents femmes du camp d’extermination de Auschwitz-Birkenau.
« La liste de Schindler » est véritablement Le film de la consécration pour Spielberg qui reçoit enfin ses premiers Oscars de « meilleur film » et de « meilleur réalisateur. Avec ce long métrage rêvé depuis plus d’une décennie, le cinéaste de « Jurassic Park » revisite tout un pan de la Seconde Guerre mondiale à travers un regard humaniste et déchirant tout en prouvant une fois pour toutes qu’il peut réaliser non seulement des blockbusters, mais aussi de très grands films.
Une œuvre difficile et qui étonne toujours autant par sa force et par sa sobriété, loin du pathos larmoyant et du traitement classique qu’on aurait pu redouter. Néanmoins comme le film lui-même, le tournage fut âpre et difficile.
Pourtant le projet n’aura pas été de tout repos pour le réalisateur d’« Indiana Jones », l’histoire était très dure et les conditions de tournage n’aidaient pas notamment avec la météo polonaise de Cracovie. En effet, il fallait en plus de se battre avec des conditions climatiques capricieuses, gérer des dizaines de milliers de figurants (30.000 précisément) et réaliser des scènes psychologiquement éprouvantes aux abords d’Auschwitz.
Car oui, si Spielberg avait reçu l’autorisation exceptionnelle de filmer dans le camp par souci de cohérence historique, il refusa d’y entrer et de filmer cette abomination par respect pour les victimes.
Pendant des semaines, toute l’équipe s’est donnée corps et âme pour mener le projet sur les bons rails. Cependant progressivement, l’ambiance devint de plus en plus pesante et triste Une mauvaise ambiance sur le tournage ? Des accidents ? Malheureusement rien de tout cela mais plutôt la plus grande hantise et angoisse du cinéaste : le moral.
Petit à petit, le cinéaste sentait que le poids du sujet commençait à ronger l’ensemble de son équipe. Personne n’osait rire ou s’amuser devant la gravité des évènements contés. Spielberg fut lui-même un des premiers touchés, lui qui avoua par la suite avoir eu beaucoup de mal à prononcer le mot « action » chaque jour lors des prises. En effet, « aktion » dans la langue de Goethe était le terme employé pour déporter les juifs vers les ghettos.
Finalement épuisé par cette ambiance pesante et la gestion en parallèle de la post-production des effets spéciaux de « Jurassic Park », le cinéaste eu l’idée de faire appel à son grand ami Robin Williams. Le comédien du « Cercle des poètes disparus » faisait quotidiennement rire par téléphone toute l’équipe via des hauts parleurs en racontant blagues et sketchs. Un bon moyen d’alléger les tensions devant un tournage difficile et pesant.
Pour faire face à ce sujet délicat, Spielberg voulait des acteurs confirmés et crédibles. Au départ Harrison Ford, Mel Gibson, Stellan Skarsgard ou encore Kevin Costner, Warren Beatty et Bruno Ganz sont envisagés pour le rôle d’Oskar Schindler, mais Steven Spielberg ne voulait pas dénaturer le film dans sa réception auprès du public en prenant une grande star. Celui-ci a finalement été dévolu à l’Irlandais Liam Neeson.
L’interprète de Qui‑Gon Jinn dans « Star Wars » offre une interprétation sidérante d’un homme opportuniste, charmeur et cavalier, businessman avant tout dont la guerre laissera paradoxalement apparaître la plus belle face de sa personnalité. Liam Neeson signe le rôle de sa vie, l’acteur dégage une aura hallucinante aussi classe que bouleversante et laisse entrevoir les failles de l’âme humaine. Il décrocha sa seule et unique nomination aux Oscars pour sa performance, celui-ci fut finalement remporté cette année-là par Tom Hanks pour « Philadelphia ». Presque injuste tant le comédien ne retrouvera jamais cette intensité de jeu.
Pour faire un merveilleux film, il fallait aussi un grand méchant qui inspire crainte mais également avoir un impact émotionnel sur les spectateurs. Tim Roth était ainsi pressenti pour incarner l’impitoyable et glacial SS Amon Goeth, finalement dévoué à Ralph Fiennes car Spielberg lui a trouvé une expression de « sadisme sexuel » dans le regard. Ce dernier a d’ailleurs pris treize kilos pour les besoins du film, en buvant de la Guinness.
Une chose est sûre le comédien du « Patient anglais » n’a pas déçu dans le rôle de cette pourriture sanguinaire et installa son personnage parmi les plus grands méchants de l’histoire du cinéma. Offrant une performance presque animale et infaillible jumelée à sa folie, le futur interprète de Lord Voldemort décroche ainsi sa première nomination aux Oscars. Finalement aucun acteur du film ne sera sacré puisque la statuette est remportée par Tommy Lee Jones pour « Le Fugitif ». Dommage mais un rôle définitivement ancré au panthéon de l’histoire du cinéma.
À leurs côtés, le génial Ben Kingsley offre lui aussi une interprétation touchante et pleine d’émotions contenues dans le rôle de Itzhak Stern, juif sauvé par Oskar Schindler qui tenait les registres d’une société de Cracovie. Pour se préparer à ce rôle pénible, le comédien oscarisé pour « Gandhi » gardait précieusement sur lui une photo d’Anne Frank afin de lui donner le courage nécessaire de terminer ce film qui lui tenait à cœur mais aussi de paraître ému en toute circonstance.
Des acteurs engagés et brillants qui participent grandement à l’immersion et au succès du film.
Il y a des films qui sont indissociables de leur musique comme l’est « Gladiator » avec la voix de Lisa Gerrard et son « Now we are free ». La filiation l’est également pour « La Liste de Schindler » et la BO de la légende John Williams. Une œuvre qui doit beaucoup à la musique du compositeur de Star Wars, il signe un main thème bouleversant, son piano accompagnant magnifiquement le violon d’Itzhak Perlman, dont le nom avait été suggéré par Spielberg lui-même. Dans « La Liste de Schindler », plus que dans les films précédents, l’image s’adresse au conscient et la musique à l’inconscient tout en créant de la compassion devant l’horreur humaine.
De par sa beauté et sa force émotionnelle indissociables des images du film de Spielberg, le thème apporte un profond respect et une grande dignité pleine de compassion à l’œuvre du cinéaste, rappelant à quel point la collaboration Spielberg/Williams a toujours été et restera exceptionnelle sur plus d’un point. Le compositeur décroche par la même occasion son cinquième Oscar de la « meilleure musique de film ». Sublime en tout point !
Pour offrir ce témoignage douloureux et ce tour de force de cinéma, Steven Spielberg n’épargne absolument pas le spectateur. C’est le cœur et la gorge serrés, les larmes aux yeux soutenu par la mélodie de John Williams que nous découvrons toute l’horreur de l’holocauste. A travers le point de vue d’Oskar Schindler, le cinéaste de « Jurassic Park » dépeint l’action du désespoir au milieu de l’horreur absolue.
Embelli par un étalonnage en noir et blanc brumeux, presque fantomatique et un style quasi documentaire, le long métrage offre une authenticité jamais vue. Une performance superbement mise en image par Janusz Kaminski qui décrocha lui aussi l’Oscar de « la meilleure photographie ».
Spielberg récite finalement à merveille sa grammaire du cinéma en livrant un film sobre sans fioritures, aussi aiguisé et tranchant qu’une lame qui nous chamboule à chaque visionnage. Le cinéaste ne sacrifie jamais sa volonté de retranscrire la réalité historique aux dépens de ses ambitions artistiques, sa mise en scène se met toujours au service du message qu’il souhaite nous transmettre. Pendant plus de trois heures, nous sommes ébahis et cloués à notre siège devant chaque étape de cette épouvantable tragédie viscérale qui se joue sous nos yeux.
Ce drame transcende le cinéma de Spielberg qui n’a jamais paru aussi mature, sans doute mû par une mission qui dépassait le simple cadre artistique, parce que ce sujet lui tenait profondément à cœur et qu’il l’a embrassé de plein fouet. Comment oublier l’émotion que nous procure le manteau rouge d’une fillette dans cet univers impitoyable et gris, sorte d’image iconique gravée à jamais dans notre esprit. Inoubliable !
Et pour finir, honoré de ce succès qui aura rapporté plus de 320 millions de dollars au Box-Office pour un budget de 22 millions, Spielberg ira jusqu’à présenter son long métrage en guise de mémoire de fin d’études pour obtenir son diplôme universitaire d’études d’Arts du Cinéma à l’université de Long Beach en 2002. Le plus grand cinéaste de tous les temps n’avait pas pu finir son cursus entamé en 1965 pour cause d’une carrière qui décollait.
Au lieu de présenter un film de 12 minutes minimum, Spielberg a finalement soumis un chef-d’œuvre de 3h15…
« La Liste de Schindler » est tout simplement un des plus grands films du 20e siècle. Une œuvre esthétiquement époustouflante et tragique, en plus d’être un acte de mémoire et de conscience transcendant, soutenue par la musique envoutante de John Williams et les prestations impeccables de Liam Neeson, Ben Kingsley et Ralph Fiennes.
Un monument à la puissance évocatrice rare. Un chef-d’œuvre d’émotions, bien sûr difficile et indispensable. Un film inscrit dans l’Histoire du cinéma à voir, revoir et à transmettre… Du très grand cinéma et 7 Oscars amplement mérités !
Note : 10/10 – Même si la perfection n’est pas de ce monde !
Julien Legrand – Le 23 décembre 2020
Sources Photos :
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