L’information comme rempart à l’obscurantisme
Adapté du roman éponyme de Paulette Jiles paru en 2016 ; « News of the World » ou « La Mission » en français est un western réalisé par Paul Greengrass qui avait déjà dirigé Tom Hanks dans l’excellent « Captain Phillips ».
Notre avis sans trop en dire comme d’habitude quoique…
Synopsis :
1870, cinq ans après la fin de la Guerre de Sécession, le capitaine Jefferson Kyle Kidd, vétéran de trois guerres, sillonne le Texas de ville en ville en qualité de lecteur public et tient les gens informés des nouvelles du monde. En traversant les plaines du Texas, il croise le chemin de Johanna, une enfant de 10 ans capturée 6 ans plus tôt par la tribu des Kiowa et élevée comme l’une des leurs. Kidd va tenter de ramener la jeune fille auprès d’une tante…
Paul Greengrass est un réalisateur qui ose se démarquer et aime s’essayer à des genres différents. Après « 22 july » (2018) qui revenait sur les attentats d’Oslo et d’Utoya en 2011, le voici scénariste et metteur en scène de son premier western. Créateur d’un cinéma d’action rythmé et intelligent, notamment « United vol 93 », « The Bourne Supremacy » (« La mort dans la peau »), « The Bourne Ultimatum » (« La vengeance dans la peau ») et « Jason Bourne » en 2016, il montre souvent crument la violence mais la représente expéditive voire implicite évitant ainsi toute exagération ou complaisance.
Greengrass bien aidé par son directeur de la photographie Dariusz Wolski (« Prometheus ») alterne avec bonheur les séquences privilégiant les vastes panoramas qu’offre le Texas, avec des scènes plus intimistes pour installer la complicité naissante entre Kidd et Johanna (remarquable prestation de la jeune Helena Zengel d’ailleurs nommée aux Golden Globes).
On ne peut s’empêcher de rapprocher « News of the World » de l’excellent « Road to Perdition » de Sam Mendes où le même Tom Hanks fuyait avec son fils durant la Grande Dépression et même si le film de Greengrass semble s’intéresser à d’autres éléments, les deux personnages principaux ont tous deux connus des deuils douloureux et la création d’un lien affectif profond entre un adulte et une enfant est au centre de l’aventure.
Tom Hanks comme toujours excelle dans le rôle du capitaine Kidd, un homme sage, affable mais aussi impénétrable et peut-être imprévisible… Un personnage qui lui sied ; son interprétation de cet ancien combattant aux multiples facettes n’est pas sans évoquer James Stewart lui aussi homme juste et crédible en toutes circonstances.
Le casting regorge de visages connus ; Ray McKinnon, Elizabeth Marvel et Bill Camp ainsi que d’un joyau brut : Helena Zengel, une jeune actrice allemande. Son mutisme, sa défiance ainsi que ses peurs sont vierges de tout tic. C’est bien elle qui apporte de l’épaisseur et de l’intensité à un film somme toute assez linéaire et souvent prévisible.
Un film où Greengrass élude malheureusement beaucoup de thèmes potentiels mais épineux à développer : le racisme, le métissage, les errements de la colonisation… Malgré tous ces regrets le film captive par sa réalisation et sa facture, mais émeut aussi grâce à ses interprètes. Une belle réussite.
Soutenu par l’une des meilleures musiques de l’année signée James Newton Howard, le film ne sera disponible au grand regret de Tom Hanks qui ne jure que par les salles obscures que sur la plateforme Netflix à partir de Février 2021.
Note : 7,5/10
Yves Legrand– Le 16 février 2021
Sources Photos :
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