Critique « Un homme est passé » (1955) : 65 ans et rien n’a changé !
Avec « Un homme est passé » John Sturges réalisa un film grinçant, reflet d’une Amérique en pleine « chasse aux sorcières » qui lui valut 3 nominations aux Oscars. Un classique !
Une Aventure bien embaumée !
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Universal a toujours eu la cote avec ses monstres mythiques. Pourtant dans les années 90, le studio fouille dans ses archives pour trouver l’inspiration et ressuscite sous la houlette de Stephen Sommers « La Momie » Imhotep iconisée par Boris Karloff en 1932.
Un énorme succès en 1999 qui connaitra deux suites « Le Retour de la Momie » et « La Momie : La Tombe de l’Empereur Dragon ».
Alors pourquoi « La Momie » de 1999 est-il toujours un film populaire ? Comment expliquer cet énorme succès au Box-Office avec plus de 416 millions de dollars pour un budget de 80 millions.
Et pourquoi il reste, n’ayons pas peur des mots, le meilleur film d’aventure de ces 25 dernières années !
Direction l’Egypte et la cité des morts pour une aventure inventive, fun, drôle et énergique au cœur du désert ! Bref du vrai bon cinoche à l’ancienne !
Synopsis :
Un Américain servant dans la Légion étrangère française lors d’une fouille archéologique dans l’ancienne ville de Hamunaptra réveille accidentellement une momie qui le ravage, ainsi que son équipage.
Universal voulait à la base ressusciter ses monstres cultes dans la même veine que ses films en noir et blancs…
Bien avant d’obtenir le film popcorn et décomplexé que l’on a découvert dans les salles en 1999, le studio voyait « La Momie » comme un film d’horreur dans la lignée du film de 1932 avec Boris Karloff.
Universal engage d’abord Clive Barker, écrivain plus connu pour sa saga de romans « Hellraiser » et comme scénariste de « Candyman », qui nous pond un papyrus de scénario sur un directeur de musée fou à lier qui veut ressusciter des momies… C’est ensuite le génial Joe Dante (« Gremlins », « Small Soldiers ») qui s’y colle en imaginant une histoire d’amour contemporaine avec le grand Daniel Day-Lewis en « Momie » tout en y ajoutant des éléments horrifiques avec des scarabées mangeurs de chair… Une idée refusée par Universal qui pensait déjà beaucoup à son portefeuille.
Et les projets continuent à défiler devant les producteurs James Jacks et Sean Daniel avec le « papa » des zombies George A. Romero qui lui aussi, vient avec une histoire de réanimation contemporaine violente, à son tour annulée.
C’est finalement le jeune cinéaste Stephen Sommers, tout juste sorti du tournage de « Un Cri dans l’océan », qui décroche la timbale après avoir « pitché » un film d’aventure entre « Indiana Jones » et « Jason et les Argonautes » tout en respectant le matériau de base dont il est fan !
Stephen Sommers voit sa « Momie » comme un grand hommage aux récits « pulp » et d’aventure des années 30 et 40 tout en convoquant l’esprit d’œuvres iconiques comme la saga « Indiana Jones » en y injectant de l’action, un zeste d’horreur, le tout saupoudré d’un soupçon de comédie.
Le cinéaste veut aussi s’émanciper des productions de la « Hammer » avec Christopher Lee et sa « Malédiction du Pharaon », tout en s’inspirant du « Dracula » de Coppola pour son histoire d’amour pour offrir un vrai divertissement qui respecte son matériau de base.
Pour donner vie à sa vision, Stephen Sommers veut s’émanciper des bandelettes tout en gardant ce côté horrifique, car la Momie de Boris Karloff le terrifiait. Pour transformer sa monstre égyptien, l’équipe a utilisé une combinaison de prises de vues réelles et d’images de synthèse pour ensuite faire correspondre les prothèses numériques au visage de l’acteur (Arnold Vosloo qui incarne Imhotep).
Le comédien explique d’ailleurs que c’était une première pour lui car les techniciens lui plaçaient de petits projecteurs rouges sur le visage pour pouvoir intégrer ensuite les effets spéciaux. L’acteur confesse même que la plupart du temps il se promenait sur le plateau « en ressemblant à un sapin de Noël ».
Hollywood est alors en pleine révolution numérique et le cinéaste va sauter les deux pieds dans le sable.
En effet pas moins de 15 millions de dollars sont alloués aux effets numériques du films réalisé par la société ILM (Industrial Light and Magic possédée par George Lucas) et le cinéaste va « presque » à chaque fois les utiliser à bon escient pour rendre tous ses plans plus ludiques, plus longs afin qu’ils servent vraiment le récit et ne pas tout couper au montage. De quoi vraiment immerger le spectateur dans une aventure énergique et amusante.
Il est vrai qu’avec un regard plus moderne, les effets numériques de « La Momie » ont vieilli aujourd’hui mais en comparant avec l’apparence du « Roi Scorpion » dans le second volet, les travaux réalisés sur ce premier film paraissent magnifiques à côté.
2 ans avant « La Momie », une petite parodie de « Tarzan » a fait sensation au Box-Office avec un certain Brendan Fraser dans « George de la Jungle » qui rapporta tout de même 174 millions de dollars pour un budget de 55 millions.
L’acteur est choisi par Stephen Sommers pour son côté décalé à la Errol Flynn qui pourra facilement emmener le public avec lui dans cette aventure. Brendan Fraser se donnera d’ailleurs corps et âme (c’est le mot) dans la peau de ce héros bourru, au flegme impeccable. L’acteur va en effet manquer de se rompre le coup lors de la scène de pendaison dans la prison, lui qui assure la plupart de ses cascades dans le film et dans les deux suites. Ce qui entraînera plus tard d’énormes problèmes physiques notamment au niveau de son dos.
Une rumeur a même circulé comme quoi le rôle de Rick O’Connell aurait été offert à Leonardo DiCaprio qui aurait beaucoup aimé le script mais le comédien fétiche de Martin Scorsese était déjà engagé sur le tournage de « La Plage » de Danny Boyle.
Aux côtés de cet aventurier bagarreur, nous retrouvons la très belle Rachel Weisz, actrice plus habituée aux productions indépendantes comme « Beauté volée » de Bernardo Bertolucci ou « Poursuite » d’Andrew Davies qui campe ici Evelyn Carnahan, bibliothécaire spécialiste des hiéroglyphes un brin maladroite mais aussi douce et drôle.
Le duo est rejoint par John Hannah aperçu dans le culte « Quatre mariages et un enterrement » et Arnold Vosloo vu dans le « 1492 : Christophe Colomb » de Ridley Scott et les deux suites de « Darkman ». Un casting sans star car Stephen Sommers voulait créer une vraie alchimie entre ses acteurs avec une ambiance bonne enfant sur le plateau.
Brendan Fraser revêtira même la tenue Anck-Su-Namun dans sa scène d’introduction en se badigeonnant d’auto-bronzant et de paillettes… Ambiance !
Pourtant comment expliquer ce succès à plus de 400 millions de dollars ? Et bien par rapport à tous les blockbusters insipides et sans âme qui pullulent aujourd’hui, « La Momie » de Stephen Sommers possède une identité qui lui est propre !
Que cela soit l’alchimie parlante à l’écran entre les acteurs, les répliques inspirées qui fusent (« O’Connell j’ai comme l’impression que c’est nous qui avons les chevaux. Eh Beni, j’ai comme l’impression que toi et tes potes êtes du mauvais côté du fleuve »), les scènes d’action nerveuses et amusantes…mais surtout une mise en scène décomplexée et inspirée.
En effet, la chorégraphie des plans de Stephen Sommers s’inspire directement des cascades de Buster Keaton. Un style épuré sans coupe au montage pour nous immerger et nous faire croire à ce que l’on voit… ça, « La Momie » l’a très bien compris.
Des cadrages bien pensés et bien placés pour offrir des moments de pellicules qui imprègnent la rétine et qui renforcent la puissance de ce que l’on est en train de vivre sur notre écran de cinéma.
On sent dans le long métrage de Stephen Sommers un amour du plan, le metteur en scène fait véritablement confiance en ce qu’il est en train de filmer. Exemples : l’apparition du visage de La Momie dans le sable face à O’Connell, l’attaque du scarabée sous la peau de John Hannah ou encore la scène de pendaison avec une plongée sur Brendan Fraser en train de s’étrangler…
Les acteurs font corps avec la mise en scène de « La Momie » et la comprennent en offrant un sens du burlesque et une physicalité à chaque scène (L’attaque du bateau ou encore lorsque Brendan Fraser combat des momies lors de la scène du sacrifice). Chaque séquence est parfaitement vendue avec un corps en action et une caméra qui filme. Du temps et de la patience !
Et comparer cela à tous les blockbusters hollywoodiens qui charcutent leurs plans et leurs scènes d’action, « La Momie » offre un travail d’orfèvre !
En 1999, « La Momie » a donc été une immense tempête de sable qui a ravagé le Box-Office et qui aura réussi avec de l’action, du fun et de l’horreur bien dosée à réunir les spectateurs autour d’un personnage mythique.
Stephen Sommers parvient à ressusciter une franchise quasi oubliée en offrant un grand spectacle généreux à la pointe des effets spéciaux qui exploite à merveille ses décors et ses acteurs dans une mise en scène inspirée.
« La Momie » est un immense plaisir « old school » et Le meilleur film d’aventure de ces 25 dernières années. Un vrai bon moment de cinoche !
Des Blockbusters comme celui-là, Hollywood n’en fait plus et c’est bien dommage. À regarder toujours avec autant de plaisir !
Julien Legrand – Le 18 février 2024
Sources Photos :
© 1999 – Universal Pictures
Avec « Un homme est passé » John Sturges réalisa un film grinçant, reflet d’une Amérique en pleine « chasse aux sorcières » qui lui valut 3 nominations aux Oscars. Un classique !
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