Les fantasmes du marais !

Là où chantent les écrevisses 

Roman au succès de librairie incontesté, « Là où chantent les écrevisses » est déjà transposé sur grand écran. Olivia Newman la réalisatrice offre à la révélation de « Normal People », Daisy Edgar-Jones, son premier grand rôle au cinéma.  

Notre critique essayera de ne pas vous embourber avec cette sauvageonne qui hante le marais de Caroline du Nord.

Critique « Là où chantent les écrevisses » (2022) : Les fantasmes du marais ! - ScreenTune
Photo prise par Michele K. Short/Michele K Short - © 2022 CTMG - © 2022 Sony Pictures Belgium

Synopsis :

Kya, (Daisy Edgar-Jones) a grandi jusqu’à l’âge adulte dans les marais de Caroline du Nord. Pendant des années, les rumeurs les plus folles sur la “fille des marais” ont hanté Barkley Cove, isolant Kya de la communauté. Attirée par Tate (Taylor John Smith) puis Chase, deux jeunes hommes de la ville, Kya s’ouvre progressivement au monde extérieur. Lorsque le très populaire Chase Andrews (Harris Dickinson) est retrouvé mort, c’est « la fille des marais » qui est immédiatement pointée du doigt par la communauté. Au fur et à mesure que le procès avance, ce qui s’est réellement passé devient de plus en plus flou, menaçant de faire remonter les nombreux secrets qui hantent le marais.

Inspiré d’un premier roman homonyme paru en 2018, « Là où chantent les écrevisses » de Delia Owens, une biologiste américaine qui a longtemps vécu en Afrique, le scénario de Lucy Alibar respecte les deux histoires développées dans le roman ; d’une part la jeune femme accusée d’avoir tué son ancien petit-ami dans des circonstances accidentelles, de l’autre (à l’aide de flashbacks bien insérés), l’enfance et la résilience de la jeune Kya, l’enfant recluse dans les marais.

Critique « Là où chantent les écrevisses » (2022) : Les fantasmes du marais ! - ScreenTune
Photo prise par Michele K. Short/Michele K Short - © 2022 CTMG - © 2022 Sony Pictures Belgium

Daisy Edgar-Jones (la révélation de « Normal People ») incarne avec naturel et sensibilité la sauvage mais poétique Kya amoureuse de la nature, du marais et de sa biodiversité. Taylor John Smith (vu dans « Blacklight » avec Liam Neeson) et Harris Dickinson (vu dans « Sans filtre » Palme d’Or du Festival de Cannes 2022) tentent chacun à sa façon d’aimer la fille et ses marais ; quant à l’excellent David Strathairn (« La mémoire dans la peau » et 100 autres films au compteur), il est plein de retenue dans son interprétation de l’avocat Tom Milton.

Critique « Là où chantent les écrevisses » (2022) : Les fantasmes du marais ! - ScreenTune
Photo prise par Michele K. Short/Michele K Short - © 2022 CTMG - © 2022 Sony Pictures Belgium

Cette excellente histoire, loin de la sauvageonne incarnée par Jodie Foster dans « Nell » est sublimée par de magnifiques décors naturels signés de la directrice photo Polly Morgan, souffre de certaines longueurs lorsque les souvenirs du personnage principal retracent son parcours et son abandon. En plus de l’ostracisme dont elle est victime par sa manière de vivre, l’œuvre évoque aussi la condition de la femme et le racisme rampant de cette partie des USA.  Mychael Danna a composé une bande sonore qui accompagne les nombreux moments d’immersion au cœur d’une nature apaisante mais réputée dangereuse.

Critique « Là où chantent les écrevisses » (2022) : Les fantasmes du marais ! - ScreenTune
Photo prise par Michele K. Short/Michele K Short - © 2022 CTMG - © 2022 Sony Pictures Belgium

S’il est aisé de se laisser bercer par ce conte tantôt admirable de résilience, tantôt sombre ; « Là où chantent les écrevisses » même s’il bénéficie d’une excellente interprétation et d’une belle écriture souffre de lenteurs (on parle de langueur dans les états du Sud).

Le deuxième film de Olivia Newman, essentiellement localisé dans les marais, offre une mise en scène associée aux magnifiques paysages naturels et ce sont ces moments souvent muets qui apportent un supplément d’âme à une œuvre touchante et captivante. A cet égard, les scènes du dernier chapitre sont d’un esthétisme rare.

Produit par, Reese Witherspoon, l’actrice ­iconique du sud-américain, le film brille surtout par le charme de son interprète principale qui tire sa résilience de l’observation de la faune.

Note : 6 /10

Une adaptation sensible et réussie d’un roman récent au succès phénoménal est cependant un rien trop facile surtout dans le développement de la sauvageonne autodidacte.

Une histoire qui s’apprécie pour la beauté d’une nature sauvage et préservée soutenue par une belle photographie de Polly Morgan et de jeunes interprètes de qualité. Cerise sur le gâteau, une chanson inédite de Taylor Swift « Carolina », écrite pour le film, clôture le générique de fin.  

Yves Legrand – Le 18 août 2022

Sources Photos : 

© 2022 20th Century Studios

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