Very Bad Blood !
Adapté d’un chapitre du roman de Bram Stoker, Dracula, « Le Dernier Voyage du Demeter » (« The Last Voyage of the Demeter ») réalisé par André Øvredal relate au travers du journal de bord du capitaine Eliot, les derniers jours du navire.
Notre critique va-t-elle prendre l’eau ?
Synopsis :
Le navire de commerce Demeter quitte Carpathia en Transylvanie pour un long voyage vers Londres. A son bord, le capitaine a embarqué une bien mystérieuse cargaison de caisses en bois non identifiée.
À bord du navire maudit, d’étranges évènements ne tardent pas à frapper l’équipage qui va devoir tenter, durant cette funeste traversée, d’échapper à une étrange présence qui nuit après nuit va les traquer sans pitié. L’épave, véritable bateau fantôme qui finit par accoster sur les côtes anglaises n’est plus que l’ombre du Demeter, à bord duquel il n’y a plus âme qui vive…
Librement adapté d’un chapitre du roman « Dracula » de Bram Stoker, publié en 1897 et intitulé « The Captain’s Log » ; « Le Dernier Voyage du Demeter » est réalisé par André Øvredal dont les derniers films étaient le surprenant « The Jane Doe Identity » en 2016 et le sympathique « Scaries Stories » en 2019.
Concevoir un film autour d’un seul chapitre, certes loin d’être anecdotique, de l’oeuvre de Bram Stoker (1847-1912) permet beaucoup de souplesse dans la réalisation et Øvredal ne s’en prive pas, nous offrant quantité de beaux plans du vaisseau fendant les vagues, faiblement éclairé par la lune entre les nuages…
Les spectateurs profiteront sur grand écran de séquences marines que ne renieraient pas les célèbres peintres de marine Willem van de Velde (1633-1707) ou Jacob Ruysdael quant au décor intérieur du bateau tout en bois, il compte nombre de coins inexplorés et de sombres recoins que seules quelques lanternes tentent faiblement d’éclairer.
Si la reconstitution du Demeter est réussie, le film souffre de dialogues simplistes : à trop vouloir faire parler et se raconter les membres de l’équipage afin sans doute de meubler les chapitres d’une longue traversée contée au travers du livre de bord du capitaine dans le roman et stylisée en une minute dans le film référence de Francis Ford Coppola (« Bram Stoker‘s Dracula » 1992 récompensé de trois oscars), le réalisateur passe à côté d’une tension dramatique que l’ombre et la noirceur de la nuit aurait pu (dû) rendre plus irrespirable .
Corey Hawkins (« D’où l’on vient » en 2021) peine à convaincre dans son rôle du docteur Clemens, embarqué en dernière minute, tandis que Aisling Franciosi ne retrouve pas le punch qu’on lui connaît dans « The Nightingale » (2018). Les personnages secondaires du capitaine Eliot et du second Wojchek incarnés par Liam Cunningham (« Game of Thrones ») et David Dastmalchian (« Oppenheimer » 2023, « Le Croque-mitaine » en 2023) ne sont pas davantage charismatiques.
Malgré les effets préparatoires aux apparitions silencieuses du vampire plutôt réussis dont la morphologie s’apparente plutôt à Gollum avant de prendre par la suite une dimension plus vampirique , les actions qui les sous-tendent manquent d’éclat et André Øvredal (« The Troll Hunter » en 2010) aurait dû, de notre point de vue, davantage s’inspirer du huis clos haletant d’ « Alien » (ou de « The Thing ») pour faire grandir la tension dramatique à fond de cale.
Au contraire, il a préféré le fantastique soft dépourvu d’hémoglobine mais en respectant tous les codes propres à Dracula en faisant toutefois l’impasse sur les croix, les prières, les chapelets d’ail …
Bref comme pour la ratatouille, sans gousses d’ail, il y a un goût de trop peu !
La note peut paraître un peu basse mais malgré leurs efforts, les acteurs ne nous ont pas totalement convaincus quant au réalisateur hormis quelques excellentes séquences, il n’a pu éviter le naufrage de son Demeter.
Dans la mini-série « Dracula » (2020 de Netflix), le voyage du Demeter est aussi raconté avec force détails alors que son évocation ne fait pas dix pages dans le roman original quant aux goules aux dents acérées, elles semblent sorties tout droit d’une autre mini-série « Midnight Mass » signée Mike Flanagan !
Yves Legrand – Le 21 août 2023
Sources Photos :
© 2023 WW Entertainment
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