Critique « La Vraie Famille » (2022) : Chronique d’une déchirure familiale – ScreenTune
Avec son deuxième long-métrage, Fabien Gorgeart retrouve la thématique de la filiation avec « La Vraie famille ».
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Réputé impossible à adapter au cinéma, « Le discours » de Laurent Tirard (« Molière », « Le petit Nicolas » etc..) est une des bonnes surprises de cette rentrée post pandémie. Emmenée par Sara Giraudeau et l’excellent Benjamin Lavernhe (« Mon inconnue »), cette comédie au titre très académique mérite t’elle votre attention ? Notre avis ci-dessous…
Synopsis :
Adrien est coincé. Coincé à un dîner de famille où papa (François Morel) ressort la même sempiternelle anecdote, où maman (Guilaine Londez) ressert le sempiternel gigot et où Sophie (Julie Piaton « Qu’est-ce qu’on a encore fait au bon Dieu ? »), sa sœur, écoute son futur mari comme s’il était Einstein. Alors il attend. Il attend que Sonia (Sara Giraudeau) réponde à son sms, et mette fin à la « pause » qu’elle lui fait endurer depuis un mois. Mais elle ne répond pas. Et pour couronner le tout, voilà que Ludo (Kyan Khojandi le créateur de « Bref »), son futur beau-frère, lui demande de faire un discours au mariage… Oh putain, il ne l’avait pas vu venir, celle-là ! L’angoisse d’Adrien vire à la panique. Mais si ce discours était finalement la meilleure chose qui puisse lui arriver ?
La réussite d’une comédie réside souvent dans son rythme et « Le discours » joue très bien de cet élément installant un va et vient incessant entre LE repas de famille aux personnages clairement typés et les flashbacks qui illustrent avec truculence les projections sur l’avenir du narrateur incapable d’imaginer une seule version positive du fameux discours qu’il fera au mariage de sa sœur. La mise en situation et en abyme du héros fige son entourage et Laurent Tirard, rappelant le cinéma de Bertrand Blier, brille dans le prolongement visuel des mots, avec des dialogues acérés et se frotte aux limites de l’absurde.
« Le discours » c’est avant tout pour Benjamin Lavernhe un rôle en or ! Et le sociétaire de la Comédie Française ne manque pas sa prestation. Un film qui nous interpelle assez vite d’autant que l’acteur plonge souvent son regard dans celui des spectateurs. Les dialogues sont subtils et les monologues de Lavernhe quelque fois très savoureux. Le scénario tiré du roman de Fabrice Caro (signé Fabcaro en 2018) est classique mais son mérite réside dans le frangin caricatural que Benjamin Lavernhe campe avec une jolie humanité et une joyeuse malice. Preuve que le scénariste Laurent Tirard peut aussi décrire des personnages retors à la limite de l’antipathie. L’« Adrien » du « Discours » offre ainsi un prolongement plus torturé au capitaine Neuville (Jean Dujardin), le brillant hâbleur du « Retour du héros » (2018) du même réalisateur.
« Le Discours » est une comédie qui fonctionne parce qu’on nous parle de sensations familières, que tous nous avons déjà ressenties soit en famille, en couple soit lors de certains événements. Si l’aspect comique prédomine, on n’en néglige pas pour autant le côté émotionnel très subtilement dosé.
Benjamin Lavernhe est un stradivarius et Laurent Tirard a réussi comme avec Jean Dujardin à en exploiter l’immense talent sans fausses notes.
Note : 7/10
Yves Legrand– Le 4 juillet 2021
Sources Photos :
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