Le Retour de Mary Poppins
Un peu d’histoire : le film « Mary Poppins » est sorti en 1964 après moultes tractations entre Walt Disney soucieux de réaliser un film sur les livres qui avaient tant plu à ses filles et l’auteur Pamela L. Travers, il permit aux studios Disney de récolter 5 Oscars et un Golden Globe.
Les péripéties de cet accord ont d’ailleurs fait l’objet d’un excellent film « Dans l’ombre de Mary » réalisé par John Lee Hancock en 2014 avec Tom Hanks dans le rôle de W. Disney et l’excellente Emma Thompson dans celui de l’intransigeante romancière.
Ce film avait déjà permis de sauvegarder les droits d’auteur sur certains éléments du film originel dont les musiques. Mais Disney est devenu spécialiste dans la sauvegarde de ses marques et emblèmes car Mickey malgré ses 90 ans n’est toujours pas tombé dans le domaine public et pour Mary Poppins dont Disney dispose des droits cinématographiques depuis presque 60 ans, il était temps d’agir.
Voici donc le retour de Mary Poppins sous les traits d’Emily Blunt, 55 ans après le premier opus et 84 ans après la sortie du livre de P. L. Travers.
Synopsis :
Michael Banks travaille à la banque où son père était employé, et il vit toujours au 17 allée des Cerisiers avec ses trois enfants, Annabel, Georgie et John, et leur gouvernante Ellen. Comme sa mère avant elle, Jane Banks se bat pour les droits des ouvriers et apporte son aide à la famille de Michael. Lorsque la famille subit une perte tragique, Mary Poppins réapparaît magiquement dans la vie de la famille. Avec l’aide de Jack, l’allumeur de réverbères toujours optimiste, Mary va tout faire pour que la joie et l’émerveillement reviennent dans leur existence… Elle leur fera aussi découvrir de tout nouveaux personnages plein de fantaisie, dont sa cousine, l’excentrique Topsy.
Mary Popins n’a pas changé mais l’actrice oui, et malgré le dynamisme et l’abattage d’Emily Blunt, il faut bien reconnaître qu’il est difficile de la comparer à Julie Andrews. A sa décharge reconnaissons que le parti pris de la comédie musicale à outrance est un peu excessif. Les éléments chantés s’enchaînent sans autre dialogue explicatif laissant les jeunes spectateurs désemparés après quelques minutes et le sujet principal à savoir le crash boursier de 1929 ne les aide pas dans la compréhension des affres de la famille Banks.
Les somptueux décors ne peuvent pas toujours masquer le jeu limité de certains acteurs ; enfin la plongée dans les univers animés parfois en décalage avec la trame de l’histoire n’arrive pas à cacher qu’il s’agit d’une copie de l’original.
Mais si on s’émeut de voir descendre Mary Poppins à nouveau parmi nous, le film ne nous apprend rien de nouveau ni sur elle ni sur ses motivations profondes. Au contraire ce merveilleux sac fourre-tout qui fit rêver des générations d’enfants est ici très banalisé au détriment du perroquet-parapluie.
À force de vouloir correspondre plan par plan au cahier des charges remis par Disney, le réalisateur semble avoir perdu toute originalité ; trahi il faut bien le reconnaître par les compositeurs et paroliers de cette suite qui n’ont pu trouver une seule chanson digne du niveau du légendaire « Supercalifragilisticexpialidocious » ou encore de l’oscarisé « Chem..cheminée ».
Reste une jolie rencontre avec un univers teinté de rose et de blanc où l’on croise avec nostalgie les caméos de Dick Van Dyke en pleine forme et d’Angela Lansbury. Un film qui permet à Disney de faire perdurer l’univers de P. L. Travers encore quelques décennies en espérant dénicher d’ici le prochain opus la perle rare…
Une comédie musicale de facture trop classique malgré la jolie chorégraphie des allumeurs de réverbères et où l’ombre de Julie Andrews s’avère peut-être trop grande pour Emily Blunt … ou toute autre.
Note : 6,5/10
Yves Legrand – Le 8 janvier 2019