Tout sauver ou en mourir

Les apparences 

Marc Fitoussi (« Copacabana », « Pauline détective ») adapte un roman de Karin Alvtegen (Trahie, paru chez Plon en 2005) dont il va situer l’action à Vienne, riche capitale musicale. Cette étude de mœurs va rapidement virer au film noir Hitchcockien. Notre avis sur les tribulations sentimentales d’Eve (Karin Viard) sans vous en divulgâcher les tenants et aboutissants.

Critique « Les apparences » (2020) : Tout sauver ou en mourir…
© 2020 SND

Synopsis :

Synopsis : Vienne, le Danube, les palais impériaux. Ève et Henri sont un couple en vue dans la communauté Française d’expatriés; il est le chef d’orchestre de l’Opéra de Vienne, elle est la responsable bénévole de la médiathèque à l’Institut Français. Une vie idyllique apparemment sans nuages, jusqu’au jour où Eve découvre qu’Henri a une liaison …

Nul besoin de s’être expatrié dans une ville étrangère pour comprendre le microcosme dans lequel évolue les protagonistes des « Apparences » et que décrit admirablement Fitoussi dans toutes ses nuances. Société fermée de francophones aisés « la communauté française viennoise » se compose du personnel de l’ambassade, des professeurs détachés et des hommes d’affaires installés de longue date. Le choix de délocaliser l’action du roman de Stockholm à Vienne s’explique, sans doute, par l’importance des moyens dont cette communauté dispose dans la capitale autrichienne. Chacun s’y observe, s’épie et se jalouse tout en allant joyeusement manger les uns chez les autres.

Chef d’orchestre de renom mais adultère, Benjamin Biolay, n’arrive malheureusement pas à nous intéresser à son personnage au contraire de Karin Viard, impressionnante, autant dans sa démarche artistique que dans son travail pour donner à ses conversations en allemand l’impression de naturel nécessaire. Si on n’adhère pas à son personnage de dandy sec et cachottier, c’est essentiellement car son sexappeal est proche de zéro et on en vient à se demander ce que l’institutrice de leur fils (Laetitia Dosch) peut bien lui trouver. Son jeu trop retenu fait d’ailleurs perdre un demi -point au film dans notre cotation tant nous aurions préféré que le casting se porte sur un acteur plus charmeur et plus lumineux dans ce rôle clé.

L’intelligence de la réalisation se remarque aussi dans le choix du bilinguisme. Peu de gens parmi la communauté des expatriés fait l’effort de s’exprimer dans la langue de Goethe soucieux qu’ils sont de rester entre eux coincés dans leurs privilèges sauf Eve qui dans son quotidien communique alternativement dans les deux langues et s’intègre si bien dans la vie Viennoise qu’on comprend mieux sa peur de tout perdre.  Elle y croise la revenante Evelyne Buyle ou encore l’étrange et inquiétant Jonas (Lucas Englander) son trouble et romantique amant.

Marc Fitoussi à qui on doit aussi « La Ritournelle », signe un excellent thriller néo-noir digne d’un scénario machiavélique à la Claude Chabrol.

Dans un Vienne à l’ambiance intéressante ; rythmé par les mélodies de Bertrand Burgalat ; Karin Viard réussit une jolie performance dans cette comédie de mœurs où les apparences conjugales et sociales constituent le point de départ de cette mise en abîme aux connotations joyeusement immorales que n’aurait pas dédaignée le « Maître du suspense ».

Note : 6/10

Yves Legrand – Le 9 novembre 2020

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