Lorsque l’adulte erre !
L’été dernier
Après un retrait de presque dix ans du cinéma, Catherine Breillat revient avec « L’été dernier » présenté à Cannes emmené par une étonnante Léa Drucker et le jeune Samuel Kircher.
Notre critique ne dévoilera rien de ce corps à corps coupable.
Synopsis :
Une maison bourgeoise dans laquelle vivent des gens aisés : Anne (Léa Drucker), une avocate spécialisée dans la défense des mineurs victimes d’abus, son mari, Pierre (Olivier Rabourdin), un homme d’affaires souvent absent, et leurs deux filles adoptives (Serena Hu et Angela Chen). Il ne manque plus pour lancer l’intrigue que Théo (Samuel Kircher), un ado rebelle, né d’un premier mariage du mari.
Cela faisait dix ans depuis « Abus de faiblesse », son dernier film que Catherine Breillat n’avait plus tourné. La cinéaste désormais âgée de 75 ans fait son retour avec un récit subtil et dérangeant, remake d’un film danois « Queen of Hearts » (2019) resté inédit dans les pays francophones, porté à bout de bras par Léa Drucker, aussi troublante que l’était Trine Dyrholm dans la version originale.
Face à elle, un étonnant et troublant ado, Samuel Kircher, frère du comédien Paul Kircher, premier choix de la réalisatrice qui pris par les films Le Lycéen, de Christophe Honoré, et Le Règne animal, de Thomas Cailley n’était plus disponible.
Dans ce film présenté en sélection officielle à Cannes (?), Breillat traite du désir, des errements de l’adolescence, des interdits et (bien sûr) de sexe, un domaine plutôt familier pour la réalisatrice depuis « 36 fillette » (1988) et « Romance » (1999 avec le hardeur Rocco Siffredi).
L’histoire originelle avait tout pour plaire à la réalisatrice qui inverse ici en quelque sorte le sujet de « 36 fillette ». Cependant dans ce coup de foudre entre cette femme bourgeoise et cet adolescent transgressif et manipulateur, Catherine Breillat ne surprend pas, l’intrigue reste fragile, toxique mais trop prévisible et les rebondissements proposés peinent à être crédibles.
Finalement c’est Léa Drucker qui sauve quelque peu le film par une performance rare et un investissement de tout son corps…
Son portrait d’une femme fragile et manipulatrice qui, lorsqu’il s’agit de sauver sa famille, son couple, sa carrière, se révèle capable de tout, est assez remarquable.
NOTE :
Dans le genre incestueux, on a connu mieux et plus scandaleux !
Tenter de traduire en images l’inexplicable alchimie à l’origine d’une passion, n’est pas toujours aisé surtout lorsque la réalisatrice se complaît dans des scènes intimes où Anne gémit de plaisir mais garde les yeux obstinément fermés. On cherche en vain le suspense dans ce confort bourgeois et les dialogues (parfois théâtraux) se révèlent souvent d’une grande platitude.
Dernière remarque, à titre personnel, nous y avons trouvé beaucoup d’incohérences et cherché en vain le scandale…
Yves Legrand – Le 27 octobre 2023
Sources Photos :
© 2023 September Film
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