Et « Sy » Lupin revenait

Lupin : dans l'ombre d'Arsène 

Netflix propose en ce début d’année une nouvelle série très attendue autour du personnage d’Arsène Lupin. « Lupin : dans l’ombre d’Arsène » se veut plus un hommage au personnage imaginé par Maurice Leblanc que de nouvelles aventures du gentleman cambrioleur. Omar Sy incarne Assane Diop, fervent lecteur de Leblanc qui s’inspire de ses lectures pour réaliser ses objectifs.

Notre avis sans trop vous divulgâcher la surprise.

Critique « Lupin : dans l'ombre d'Arsène » (2021) :Et « Sy » Lupin revenait… - ScreenTune
© 2021 Netflix

Synopsis

Assane Diop est le fils d’un chauffeur de maître sénégalais accusé 25 ans plus tôt du vol d’un collier et qui s’est suicidé en prison. Or « le collier de la Reine » réapparaît lors d’une vente publique qui aura lieu dans le cadre prestigieux du Louvre. Adorateur des exploits d’Arsène Lupin , initié par ses lectures, Assane décide de réaliser un vol spectaculaire à la manière de…

Tout de suite incendiée par la presse française prompte à s’indigner quand une œuvre du patrimoine littéraire est retravaillée par d’autres alors que le dernier « Arsène Lupin » (2004) de Jean-Paul Salomé avec Romain Duris fut détesté par la critique et  aboutit à un désastre financier.

La série Netflix ne peut même si elle en a le titre être considérée comme une série comparable à celles de Georges Descrières de 26 épisodes entre 1971 et 1974 ou de Jean-Claude Brialy (1980) et « le retour d’Arsène Lupin » avec François Dunoyer. D’ailleurs Assane Diop même s’il connaît tout de l’œuvre et du héros qu’il admire ne s’identifie jamais au héros de Maurice Leblanc, il est une relecture enthousiaste du mythe mâtiné d’une modernisation des techniques et des déguisements. En réalité ce sont des dizaines de citations et de références à l’œuvre originelle qui confèrent à la série un ton et une modernité qui assurent à notre nouveau gentleman-cambrioleur son succès bien aidé par le sourire enjôleur d’Omar Sy.

Critique « Lupin : dans l'ombre d'Arsène » (2021) :Et « Sy » Lupin revenait… - ScreenTune
© 2021 Netflix

On peut comprendre que la critique française se déchaîne par frustration car après la réussite de « Sherlock » quelqu’un en France aurait dû oser s’atteler à la réactualisation d’un des plus grands héros de la culture populaire française d’autant que l’œuvre est tombée dans le domaine public en 2012 et la manière dont George Kay, le scénariste et showrunner britannique de la série (il a déjà travaillé sur « Criminal » et écrit quelques épisodes de « Killing Eve ») s’inspire des écrits de Maurice Leblanc pour en dessiner une nouvelle version légère , vive et remarquablement transposée dans le monde contemporain est un bel hommage au personnage créé il y a cent quinze ans par le romancier.

Tout comme la série « Revenge » s’inspirait librement du « Comte de Monte-Cristo » on pourrait faire un parallèle car « Lupin » c’est avant tout un nom connu dans le monde entier et dont les aventures ont été très librement et souvent adaptées en Asie (au Japon). Le personnage d’Assane Diop n’est pas seulement un prince des voleurs moderne c’est aussi un passionné de l’œuvre. Avec son hérédité contrariée, son désir de laver l’honneur de son père, le scénariste dresse encore un parallèle avec les origines du gentleman-cambrioleur issu du Pays de Caux et qui a vu sa famille lui aussi réduite à néant par le mépris de classe. La série s’amuse aussi à revisiter, avec malice et efficacité la tension amoureuse du trio formé par Assane, son ex, Clarisse et la Cagliostro même si ce propos arrive un peu tard dans cette saison 1.

Critique « Lupin : dans l'ombre d'Arsène » (2021) :Et « Sy » Lupin revenait… - ScreenTune
© 2021 Netflix

Netflix a intelligemment confié à Louis Leterrier (« Insaisissables ») la mise en scène du premier épisode dans lequel le réalisateur fait preuve de virtuosité face à des décors nombreux, des espaces très différents pas moins que le Louvre ainsi que de nombreux personnages exigeants une caractérisation percutante.  Menée tambour battant, ce premier épisode réussi à susciter l’intérêt pour le personnage, son éthique, son amour des récits de Leblanc et sa propre destinée.

Chaque épisode sera un nouveau défi qui pousse le héros dans ses retranchements ou à s’inventer un nouveau look et une nouvelle identité. « Lupin »mène son action avec un dynamisme jubilatoire profitant de chaque chapitre (ou épisode) pour revisiter les hauts-lieux de la mythologie d’Arsène Lupin et ne laisse quasiment jamais aucun repos au spectateur. Même si Clotilde Hesme et Ludivine Sagnier confèrent à leurs personnages de la nuance et du piquant, il est dommage qu’ils ne soient pas plus développés encore car les flashbacks de leur jeunesse avec Assane qui leur sont consacrés fonctionnent très bien tandis que les rebondissements qui les concernent permettent de mieux appréhender le héros incarné par Sy

Critique « Lupin : dans l'ombre d'Arsène » (2021) :Et « Sy » Lupin revenait… - ScreenTune
© 2021 Netflix

Même si le scénario dessine un univers quelque peu naïf qui n’est pas sans rappeler l’œuvre d’Hergé et sa ligne claire, on apprécie autant les raccourcis avec le matériau original que les écarts que se permet l’intrigue pour conserver le rythme tant on se réjouit du spectacle proposé, de son amour pour l’œuvre et du plaisir renouvelé pour un des grands mythes de la littérature française.

On se prend à rêver de nouvelles adaptations d’autres grands succès de la littérature populaire française tels Rocambole, Fantômas ou Vidocq (dont le dernier film fut lui aussi étrillé). Les techniques modernes permettent beaucoup de choses encore faut-il savoir écrire une bonne histoire…

Note : 7/10

Yves Legrand– Le 12 janvier 2021

Sources Photos :

  • © 2021 Netflix

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