Critique de « Kepler(s) » (2019) – Un pour tous… tous pour un ?
Un pour tous… tous pour un ? Kepler(s) C’est toujours difficile d’expliquer pourquoi il faut regarder
S.O.S. d’une mère en détresse
C’est le succès du moment sur Netflix, depuis sa sortie le 1er octobre dernier, cette mini-série en dix épisodes a rapidement trouvé son public du fait de sa portée sociale. Inspirée des mémoires de Stéphanie Land, « Maid : Hard Work, Low Pay, and a Mother’s Will to Survive » ; consacrées best-seller à leur parution en 2019 ; la série créée par Molly Smith Metzler plonge le spectateur dans l’envers du rêve américain.
Emmenée par la jeune actrice Margaret Qualley et par… sa mère : la revenante Andie MacDowell, « Maid » tente de mettre en lumière ces femmes en situation précaire pour qui la vie est avant tout une question de survie. Un succès mérité ? Verdict.
Synopsis :
Fuyant une relation violente, Alex, une jeune mère devient femme de ménage et se bat pour subvenir aux besoins de sa fille Maddy, dans l’espoir d’un avenir meilleur.
La précarité, la violence conjugale, la lutte des classes et les inégalités sociales sont autant de thématiques abordées avec plus ou moins de réussite tout au long des dix épisodes qui composent la série. « Maid » tape souvent juste dans sa visée socio-politique, elle livre un aperçu assez réaliste des aides sociales et n’occulte pas les difficultés auxquelles il faut se heurter en permanence ; le spectateur découvre ainsi le côté absurde d’un système souvent bancal où il faut donner une preuve de revenus pour obtenir des aides pécuniaires.
Outre ces aides peu satisfaisantes, on plonge sans concession dans cette Amérique semi-profonde dans laquelle notre héroïne est empêtrée. La trame narrative est plutôt efficace, on découvre en même temps quels sont les enjeux de ses démarches et à quel point la notion de violence conjugale est ambiguë pour celles (et ceux) qui en sont victimes. La série a une portée pédagogique et permet aux spectateurs de mieux comprendre les mécanismes qui mènent à ces violences et à quel point il est difficile de s’extraire de ce cercle vicieux, d’autant plus lorsque le sort d’un enfant est en jeu.
A ce titre, « Maid » propose une excellente lecture des personnages, souvent toxiques, qui gravitent autour d’Alex, à commencer par son conjoint (incarné par Nick Robinson) qui est tout sauf manichéen. Sans jamais chercher à justifier ou excuser son comportement, la série tente de comprendre ce qui a conduit cet homme à devenir violent. Ici, on ne cherche à diaboliser personne mais bien à montrer pourquoi les victimes ont tant de mal à sortir du joug de leur bourreau et retombent souvent dans le même engrenage.
A contrario, ceux qui lui veulent du bien ont aussi leurs défaillances, cela donne des personnages assez complexes. Sa mère – brillamment interprétée par Andie MacDowell – est d’une ambivalence rare, elle frise souvent la démence mais manifeste par moment une belle force de caractère.
A chaque scènes en commun, on ressent une vraie alchimie entre la star de « Un jour sans fin » et sa fille : la jeune Margaret Qualley, aperçue récemment dans « Once Upon a Time… in Hollywood » et « Mon Année Salinger », se révèle assez convaincante en mère désemparée. Certains pourraient néanmoins lui reprocher un trop grand détachement dans son interprétation, voire un côté presque enfantin qui ne cadre pas forcément avec la situation chaotique que traverse son personnage.
Dans une moindre mesure, la série confronte avec brio la situation précaire de notre héroïne à celle, nettement plus aisée, des gens chez qui elle fait le ménage, qui lui demandent de vider tout le contenu de leur frigo à la poubelle alors que leur femme de ménage sait à peine se payer une pomme. La série critique ainsi l’opulence dans laquelle vivent les plus riches tout en montrant qu’ils ne son pas forcément plus heureux.
Dans l’ensemble, « Maid » est de bonne facture si l’on excepte les quelques longueurs dont elle souffre et certaines scènes superflues. Elle tire son épingle du jeu par son écriture toute en nuance de ses personnages et ses excellentes idées de mise en scène – comme celle de matérialiser les pensées d’Alex à l’écran – qui apportent une touche d’originalité au programme.
Après « Le Jeu de la dame » et « Dans leur regard », la plateforme de streaming tape encore dans le mile avec « Maid » et son sujet dans l’air du temps. Malgré ses quelques imperfections, la série pose un regard authentique et percutant sur les diverses thématiques qu’elle aborde.
Une mini-série dotée de qualités indéniables – excellent casting et écriture de personnage nuancée – qui aurait gagné à être un peu plus incisive dans sa narration. Si elle n’évite pas certains écueils, « Maid » se révèle comme une très bonne satire sociale que n’aurait pas renié Ken Loach !
Une histoire de courage et de résilience à découvrir sans plus attendre.
Damien Monami – Le 15 novembre 2021
Sources Photos :
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