A la rencontre de JD Salinger !

Mon Année Salinger

Dans la foule des sorties de cet été, nous avons distingué ce troisième film de Philippe Falardeau avec Sigourney Weaver et Margaret Qualley.

Le réalisateur Québécois signe un hommage malheureusement un peu trop sage à la puissance de la littérature et à sa capacité à transformer nos existences.

Critique « Mon Année Salinger » (2020) : A la rencontre de JD Salinger ! - ScreenTune
© 2020 Paradiso Filmed Entertainment België

Synopsis :

1995 La petite vingtaine, Joanna Rakoff (Margaret Qualley) a plaqué ses brillantes études à Berkeley pour vivre son rêve : devenir écrivaine à New York. En attendant la gloire, la jeune fille habite chez une copine et déniche un boulot : elle devient l’assistante de Margaret (Sigourney Weaver), l’agent littéraire du dieu vivant de la littérature : J.D. Salinger à l’époque, totalement reclus à Cornish, dans le New Hampshire. L’une des tâches de Joanna ? Lire et répondre à l’abondant courrier que reçoit toujours l’auteur de “L’Attrape-cœurs”… Lequel a arrêté d’y prêter la moindre attention depuis 1963.

Il y a un an, le nouvel opus de Philippe Falardeau (« Monsieur Lazhar » 2011) faisait l’ouverture du festival de Berlin et n’y déchaînait pas particulièrement l’enthousiasme de la presse anglophone. En cause une adaptation un peu trop elliptique et poétique du récit autobiographique de Joanna Rakoff (ici coproductrice) essentiellement dominée par les deux actrices principales.

Critique « Mon Année Salinger » (2020) : A la rencontre de JD Salinger ! - ScreenTune
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Sigourney Weaver (qu’on ne présente plus et que nous reverrons bientôt dans « AVATAR 2 & 3 »), campe avec brio et rigidité, une agente littéraire qui continue à s’appuyer sur les traditions alors qu’en ces années 90, la communication bascule inévitablement dans l’ère numérique. Face à elle, Margaret Qualley est Joanna Rakoff, une autrice en devenir, engagée, comme secrétaire, qui prend l’initiative de répondre aux cris de désespoir de nombreux admirateurs de J.D. Salinger, le client le plus prestigieux de sa patronne, même s’il n’a rien publié depuis 30 ans. Si les traits de Margaret Qualley ne vous sont pas inconnus ; c’est peut-être pour sa ressemblance avec sa mère, l’actrice Andie MacDowell (« Un jour sans fin ») mais aussi pour sa participation à la série « The Leftovers »(2014-2017) , aux films « The nice guys » et surtout « Once Upon a Time…in Hollywood » de Quentin Tarantino dans lequel elle est remarquée pour son rôle de Pussycat. Avec ce premier grand rôle, elle s’affirme, apportant sa grâce naturelle, sa candeur et ses grands yeux bleus pétillants au personnage.

Critique « Mon Année Salinger » (2020) : A la rencontre de JD Salinger ! - ScreenTune
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Le film fait abondamment référence à J.D. Salinger (1919-2010) soit avec des photos ou des vues de dos puisque cet auteur fuyait la presse et la célébrité depuis 1965. Son roman « L’Attrape-Cœurs » est un classique de la littérature Américaine et s’est vendu à plus 65 millions d’exemplaires depuis sa parution en 1951. Durant la guerre, l’écrivain fut agent du contre-espionnage, débarqua à Utah Beach et fut un des premiers Américains à découvrir les camps. Sa célébrité et son retrait du monde sont les sources d’inspiration du rôle de Sean Connery dans le film de Gus Van Sant « A la rencontre de Forrester » (2001).

Il manque à ce film un souffle, un rythme qui lui permettrait de se distinguer davantage. Au départ on pense se diriger vers un récit d’apprentissage lorgnant vers « Le diable s’habille en Prada » ; mais si le vécu de Joanna Rakoff s’y apparente, très rapidement le récit se diversifie décrivant outre son quotidien, ses histoires de cœur etc… Bref son « année à New-York » (autre titre en français du film).

On notera quelques belles idées : celle de faire lire ces lettres, en principe destinées à la déchiqueteuse (sur instruction de l’auteur), par les admirateurs eux-mêmes (dont l’un est campé par Théodore Pellerin) ou encore l’inclusion de l’interlocuteur dans les rêveries de l’autrice. Margaret Qualley nous y rappelle aussi ses talents de danseuse dans une jolie scène au Waldorf Astoria. Enfin l’importance du lien pouvant s’établir entre un auteur et un lecteur, mais, surtout, on illustre la profondeur du bouleversement intérieur que peut provoquer la littérature et l’Art en général. Un film à la vision romantique mais un peu simpliste.

Note : 6/10

Yves Legrand– Le 14 septembre 2021

Sources Photos :

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