Critique « Mon Chien Stupide » (2019) : Économie du couple.
Avec « Mon Chien Stupide » Yvan Attal nous parle de l’usure du temps, du désamour de sa femme et de ses enfants ; lui qui est en couple avec Charlotte depuis 30 ans.
Persona non grata
Auréolé de la Palme d’or à Cannes en mai dernier, le film coréen signé Bong Joon-ho débarquait dans les salles belges début septembre précédé d’une fameuse réputation tant il avait fait sensation sur le Croisette avec l’obtention de la récompense suprême à l’unanimité.
Après l’étrange mais non moins intéressant « Okja », critique non voilée de la société de consommation actuelle, le cinéaste revient avec un autre thème qui lui est cher, puisque « Parasite », à l’instar du très moyen « Snowpiercer », évoque la lutte des classes entre riches et pauvres, mais avec cette fois-ci une approche ancrée dans la réalité.
Reste à voir si cette Palme d’or est méritée.
Synopsis :
Toute la famille de Ki-taek est au chômage, et s’intéresse fortement au train de vie de la richissime famille Park. Un jour, leur fils réussit à se faire recommander pour donner des cours particuliers d’anglais chez les Park. C’est le début d’un engrenage incontrôlable, dont personne ne sortira véritablement indemne…
Avec ce nouveau long-métrage, celui qui s’était fait connaître en 2003 avec le polar « Memories of Murder » revient aux sources. Après quelques grosses productions américaines au bilan assez mitigé dans l’ensemble, il est rentré au bercail pour nous soumettre un film qu’il lui ressemble et dont l’aspect social prime sur l’action pure, le tout dans un style Coréen.
Ce qui donne naissance à « Parasite », une œuvre bien sentie sur les problèmes de société ayant cours dans son pays natal. Des thèmes comme la précarité, la lutte des classes et le gouffre qui se creuse entre ceux qui vivent dans l’opulence et les autres qui n’ont même pas de quoi se payer du wifi, comme la famille du jeune Ki-taek qui est prête à tout pour s’en sortir. Les problématiques évoquées n’ont pas lieu uniquement en Corée mais on une résonance à l’échelle mondiale où les puissants écrasent de plus en plus les classes moyennes et pauvres.
En s’introduisant dans une famille huppée avec un plan qu’on pourrait qualifier de machiavélique, c’est ici l’instinct de survie qui pousse Ki-taek et ses proches à franchir le pas, d’où l’empathie qu’on éprouve pour eux malgré les actes pas très catholiques qu’ils commettent pour arriver à leur fins. On ne peut leur en vouloir car ils essayent de s’en sortir comme on ne peut en vouloir aux Park (la famille parasitée) d’avoir une vie ultra confortable, là se trouve tout le paradoxe du film ainsi que son intérêt.
Un des points fort du film est sans conteste la musique, dans son style plutôt classique, elle vient souligner à la perfection chaque moment important. Des notes graves et puissantes qui se marient avec brio aux actions qu’elles accompagnent, ces notes amènent de la tension quand il en faut, comme les moments où les protagonistes mettent leurs plans à exécution ; des notes plus douces lors des instants (plutôt rares) de calme avant la tempête. « Parasite » est la preuve par excellence que la musique est un élément essentiel dans le cinéma moderne tant son utilisation frise la perfection.
L’autre force du film est qu’à chaque instant, on sent que leur plan peut tourner au vinaigre et s’écrouler comme un simple château de cartes. On est sur la corde raide du début à la fin : par le jeu d’acteur, la musique, les interactions et bien évidement un scénario très bien ficelé, la tension est palpable tout au long du film.
De plus, si l’engrenage tend à imploser, on ressent aussi que malgré la différence sociale entre les deux familles, leurs comportements sont plutôt similaires. La famille de parasite se fond dans le moule sans forcer sa nature, la richesse est finalement la seule chose qu’ils peuvent envier à leurs hôtes dépeint comme de parfait idiot imbu d’eux même si l’on excepte le fils qui se révèle bien plus futé.
Enfin, si la lutte des classe s’exerce à priori entre les deux familles, on se rend compte au final, grâce à l’intelligence du scénario de Bong Joon-ho que même les moins favorisé peuvent malgré tout l’être plus que d’autres, cette lutte s’illustre de manière pyramidale. On est tous le riche ou le pauvre de quelqu’un où dans le cas présent le parasite d’un autre.
Avec « Parasite », le cinéaste livre une œuvre originale sur un sujet complexe et dramatique, grâce à un angle d’attaque judicieux. Loin des sentiers battus, Bong Joon-ho s’émancipe de la vision classique de l’opposition riche/pauvre, qui n’est finalement qu’une toile de fond, pour disséquer les rapports humains dans toute leur complexité.
S’il n’emploie pas toujours la plus grande subtilité pour mettre son sujet en image, le réalisateur parvient à nous embarquer dans son histoire avec une intelligence et une vivacité hors du commun. Plutôt que le drame qu’on imaginait, « Parasite » se révèle être une satire délicieuse et acerbe de la société.
Si remporter la Palme d’or à Cannes n’est pas toujours gage d’un bon film tant les critères du jury peuvent parfois nous échapper, on peut dire que « Parasite » est un grand film, une vrai réussite qui ne plaira pas seulement à un public pointu, amateur de film d’auteur, un film grand public en somme. De là à dire qu’il s’agisse du film de l’année, il n’y a qu’un pas, que l’on ne franchira pas.
« Le lion ne s’associe pas avec le cafard ».
Note : 8,5/10
Damien Monami– Le 29 décembre 2019
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