Critique « Le Livre de la Jungle » (2016) – Aie Confiaaaance … Crois en ce film !
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Un monstre et des larmes
En 2012, le réalisateur espagnol Juan Antonio Bayona faisait une entrée dans la cour des grands avec « The Impossible », son second long métrage, avec Ewan « Obi-Wan Kenobi » McGregor et la talentueuse Naomi Watts sur l’horrible tsunami qui avait ravagé la Thaïlande en 2004.
En 2016, Le jeune metteur en scène de 42 ans quitte cependant le monde du réalisme pour se tourner vers celui du fantastique et du conte onirique. Le cinéaste s’impose la lourde tâche de porter à l’écran le célèbre roman de Patrick Ness, « Quelques Minutes après Minuit », un exercice compliqué et dangereux mais loin d’être insurmontable. Pour mettre toutes les chances de son côté, Bayona va s’entourer d’un casting prestigieux avec la talentueuse Felicity Jones, le toujours en forme Liam Neeson et la géniale Sigourney Weaver.
Bayona a prouvé dans son deuxième long métrage qu’il était un metteur en scène talentueux pour raconter des histoires fortes sans pour autant délaisser le développement de ses personnages principaux. Il lui fallait tout son talent pour réussir à matérialiser toute l’essence et la profondeur du roman écrit par Patrick Ness, une œuvre avec des thématiques d’une grande richesse entre la tragédie familiale, l’absence, le deuil et le fantastique symbolique.
Bayona s’était d’ailleurs illustré dans ces thèmes précédemment dans « L’Orphelinat » en 2007 et également dans « The Impossible » où il avait montré sa capacité à rendre compte d’une tragédie en mettant sans cesse l’humain en avant.
Dans « Quelques Minutes après Minuit », le réalisateur dépeint toutes ces thématiques chères au roman avec une certaine habileté et tout en nuance. Un film qui se regarde à la fois comme un conte fantastique plongeant dans l’imaginaire d’un enfant, et également comme un drame terriblement puissant, illustrant la triste réalité de la vie.
Une œuvre qui navigue intelligemment de l’un à l’autre, entre émotion concrète et un imaginaire poétique, les deux composantes s’entremêlent sans cesse tout en s’aidant mutuellement pour diffuser avec délicatesse son message de fond, celui d’un enfant sans solution face à la maladie qui frappe sa mère.
Un jeune garçon qui ne peut pas encore comprendre la dureté de la vie, son injustice et dont la seule échappatoire est son imaginaire. Il n’est pas encore prêt à faire face au deuil, à l’absence d’un être cher, incapable de pouvoir gérer les peurs qui le rongent et donc contraint de se réfugier dans le seul endroit où il peut avoir un semblant de contrôle sur les évènements, son imagination pleine de magie pour essayer de combattre son incompréhension du monde réel.
La grande réussite de Bayona est d’avoir su habilement conjuguer à l’écran, avec un équilibre d’une grande justesse, les deux composantes qui constituent l’essence même de l’histoire contée par Patrick Ness.
D’une part, le mal être qui gangrène la vie de ce jeune garçon impuissant et désemparé face à la tragédie qui le frappe.
D’autre part, la poésie enivrante et bouleversante de ce besoin de s’évader dans un monde imaginaire pour l’aider à affronter l’inévitable et à remédier à la situation.
Avec cette œuvre, le metteur en scène espagnol dépeint avec un formidable talent l’objectif même du conte, que le réalisateur expose au spectateur dans sa plus pure définition. Il révèle comment avoir recours aux histoires et aux légendes, pour s’évader et adoucir la fatalité d’une réalité contre laquelle un jeune enfant ne peut rien.
Ainsi, le film de Bayona est tout simplement une parfaite illustration du fonctionnement de l’esprit d’un enfant, dépeint à travers l’utilisation du conte.
Avec ce portrait émouvant d’un jeune garçon s’évadant dans un monde imaginaire pour échapper à la cruelle dureté de la réalité, pour se protéger des problèmes du monde réel qu’il ne peut résoudre, « Quelques Minutes après Minuit » est un magnifique film dont la magie visuelle et le lyrisme sont une sublime réponse à l’angoisse du deuil et de l’absence.
Juste et brillant, Bayona ne laisse aucune place à toute forme de naïveté sauf celle qui habite le regard de son jeune protagoniste.
« Quelques Minutes après Minuit » est un magnifique film sur le voyage initiatique d’un enfant vers un processus d’acceptation éprouvant et douloureux. Un résultat qui ne laissera personne insensible jusqu’à son dénouement déchirant de justesse et de maîtrise.
Un long métrage brillamment interprété par des acteurs habités (la révélation Lewis McDougall et un casting féminin impeccable) et des effets spéciaux bluffants de vérité font de ce film, une œuvre à découvrir absolument !
« Quelques Minutes après Minuit » est une fable initiatique formidable, un drame poignant et émouvant sur l’expérience formatrice du deuil. Une belle manière de montrer que le pouvoir de l’imaginaire peut nous permettre de surmonter bien des épreuves. Un travail stupéfiant qui prouve que Bayona est un réalisateur à suivre Une œuvre difficile à oublier !
Note : 8/10
Julien Legrand – Le 15 août 2018
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