Le pion noir prend le fou blanc !

Sans Aucun Remords 

Pour la première fois producteur, Michael B. Jordan, porte sur ses larges épaules cette première aventure de John Kelly. Un film dont la sortie était prévue initialement au cinéma mais qui se retrouve directement sur la plate-forme de streaming Amazon par la force des choses.

Notre critique sur cette adaptation du roman de Tom Clancy.

Critique « Sans Aucun Remords » (2021) :Le pion noir prend le fou blanc ! - ScreenTune
Amazon Studios - © 2020 Paramount Pictures

Synopsis :

De retour d’une mission d’exfiltration en Syrie, un groupe de soldats des forces spéciales est ciblé par de supposés terroristes. L’un de ces marines, John Kelly (Michael B. Jordan) est attaqué nuitamment à son domicile. Il survit, mais son épouse enceinte décède. Se venger devient son obsession et aidé de la nièce de James Greer, sa supérieure (Jodie Turner-Smith), d’un agent de la C.I.A. (Jamie Bell) et d’un membre du gouvernement (Guy Pearce) il tente de remonter la piste des criminels. Chemin faisant, Kelly ne doit jamais oublier : il ne devait pas survivre !

Dès sa parution en 1993, le roman de Tom Clancy « Sans aucun remords » suscite l’intérêt des studios dès 1994, Keanu Reeves est pressenti pour entrer dans la peau de l’agent de la CIA John Kelly. Le projet ne verra pas le jour et l’idée passe de mains en mains…

Critique « Sans Aucun Remords » (2021) :Le pion noir prend le fou blanc ! - ScreenTune
Photo by Photo: Nadja Klier/Nadja Klier/Amazon Studios - © 2020 Paramount Pictures

Chez Clancy, il y a deux héros récurrents : Jack Ryan l’intellectuel, le brillant analyste qui à chaque roman gravit des échelons à la CIA (incarné à l’écran tour à tour par Alec Baldwin, Harrison Ford, Chris Pine) et qui a droit aussi (surprise !) à une série sur Amazon Prime avec John Krasinski (voir notre critique) mais aussi John Clark, son pendant plus homme d’action qu’analyste. Ce dernier n’était apparu à l’écran que pour aider Jack Ryan, tel Willem Dafoe (« Danger Immédiat » en1994) ou Liev Scheiber (« La Somme de toutes les peurs » en 2002) mais cette fois les fans des romans pourront découvrir les origines du héros John Clark. Un membre des forces spéciales qui dans sa quête de justice après le meurtre de son épouse découvre une conspiration internationale…

Attendez-vous cependant à de grandes différences entre cette adaptation et le roman de Tom Clancy. Les scénaristes Taylor Sheridan (« Wind River » et « Comancheria ») et Will Staples ont apporté leur propre vision afin d’offrir à John Clark son univers qu’il ne partage pour l’instant pas avec Ryan. Modernisation du propos oblige, la guerre du Vietnam vécue par le Kelly (futur Clark) de Clancy a laissé place à un théâtre d’opérations plus contemporain. Mais le scénario proposé reste fort convenu et nombre de situations ont un côté « déjà vu » ; que ce soit l’attaque nocturne du domicile qui n’est pas sans évoquer « John Wick » ou bien celui où l’équipe de Kelly est piégée dans un immeuble sous le feu ennemi …Le moindre film où les mots « gouvernement », « C.I.A. » et « complot » s’amalgament, suit avec application le cahier des charges du genre. Certes le film tente de surprendre mais dans un film de complots, les fausses pistes sont rares et les suspects vite identifiés.

Critique « Sans Aucun Remords » (2021) :Le pion noir prend le fou blanc ! - ScreenTune
Photo by Photo: Nadja Klier/Nadja Klier/Amazon Studios - © 2020 Paramount Pictures

Michael B. Jordan apporte à John Kelly la même intensité, la même hargne que dans « Creed », son jeu mâchoires fermées correspond à celle d’un militaire accablé de chagrin, espérons qu’il saura apporter à John Clark, l’espion, un peu plus d’entregent dans la potentielle suite « Rainbow Six » déjà bien connue des amateurs de jeux vidéo. Le multi-récompensé Jamie Bell (« Billie Elliot ») aussi à l’affiche de « Snowpiercer » ou « Tintin le secret de la Licorne » de Steven Spielberg et plus récemment de « Rocketman » incarne quant à lui l’étrange Robert Ritter, un agent de CIA et la touche féminine est apportée par Jodie Turner-Smith, la commandante de l’unité des forces spéciales.

Stefano Sollima (qui fut récompensé en 2013 au festival du Film Policier de Liège pour « A.C.A.B. » dirige son film avec efficacité mais sans fioriture comme il le fit pour « Sicario : La Guerre des Cartels ». Privilégiant les scènes nocturnes et l’action au détriment des caractères des personnages, il ne permettra pas à ceux qui voudraient approfondir leur réflexion de se plonger l’œuvre de Clancy.

Au final un film agréable plus pour ses multiples scènes d’action que pour son sujet en espérant que cette ébauche d’une nouvelle franchise saura développer tout le potentiel qui existe dans les romans.

Note : 6,5/10

Yves Legrand– Le 5 mai 2021

Sources Photos :

  • © Amazon Studios –  2020 Paramount Pictures

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