Chasséscroisés de vies 

Seules les bêtes

Nous avons souvent l’occasion de vous dire combien certains films sortent des sentiers battus et combien une bonne histoire mérite plus qu’une fugace vision lors de son passage à la télévision. C’est le cas pour ce film de Dominik Moll adapté du roman noir à succès de l’auteur français Colin Niel sorti en 2017.

C’est le cas de ce thriller dramatique franco-allemand qui nous est proposé et dont le slogan « Un Fargo à la française » pourrait en faire hésiter certains… Notre avis sans trop vous divulgâcher le sujet comme d’habitude.

Synopsis :

Une nuit , une femme disparaît sur le Causse Méjean. Le lendemain d’une tempête de neige, sa voiture est retrouvée  abandonnée sur le bord d’une route … Les gendarmes n’ont aucune piste,  mais cinq personnes se savent liées peu ou prou à cette disparition. Chacune a son secret, mais personne ne se doute que cette histoire a commencé loin de cette montagne balayée par les vents d’hiver, sur un autre continent où le soleil brûle et où la pauvreté n’empêche pas le désir de dicter sa loi.

Le traitement du sujet est original, construit comme un habile puzzle, la vision des évènements par les uns et les autres, fait progresser le spectateur de surprise en coup d’éclat le tout savamment dosé. Il y a du « Angles d’attaque » (2008) de Pete Travis dans ce thriller évolutif, les scènes d’action en moins mais la magie du Causse enneigé en plus, d’où l’allusion à « Fargo ».

Porté par Laure Calamy (« Dix pour cent » et surtout Molière de la « meilleure comédienne 2018 ») et un David Ménochet sombre et bourru, « Seules les bêtes » est un film déroutant pour le spectateur distrait mais captivant pour celui qui saura s’attacher aux détails subtilement distillés de chapitre en chapitre.

Le titre, éponyme du roman, n’est malheureusement pas un atout accrocheur pour le cinéma et son slogan non plus car des bêtes il y en a certes partout mais elles sont les spectatrices muettes de cette aventure improbable pourtant emballante et crispante de bout en bout.

Réglée à la perfection comme une montre suisse, la mécanique du thriller s’efface tout d’un coup devant la fragilité des êtres et ce n’en est peut-être que plus beau.

Note : 6,5/10

Yves Legrand – Le 13 janvier 2020

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