Taistoi Marseille ! Tu cries trop fort !

Stillwater

Tom McCarthy, oscarisé pour l’implacable « Spotlight », est venu pour la première fois sur la Croisette pour y présenter « Stillwater » un film… tourné à Marseille ! Mais point de Vieux port et pas davantage de Bonne Mère, le principal attrait du film se détourne de la traditionnelle carte postale pour coller à la vérité des quartiers pas toujours accueillants de la cité phocéenne…

Matt Damon porte sur ses larges épaules, une superbe histoire que nous ne vous divulgâcherons sous aucun prétexte. Notre avis…

Critique « Stillwater » (2021) : Tais-toi Marseille ! Tu cries trop fort ! - ScreenTune
© 2021 Focus Features and WW ENTERTAINMENT

Synopsis :

Bill Baker (Matt Damon) débarque à Marseille du fin fond de l’Oklahoma, pour soutenir sa fille Allison (Abigail Breslin) qu’il connait à peine car élevée par sa grand-mère. Elle est incarcérée aux Baumettes où elle purge une longue peine de prison, accusée d’un crime qu’elle nie avoir commis. Confronté au barrage de la langue, aux différences culturelles et à un système juridique complexe, Bill met un point d’honneur à tenter d’innocenter sa fille.

Casquette de son ex-employeur vissée sur le crâne, bouc un brin poivre et sel, légère surcharge pondérale, visage fermé, poli mais rigide ; clairement Matt Damon cherche à brouiller son image, loin, très loin de Jason Bourne. Logique, l’acteur incarne ici Bill Baker, un foreur de pétrole de l’Oklahoma qui débarque à Marseille, une ville dont il ne connaît rien (surtout pas la langue) pour aider sa fille Allison, qui clame son innocence dans une affaire de meurtre. Une performance que l’acteur a préparée, avec le soin qui le caractérise, dans l’Oklahoma au plus près de ces hommes qui travaillent dans le forage, étudiant leur façon de marcher, de bouger et goûtant à leur alimentation « super équilibrée ».

Critique « Stillwater » (2021) : Tais-toi Marseille ! Tu cries trop fort ! - ScreenTune
Photo by Jessica Forde - © 2021 Focus Features and WW ENTERTAINMENT

Dans « Stillwater », Bill le foreur de pétrole, va faire la connaissance Virginie (la lumineuse Camille Cottin de « Dix pour cent »), une mère célibataire, ainsi que de sa fille Maya (Lilou Siauvaud). À seulement 9 ans, la petite Lilou crève littéralement l’écran dans des scènes en tête à tête avec Matt Damon où ils enchaînent des dialogues anglo-français attendrissants d’une justesse exceptionnelle.

Au casting on retrouve aussi Abigail Breslin (« Little Miss Sunshine », « L’île de Nim ») dans le rôle d’Allison, la fille de Bill qui espère toujours être innocentée.  Le quatuor d’acteurs est absolument irrésistible. Toujours justes et alternant merveilleusement l’anglais et le français pour nous assurer une immersion totale dans leur histoire.

Critique « Stillwater » (2021) : Tais-toi Marseille ! Tu cries trop fort ! - ScreenTune
Photo by Jessica Forde - © 2021 Focus Features and WW ENTERTAINMENT

Tom McCarthy a imaginé un récit plein de rebondissements avec l’aide de deux auteurs français, Thomas Bidegain et Noé Debré, deux collaborateurs du cinéaste Jacques Audiard, ajoutant habilement à ce qui est un drame intimiste sur fond de ville méridionale des éléments de suspense maîtrisés de bout en bout.

« Stillwater » est passionnant et délicieusement dépaysant avec en prime la ville de Marseille comme personnage à part entière. De la prison des Baumettes aux Calanques, du vieux port aux quartiers à éviter pour les touristes ; la ville respire, brille sous le soleil, chante et crie dans son Vélodrome. Rien n’échappe à Bill, ce chrétien besogneux de l’Oklahoma dans sa quête haletante pour réhabiliter sa fille…

Critique « Stillwater » (2021) : Tais-toi Marseille ! Tu cries trop fort ! - ScreenTune
Photo by Jessica Forde - © 2021 Focus Features and WW ENTERTAINMENT

Même si le réalisateur semble hésiter entre la romance, le polar et le drame social ; Il a le mérite de proposer une vision intéressante du mâle américain écorché (de l’ère Trump) : veuf, col bleu et très chrétien, mais aussi alcoolique repenti.  Matt Damon est impressionnant et certainement « oscarisable » pour son rôle de Bill Baker, un homme au cœur tendre sous sa carapace de dur à cuire.

Le réalisateur va au bout de son propos avec une conclusion ouverte qui permet à chacun de projeter sa vision philosophique d’une histoire comme Hollywood n’en produit pas assez !

Note : 8/10

Pour son quatuor vraiment excellent !

Yves Legrand– Le 26 septembre 2021

Sources Photos :

  • © 2021 Focus Features and WW ENTERTAINMENT

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