Good Remake or not Good Remake ?

The Guilty

La team Antoine Fuqua – Jake Gyllenhaal fait à nouveau équipe après « La Rage au ventre » mais cette fois sur Netflix avec « The Guilty ». L’excellent Jake Gyllenhaal troque ses gants de boxeur en quête de rédemption pour un polo noir au cœur d’un centre d’appels d’urgence de Los Angeles.

Alors le cinéaste derrière « Training Day » parvient-il à faire aussi bien que le modèle original danois de Gustav Möller ?

Verdict !

Critique « The Guilty » (2021) : Good Remake or not Good Remake ? - ScreenTune
© 2021 Netflix Inc

Synopsis :

Au centre d’appels d’urgence de la police de Los Angeles, l’officier Joe Baylor tente de sauver la vie d’une femme, victime d’un kidnapping. Cependant, la journée va se révéler être riche en révélations et règlements de compte. S’il veut sauver cette femme, Joe va devoir compter sur son imagination, son intuition et son téléphone.

Les Américains et l’art du remake d’un film européen habile, c’est une histoire qui se répète sans cesse et cette fois c’est le parfois très bon Antoine Fuqua (« Le Roi Arthur » qui s’y colle pour Netflix en réadaptant à la sauce de l’oncle Sam le surprenant thriller scandinave (danois pour les puristes) « The Guilty » sorti en 2018 mis en scène par Gustav Möller (ici producteur) et co-scénarisé par Emil Nygaard Albertsen.

Rien de bien difficile me direz-vous, on reprend la même recette, une intrigue en huis-clos sous haute tension avec presque un seul personnage à l’écran campé avec talent par Jake Gyllenhaal. Une mission élémentaire pour un scénariste de la trempe de Nic Pizzolatto, auteur derrière la série « True Detective ».

Critique « The Guilty » (2021) : Good Remake or not Good Remake ? - ScreenTune
© 2021 Netflix Inc

Ce « The Guilty » version US prend aussi ses quartiers dans un centre d’appel d’urgence et Antoine Fuqua va très vite jouer avec sa caméra pour resserrer l’attention sur son personnage de flic rétrogradé, Joe Baylor, dont nous allons comprendre tout au long du récit les blessures et les démons qui le tourmentent.

C’est vissé sur sa chaise que Jake Gyllenhaal va de suite capter tous les regards du spectateur grâce à sa gestuelle, ses regards discrets ou son timbre de voix pour nous plonger dans une toile anxiogène dont il ne ressortira pas indemne.

Par ailleurs soulignons comme pour l’original, le soin apporté à la qualité du son et au mixage. Les appels reçus par Joe Baylor et l’excellente partition vocale des acteurs (Riley Keough excellente dans la peau d’Emily, Ethan Hawke, Paul Dano, Christiana Montoya et Peter Sarsagaard) offre une immersion totale grâce justement à ces voix presqu’inaudibles, chaque bruit, silence, moment de larme ou de respiration hors champ dessine un peu plus une trame oppressante.

Critique « The Guilty » (2021) : Good Remake or not Good Remake ? - ScreenTune
© 2021 Netflix Inc

Le scénario signé Nic Pizzolatto s’approprie donc à merveille les grandes lignes de l’œuvre originale de Gustav Möller et Antoine Fuqua utilise lui aussi habilement les mêmes procédés de réalisation que son modèle. Là où « The Guilty » version 2021 se différencie de son homologue européen c’est tout d’abord dans son décor. La version danoise jouait très intelligemment avec le minimaliste de son décor (pièce étroite et sale) pour garder constamment le spectateur en alerte, Antoine Fuqua prend plutôt le contrepied en offrant à son centre d’appel un grand open space avec de larges baies vitrées et un écran géant sur lequel est diffusée une vision de Los Angeles en proie aux flammes (élément important dans l’intrigue).

Un espace donnant de fait une dimension moins oppressante et délaissant le sentiment d’emprisonnement et de suffocation que pouvait ressentir le spectateur dans la version de Gustav Möller.

Critique « The Guilty » (2021) : Good Remake or not Good Remake ? - ScreenTune
© 2021 Netflix Inc

Face à son modèle, le long métrage d’Antoine Fuqua perd déjà ce côté claustrophobe mais récupère en qualité par l’interprétation de son acteur principal qui reste certes moins authentique que celle de Jakob Cedergren. Comme très (trop) souvent, Jake Gyllenhaal est une nouvelle fois impeccable de justesse.  Tantôt désinvolte et horripilant avec ses collègues, tantôt protecteur, impulsif et acharné dans le rôle de ce policier hargneux et rétrogradé qui va trouver une certaine rédemption en répondant à l’appel en détresse d’Emily.

Comme Tom Hardy dans le trop méconnu « Locke », l’acteur de « Night Call » nous garde en haleine de la première à la dernière seconde et crée une certaine empathie envers son personnage au fil du récit, rongé par des remords qui se dévoilent au fur et à mesure malgré quelques ficelles scénaristiques.

Critique « The Guilty » (2021) : Good Remake or not Good Remake ? - ScreenTune
© 2021 Netflix Inc

« The Guilty » version Netflix est donc une belle traduction à plus gros budget de la version danoise de 2018 avec des plans très inspirés et un Jake Gyllenhaal une nouvelle fois parfait.

Pourtant, le film d’Antoine Fuqua ne peut s’empêcher de tomber dans les travers des adaptations américaines avec quelques facilités scénaristiques et un dénouement très hollywoodien.

Moins anxiogène, claustrophobe et haletant que son modèle danois, « The Guilty » 2021 reste un thriller de bonne facture qui aurait pu être plus oppressant et plus maitrisé.

Préparez plutôt votre inhalateur pour la version de Gustav Möller !

Note : 6/10

Julien Legrand – Le 29 novembre 2021

Sources Photos :

  • © Netflix Inc  2021

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