Behind Bale Eye

The Pale Blue Eye 

Nous avions quitté Scott Cooper après son sympathique « Affamés », le cinéaste derrière « Crazy Heart » perpétue son virage plus sombre avec « The Pale Blue Eye » disponible depuis ce 6 janvier sur Netflix.

Le réalisateur refait une fois de plus équipe avec le toujours génial Christian Bale après le dramatique « Les Brasiers de la Colère » et l’excellent « Hostiles » en adaptant le roman éponyme de Louis Bayard.

« The Pale Blue Eye » est une enquête glauque menée par un détective meurtri aidé par un jeune Edgar Allan Poe qui n’est pas encore le célèbre auteur gothique américain que nous connaissons au cœur de paysages enneigés. 

Scott Cooper nous offre-t-il une belle surprise pour lancer l’année cinématographique sur Netflix ?

Critique « The Pale Blue Eye » (2023) : Behind Bale Eye - ScreenTune
Photo prise par SCOTT GARFIELD © 2022 Netflix, Inc

Synopsis :

1830, un détective chevronné enquête sur les meurtres qui ont eu lieu au sein de l’Académie militaire américaine de West Point, aidé par une jeune recrue méticuleuse qui deviendra plus tard un auteur mondialement connu, Edgar Allan Poe.

Et si Edgar Allan Poe élucidait des meurtres ? Voici la question que plusieurs auteurs contemporains se sont posés, parfois avec réussite le roman « Nevermore » où l’écrivain fait équipe avec Davy Crockett mais aussi le vraiment pas terrible film « The Raven » avec John Cusack dans la peau de Poe qui doit attraper un meurtrier se basant sur ses écrits pour tuer ; et maintenant « The Pale Blue Eye » dans lequel le jeune Edgar interprété par Harry Melling (le cousin Dudley de Harry Potter ») aide un Christian Bale mélancolique à trouver un tueur de cadet dans une académie militaire.

Critique « The Pale Blue Eye » (2023) : Behind Bale Eye - ScreenTune
Photo prise par SCOTT GARFIELD © 2022 Netflix, Inc

Le talent de Scott Cooper n’est clairement plus à démontrer, le cinéaste parvient à injecter dans chacun de ses longs métrages une mélancolie humaine cruelle et forte. Le metteur en scène avait réussi à nous attendrir dans « Crazy Heart » sur l’humilité du chanteur Bad Blake joué par un sublime Jeff Bridges, à avoir de l’empathie pour le mafieux James « Whitey » Bulger incarné brillamment par Johnny Depp dans « Strictly Criminal » et dernièrement avec le capitaine de l’armée américaine Joseph Blocker interprété par Christian Bale dans « Hostiles » ; il en sera de même ici pour le détective Augustus Landor.

Outre la misère américaine toujours dépeinte tragiquement au travers des conditions des cadets de la caserne militaire et de ses habitants, Scott Cooper va une nouvelle fois montrer que les rêves américains sont faits pour être brisés au milieu de ces magnifiques paysages blancs et glacés dans une ambiance grisante soutenue par les notes lancinantes d’Howard Shore (compositeur du « Seigneur des Anneaux » et du « Silence des Agneaux »).

Critique « The Pale Blue Eye » (2023) : Behind Bale Eye - ScreenTune
Photo prise par SCOTT GARFIELD © 2022 Netflix, Inc

Le jeune Edgar Allan Poe est un jeune poète innocent et plein d’ambitions qui n’a pas encore découvert la cruauté de l’âme humaine. Face à l’œuvre macabre qui se déploie devant lui, Poe pense trouver une échappatoire à sa condition et son interprète Harry Melling parvient à nous offrir une composition parfaite de vantard verbeux aimable.

Un exercice qui aurait pu se retourner contre lui mais l’acteur reste très juste tantôt timide et hésitant, tantôt intelligent et sensible.

À ses côtés, Christian Bale est comme toujours parfait en détective rongé par un passé tragique dont le combat intérieur n’explose pas à l’écran. Sobre et tout en retenue, son duo avec Harry Melling fonctionne parfaitement.  

Le reste du casting reste solide mais paraît sous-utilisé, notamment le retour du mythique Robert Duvall et Gillian Anderson, tout comme Charlotte Gainsbourg. Une petite déception de ce côté-là vu le prestige des comédiens.

Critique « The Pale Blue Eye » (2023) : Behind Bale Eye - ScreenTune
Photo prise par SCOTT GARFIELD © 2022 Netflix, Inc

Derrière la caméra, Scott Cooper fait « presque » un sans-faute dans sa mise en scène toujours aussi élégante et parvient à nous plonger dans cette enquête macabre grâce à de très beaux décors et un rythme efficace, dans sa première partie du moins.

On a bien dit « presque » car après une introduction prometteuse, le rythme retombe et le mystère s’essouffle. L’enquête est moins palpitante que les interactions entre les deux protagonistes qui deviennent le cœur du récit au dépend du suspense.

Scott Cooper délaisse son intrigue pour tourner sa caméra sur l’esprit de solidarité de deux hommes unis par la perte d’un être cher qui trouvent un but commun en stoppant cette série de meurtres. C’est donc presque une relation père-fils qui se développe entre Landor et Poe.

Malgré un dernier acte déchirant, « The Pale Blue Eye » perd un peu de son efficacité en cours de route avec quelques facilités dans sa résolution et c’est bien dommage vu les promesses affichées.

Critique « The Pale Blue Eye » (2023) : Behind Bale Eye - ScreenTune
Photo prise par SCOTT GARFIELD © 2022 Netflix, Inc

Finalement, « The Pale Blue Eye » est un thriller humain efficace porté par un duo de comédiens émouvants ; Christian Bale est toujours aussi touchant et Harry Melling est surprenant dans la peau d’Edgar Allan Poe dans une œuvre sobre qui ravira les amateurs du genre.

Dommage que sur plus de deux heures, le film s’étire et perd en tension pour tenir toutes ses promesses. 

NOTE :

0 /10

Le long métrage nous laisse un sentiment d’inachevé, des indices d’un plus grand mystère, d’un plus grand rebondissement, d’un meilleur point culminant… Tant de choses qui laisse un goût amer malgré le talent de Scott Cooper et de ses comédiens.

Un demi-point en plus pour ce qui ressort vraiment en fin de compte, cette relation centrale étonnamment émouvante entre les deux personnages et son décor vivant.

Julien Legrand – Le 7 janvier 2023

Sources Photos : 

© 2022 Netflix

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