James dégaine les Gun(n) !
Après la sortie du « Justice League Snyder’s Cut » qui aura divisé les passions en mars dernier, DC Comics et Warner repartent à l’assaut des salles obscures avec « The Suicide Squad » face à la concurrence du « Black Widow » de chez Marvel.
Et quoi de mieux pour rivaliser qu’une pseudo « suite » du flop (critique en tout cas) monumental « Suicide Squad » de David Ayer sorti en 2016 (qui avait pourtant rapporté plus de 700 millions de dollars). Aux manettes, on y retrouve un ancien de la maison des idées, James Gunn, auteur à l’univers coloré et au ton irrévérencieux qui nous avait offert les deux excellents volets des « Gardiens de la Galaxie ».
Totalement libre de ses choix artistiques et de sa mise en scène le cinéaste provisoirement viré à l’époque de chez Marvel (avant d’être rapatrié) peut-il faire oublier le naufrage de 2016 avec une équipe un peu remodelée (Margot Robbie est toujours là en Harley Quinn ainsi que Viola Davis en Amanda Waller et Joel Kinnaman en Rick Flash) et une classification R-Rated comme les derniers « Deadpool » ou « Logan » ?
Une sacrée prise de risque pour un résultat plein de folie ?
Synopsis :
Bienvenue en enfer – aka Belle Reve, la prison dotée du taux de mortalité le plus élevé des États-Unis d’Amérique. Là où sont détenus les pires super-vilains, qui feront tout pour en sortir – y compris rejoindre la super secrète et la super louche Task Force X. La mission mortelle du jour ? Assemblez une belle collection d’escrocs, et notamment Bloodsport, Peacemaker, Captain Boomerang, Ratcatcher 2, Savant, King Shark, Blackguard, Javelin et la psychopathe préférée de tous : Harley Quinn. Armez-les lourdement et jetez-les (littéralement) sur l’île lointaine et bourrée d’ennemis de Corto Maltese. Traversant une jungle qui grouille d’adversaires et de guerilleros à chaque tournant, l’Escouade est lancée dans une mission de recherche et de destruction, avec le seul Colonel Rick Flag pour les encadrer sur le terrain… et la technologie du gouvernement dans leurs oreilles, afin qu’Amanda Waller puisse suivre le moindre de leurs mouvements. Comme toujours, un faux pas est synonyme de mort (que ce soit des mains de leurs opposants, d’un coéquipier ou de Waller elle-même). Si quelqu’un veut parier, mieux vaut miser contre eux – et contre eux tous.
Après avoir réussi deux très bons volets des « Gardiens de la Galaxie » chez Marvel, James Gunn bénéficie d’une liberté totale du côté de chez Marvel pour faire oublier le désastre « Suicide Squad » de 2016. Le résultat de cette pseudo « suite-reboot » est à l’image de son réalisateur : complètement fou, gore, allumée et fun !
Après une introduction osée et inattendue qui nous en met, disons-le franchement, plein les mirettes et nous envoie une giclée de sang à la figure ; le cinéaste se lâche et ouvre les vannes pour un carnage jamais vu dans l’industrie super-héroïque.
Le metteur en scène offre une comédie d’action sous forme de trip jouissif pour les amateurs de pop culture, entre film de guerre américain, œuvre d’horreur empruntant beaucoup au cinéma japonais, le spectateur n’a pas le temps de s’ennuyer durant plus de 140 minutes.
« The Suicide Squad » joue habilement sur tous les tableaux pour contenter son public avec un spectacle plein d’audace (notamment dans sa mise en scène inspirée), de légèreté (avec des personnages savoureusement écrits). Bref lorsqu’un grand studio laisse les coudées franches à un réalisateur à l’univers bien établi, cela donne un vrai feu d’artifice de sang, de fun et de fusillades.
Là où la version de 2016 se prenait gravement au sérieux avec un scénario rocambolesque tout en ne développant réellement jamais ses bad guys, « The Suicide Squad » sait où il va et vers quoi il veut aller avec cette faculté du cinéaste à s’intéresser aux laissés pour compte. Sans jamais tomber dans le pathos de son prédécesseur, James Gunn signe une virée hallucinante dans ce pays inventé du Corto Maltaise dans lequel il construit son intrigue pour mieux la détruire aux détours de séquences parfois malsaines et des scènes d’action toujours lisibles et parfaitement calibrées.
Certes à la centième tête explosée ou au dixième personnages sacrifié, les effets de « The Suicide Squad » s’estompent un peu mais le film ne dévie jamais de sa ligne directrice ni de ses objectifs de divertissement. Même si le scénario reste convenu et sans grande originalité, ce sont toutes ses ramifications et la poésie visuelle de Gunn qui en font un sacré bon moment de cinoche.
On perçoit d’ailleurs que tout ce petit monde a pris énormément de plaisir à jouer dans ce trip hallucinatoire et sanglant (mention spéciale à John Cena, Stallone en King Shark et à Idris Elba). Le personnage qui bénéficie le plus du travail du réalisateur, c’est bien Harley Quinn, la fiancée du Joker peut laisser exploser toute la folie qui l’habite et offre enfin à Margot Robbie l’occasion d’exploiter son potentiel comique. Au détour d’une séquence d’évasion dantesque embellie par la partition du trop rare John Murphy, l’actrice australienne est jubilatoire et obtient enfin une scène à la hauteur de son personnage iconique.
« The Suicide Squad » est un OVNI dans le paysage cinématographique super-héroïque, bien plus irrévérencieux et graphique que « Deadpool » et plus maitrisé que le bazar « Aquaman ». Porté par la folie destructrice et jubilatoire de James Gunn, le nouveau bébé de DC Comics étonne par sa générosité spectaculaire avec parfois de l’émotion au milieu du chaos.
Soutenu par un casting impliqué, une mise en scène inspirée et plusieurs séquence iconiques, « The Suicide Squad » ravira les amateurs de trip excessif. Par contre, si vous ne rentrez pas dans le délire, les 2h20 de films vous paraitront bien longues.
Hilarité, style et spectacle sont les maitres mots et comme la devise du film le dit : « Ils tueraient pour sauver le monde » et nous, nous tuerions pour des films avec autant d’audaces et de fun.
Julien Legrand– Le 1er août 2021
Sources Photos :
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