Bons baisers (virtuels) de Russie !

The Undeclared War 

Signée Peter Kosminsky, le créateur de « Serment » (2011) et « The Slate » (2017), « The Undeclared War » propose une immersion au cœur des services de renseignements. Le pays est au bord de l’implosion informatique mais qui est l’auteur de cette attaque et pourquoi ?

Notre avis ne compte pas ses lignes de code pour vous informer.

Critique « The Undeclared War » (2022) : Bons baisers (virtuels) de Russie ! - ScreenTune
© Playground Television UK (TUW) Ltd.

Synopsis :

2024, Andrew Makinde (Adrien Lester) le Premier Ministre conservateur noir du Royaume-Uni est fragilisé par une vague de perturbations liées aux télécommunications et à l’internet. Une équipe d’analystes au cœur du GCHQ (Government Communications Headquarters) tente de parer à ce qui semble être une cyber-attaque contre le système électoral du pays.

Nouvelle série en six épisodes diffusée en 2022 sur Channel 4 en Grande-Bretagne et désormais proposée sur Canal +, « La guerre non déclarée » est un thriller d’espionnage qui tient davantage de la partie d’échecs entre équipes de hackers des Services Secrets que du film d’action ou de série style « The Night Agent » voire de Mission Impossible puisqu’ici aussi Simon Pegg (Danny Patrick chef du GCHQ) est de la partie. 

Critique « The Undeclared War » (2022) : Bons baisers (virtuels) de Russie ! - ScreenTune
© Playground Television UK (TUW) Ltd.

L’action est située dans un futur proche, avril 2024, et la guerre en Ukraine est loin d’être de l’histoire ancienne… Quant à cette guerre-ci qui ne dit pas son nom, elle oppose Russes et Anglais avec les nouvelles armes chères à certains politiciens : les fake news ou pour être plus français la désinformation.

Cette technique n’est pourtant pas une nouveauté, la seconde guerre mondiale en était un riche exemple, souvenons- nous du film « La Ruse » (2021).

Critique « The Undeclared War » (2022) : Bons baisers (virtuels) de Russie ! - ScreenTune
© Playground Television UK (TUW) Ltd.

Une partie de l’intrigue se passe dans l’usine à trolls russe (ou si vous préférez une fabrique de fausses nouvelles et de désinformation) où se rencontrent Vadim (Herman Segal) et Marina (Tina Dalakishvili, « Tyler Rake 1 & 2 ») tous deux comme leurs interlocuteurs s’expriment dans la langue de Tolstoï ce qui force encore un peu plus le clivage Est-Ouest. « Bons baisers de Russie » était le titre d’un James Bond datant de 1963, on pourrait le paraphraser 60 ans plus tard et dire : Bons baisers de l’usine à trolls !

Cette série britannique est une brillante et dérangeante illustration de l’actualité récente qui a déjà pollué certaines élections à coup de trolls et autres manipulations de l’opinion publique.

Critique « The Undeclared War » (2022) : Bons baisers (virtuels) de Russie ! - ScreenTune
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Depuis « Rubicon » (2010) ou « Black Mirror » (2011-2014) le sujet peu traité car manichéen (et fabrique à fanstasmes) n’avait plus été le cœur même de l’intrigue.

Nous suivons les premiers pas au GCHQ de Saara Parvin (Hannah Khalique-Brown) une jeune anglaise musulmane, particularité confessionnelle qui lui confère une palette de sentiments délicatement équilibrés entre retenue et débordements. La jeune étudiante fraîchement débarquée pour un stage va soulever certains pièges du malware que ses collègues n’ont pas remarqués, aveuglés par leurs habitudes de travail.

Critique « The Undeclared War » (2022) : Bons baisers (virtuels) de Russie ! - ScreenTune
© Playground Television UK (TUW) Ltd.

Pour nous aider à percevoir les cheminements de pensée de l’héroïne devant ses écrans et ses lignes de code, le réalisateur a choisi une mise en images efficace mais surréaliste comme lorsque Saara devient symboliquement un charpentier muni d’une ceinture d’outils ou lorsqu’elle cherche des informations dans une cabine téléphonique transformée en bibliothèque. Des extrapolations visuelles très compréhensibles et fascinantes !

Critique « The Undeclared War » (2022) : Bons baisers (virtuels) de Russie ! - ScreenTune
© Playground Television UK (TUW) Ltd.

Les pièges imaginés dans le scénario et ses multiples rebondissements obnubilent bien vite le téléspectateur qui ne peut plus lâcher et visionne les six épisodes au plus vite. C’est tout l’art de la série, rejeter pensée unique ou théorie du complot, rien n’est jamais tout blanc ou tout noir et si cette jeune femme qui n’est pas issue du moule est plus proche de la vérité que les pros du clavier quoi de plus gratifiant. A l’heure de l’A.I., un regard frais et neuf est plus que bienvenu.

Une excellente mise en abîme qui sonnera désormais dans votre subconscient à chaque vraie – fausse nouvelle…

NOTE :

0 /10

Efficace, pour ne pas dire clinique, voire quelque peu cynique, cette mini-série bien dans le style de ce que nous proposent souvent les chaînes anglaises à l’image des séries « Bodyguard » ou « Trigger Point » est crédible et bien documentée.

Succès oblige, une deuxième saison est en production et Peter Kosminsky a révélé à la presse quel en serait l’axe principal : « Comment les concepteurs du logiciel malveillant qui attaque la Grande-Bretagne ont-ils pu intégrer dans leur code l’adresse MAC d’un ordinateur particulier au sein du GCHQ ? »  Wait and see !

Yves Legrand – Le 27 novembre  2023

Sources Photos : 

© 2022 Playground Television UK (TUW) Ltd.

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