Coup de chaud en pleine guerre froide !

Totems

« Totems » est une ambitieuse production française diffusée sur Amazon Prime Vidéo depuis février 2022. Cette série d’espionnage nous immerge dans les années 60 en pleine guerre froide. Co-scénarisée par Juliette Soubrier (les bracelets rouges) et Olivier Dujols (« Le Bureau des Légendes », « Falco ») ; notre avis sur cette série dont l’univers est plutôt l’apanage des anglo-saxons à part lorsqu’il s’agit d’Hubert Bonisseur de La Bath…  

Critique « Totems » (2022) : Coup de chaud en pleine guerre froide ! - ScreenTune
© 2022 Amazon Prime Video

Synopsis :

L’intrigue de « Totems » se déroule en pleine guerre froide, en 1965. Un ingénieur Francis Mareuil (Niels Schneider) est recruté par les services secrets français. Sa mission : enquêter sur un projet spatial soviétique qui pourrait bien faire basculer le fragile équilibre mondial. Francis quitte Paris, sa compagne Anne (Ana Girardot) et son fils, pour rejoindre Berlin Est. Inscrit à une conférence, il y fait la rencontre Lyudmila (Vera Kolesnikova), pianiste et fille d’un célèbre astrophysicien russe, que le KGB a contraint à espionner son propre père. Peu à peu, alors que le premier est chargé d’approcher le père de l’autre pour obtenir des informations sur une mystérieuse bombe téléguidée, leur relation se mue en romance. Mais comment savoir s’il s’agit de sentiments sincères ou de manigances politiques ? 

Le point fort de « Totems », c’est sa reconstitution historique plus vraie que nature. Les décors, les costumes, les véhicules, tout contribue à immerger le spectateur dans l’ambiance de la guerre froide. Du mur de Berlin, aux hôtels spartiates typiques de l’Allemagne de l’Est, nous sommes plongés dans l’atmosphère oppressante que faisait régner la Stasi (la police secrète de RDA) durant cette période, espionnant tout le monde convaincu que ceux qu’elle surveillait pouvaient collaborer avec l’adversaire.

Dans ce climat anxiogène d’espionite aiguë, Francis et Lyudmila sont un rayon de soleil bienvenu.  Impliqués, contre leur gré, dans le conflit et devenus espions malgré eux en leur faisant espérer de quoi changer le cours de leur vie. 

Maîtres du genre, avec des espions qui ont noms : Jason Bourne, Ethan Hunt et autre James Bond pour ne citer qu’eux, les anglo-saxons ont découvert les séries d’espionnage à la française avec « Bureau des légendes » et désormais « Totems ». Il y a aussi un certain Hubert Bonisseur de La Bath, alias « OSS 117 » campé par Jean Dujardin dans les comédies de Michel Hazanavicius

Dans « Totems », ce sont des individus aux vies tranquilles (un ingénieur en aérospatiale, une pianiste, une infirmière) qui se retrouvent manipulés de toute parts pour servir les intérêts des services d’espionnage. Des enjeux plus intimistes pimentent le récit, dans la tradition des thrillers élégants d’Alfred Hitchcock (« Les Enchaînés »). La vision française d’une série d’espionnage est moins axée sur les bagarres, les explosions ou les effets spéciaux, mais opte davantage sur le ressenti, l’angoisse et les tensions entre les protagonistes. 

Au générique, on est surpris de retrouver José Garcia et Lambert Wilson pour qui c’est la première incursion dans le monde des séries et on peut dire sans rien divulgâcher qu’ils y sont excellents. José Garcia dans un rôle sombre y est troublant de justesse, lui qu’on a catalogué comique et un brin excessif s’y révèle sobre (l’acteur …pas le personnage) et redoutablement efficace.  

Tout au long des huit épisodes parfaitement rythmés et riches de suspense, les différents réalisateurs ont su recréer un univers de guerre froide et de tensions Est-Ouest sans grands temps morts. Les deux acteurs principaux Vera Kolesnikova et Niels Schneider nous embarquent dans leur quête de vérité et dans leur (im)possible amour. La rédemption est-elle au bout ? 

Note : 7,5/10 

Une excellente série que grâce à Prime vidéo on peut dévorer en une longue soirée tant l’envie du dénouement nous guette. Des comédiens excellents, le parti pris (rare dans une production française) de voir nombre d’acteurs s’exprimer dans plusieurs langues et une reconstitution historique impeccable (avec de gros moyens). Vivement une saison 2 pour repartir en 1966 ! 

Yves Legrand – Le 13 avril 2022

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