Tout d’abord la série britannique déroule ses intrigues sur une île et des localités imaginaires ; le décor est joyeusement coloré et propret, là où la série française propose pas mal d’endroits tagués ou à la peinture écaillée plus proche de la réalité. Les deux actrices métisses (Sara Martins et Sonia Roland) de ces séries ne sont pas originaires des Antilles (l’une est née au Cap-Vert, l’autre au Rwanda) et sans que ce soit une critique on peut s’interroger sur l’impossibilité de trouver dans le vivier des actrices françaises, une antillaise capable d’assumer ce genre de rôle.

S’il y a une différence fondamentale entre les deux programmes, c’est la vie sexuelle des personnages féminins, autant dans « Meurtres au paradis », les femmes n’en ont quasi aucune, autant la série française nous propose des femmes libérées, assumant pleinement leurs choix, ce qui les rend attachantes et responsables (enfin quand les enfants de la commandante acceptent ses choix). Autre différence notable ; aux Antilles, le créole est bien présent et pour une fois il l’est dans « Tropiques criminels » puisque tant Julien Béramis qui incarne le Lieutenant Aurélien Charlery que Mark Grosby (Gaëtan Coste) s’expriment ou traduisent certains propos échangés en créole avec des amis ou des témoins. Enfin les thèmes abordés (la transsexualité, l’avortement, le vaudou autant de sujets sensibles sur les îles) et le traitement des enquêtes beaucoup plus humoristique que simplement flegmatique constituent un plus par rapport à la série britannique aux énigmes criminelles style Cluedo à la Agatha Christie (certes assumées) qui va fêter sa onzième saison mais qui commence à souffrir d’un changement de casting presqu’à chaque saison.