Critique de « Nous finirons ensemble » (2019) : Copains comme cochons.
Copains comme cochons Nous finirons ensemble Voilà maintenant neuf ans que sortait sur nos écrans
Plaie d’argent n’est pas mortelle ?
Après le triomphal « Intouchables » et « Le sens de la fête », mais aussi la série « En Thérapie », Eric Toledano et Olivier Nakache reviennent pour évoquer le militantisme écologique et le surendettement dans « Une année difficile ».
Notre avis CASH sur la dernière tragi-comédie du duo Nakache Toledano !
Synopsis :
Les voies du militantisme sont parfois impénétrables. Pour Albert (Pio Marmaï) et Bruno (Jonathan Cohen), deux surendettés au bord du gouffre, leur activisme écolo, c’est avant tout la perspective de boire des bières gratuites et, pour Bruno, de côtoyer Cactus (Noémie Merlant), militante active dans la lutte contre la surconsommation. Petit à petit, ils vont intégrer le mouvement mais avec leurs propres convictions…
Au cas où le spectateur l’ignorerait, le titre du film est extrait des déclarations télévisées de tous les présidents français à l’exception du Général De Gaulle promettant une « année difficile » à la population.
Après les succès de « Hors Normes » (2019), « Intouchables » (2011) ou encore « Le sens de la fête » (2017), et avoir traités des problématiques de la famille, du handicap, des sans-papiers, Eric Toledano et Olivier Nakache situent leur nouveau long-métrage dans le milieu associatif lié à résoudre le surendettement des particuliers et un mouvement proactif d’écologistes radicaux.
En fait, et c’est toute la problématique de ce film tragi-comique, les personnages et leurs actions ne sont pas centrés sur un seul sujet. Albert (dit Poussin) et Bruno (dit Lexo) sont deux quadragénaires complètement endettés qui croisent de jeunes militants écolos. Plus attirés par la bière et les chips gratuits que par leurs arguments, ils vont peu à peu intégrer le mouvement plus par opportunisme que par conviction.
Les réalisateurs accueillent deux nouveaux acteurs dans leur univers, Jonathan Cohen (qui remplace Alban Ivanov indisponible) et Noémie Merlant (César 2023 pour son rôle dans « L’innocent ») et retrouvent Pio Marmaï (« Les Trois Mousquetaires ») qu’ils ont dirigé dans la série « En thérapie ».
Le long métrage bénéficie d’une excellente photographie et d’une bande sonore où la valse à mille temps de Jacques Brel devient jubilatoire lors d’un Black friday d’anthologie. Il est porté par un duo de losers magnifiques qui rappelle ceux de Gérard Jugnot et Daniel Auteuil (« Pour cent briques t’as plus rien ») ou de Michel Blanc et Gérard Lanvin (« Marche à l’ombre ») mais même si nombre de situations prêtent à rire, nos deux Pieds Nickelés restent des escrocs patentés qui ont bien des choses à se reprocher et dont les curriculums n’ont rien de romanesque.
Mélanger la fin du mois et la fin du monde, c’est un choix qui sur le papier semble intéressant, malheureusement les mouvements écologistes tels que « Soulèvement de la terre » et « Extinction rébellion » peinent à convaincre le public, justement car leurs actions d’éclat ne tiennent jamais compte de la fin du mois des familles.
Mais de ce questionnement éminemment politique, il ne ressort finalement aucune ébauche de solution dans le film.
On a connu notre duo de réalisateurs plus mordant et plus inspiré. Le choix de mixer les deux problématiques n’était peut-être pas le bon. « Une zone à défendre » traitait aussi d’écologie et l’agrémentait aussi d’une histoire d’amour…
Ici nous aurions terminé le film (sans rien divulgâcher) sur le tarmac !
Une histoire qui a du mal à choisir un axe clair et nous aurions préféré qu’il reste, en ces temps de précarité, centré sur le surendettement…
Reste que Eric Toledano et Olivier Nakache ont réalisé une honnête comédie portée par trois excellents comédiens ; Pio Marmaï toujours juste, un Jonathan Cohen plutôt sobre et donc drôle et une Noémie Merlant motivée en éco-féministe des beaux quartiers mais ajoutons aussi une mention pour les deux rôles secondaires incarnés par Danièle Lebrun (de la Comédie Française) et Mathieu Amalric (« J’accuse »).
Yves Legrand – Le 25 octobre 2023
Sources Photos :
© 2023 Cinéart – https://www.cineart.be/fr/presse/une-annee-difficile
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