Un Père Honorable

Une part manquante (2024)

« Nos batailles », deuxième long-métrage de Guillaume Senez, avait confirmé le talent du cinéaste belge, avec deux nominations aux Césars et cinq Magritte en 2019. Il nous revient ce 20 novembre avec « Une part manquante », un film troublant, touchant, sur la parentalité avec Romain Duris.

Notre critique vous emmène au pays du soleil levant…

Critique « Une part manquante » (2024) : Un père honorable ! - ScreenTune
© 2024 LesFilmsPelleas-VersusProduction

Synopsis :

Tous les jours, Jay (Romain Duris) parcourt Tokyo au volant de son taxi à la recherche de sa fille, Lily. Depuis 9 ans qu’il est séparé de sa femme, il n’a jamais pu obtenir la garde de sa fille. Alors qu’il a perdu tout espoir de la revoir, il s’apprête à rentrer en France lorsque Lily monte dans son taxi.  Malheureusement, elle ne le reconnaît pas…

Nouvelle collaboration entre Romain Duris et son réalisateur de « Nos batailles », avec encore la paternité comme sujet ; toutefois ce drame intimiste avec la mégalopole de Tokyo comme décor prend son temps pour dévoiler toute son humanité.

Critique « Une part manquante » (2024) : Un père honorable ! - ScreenTune
©2024 LesFilmsPelleas_VersusProduction

Pour les gaijin (外人, c’est à dire personnes de l’extérieur) que nous sommes, la société japonaise offre d’étonnants paradoxes. Ainsi, pour la stabilité de l’enfant, le principe de garde partagée ou de droit de visite n’existe pas (tout au moins jusqu’en mai 2024, la garde partagée a enfin été votée par le Parlement japonais et sera effective en 2026).

Dans les faits, la garde exclusive est donnée au parent qui quitte le foyer, c’est-à-dire à la mère dans 86% des cas (chiffres de 2022). Le conjoint qui n’a plus d’autorité sur l’enfant risque de ne plus jamais le revoir, sauf après sa majorité.

Critique « Une part manquante » (2024) : Un père honorable ! - ScreenTune
©2024 LeonidasArvanitis

Le réalisateur dépeint avec sensibilité la désespérance d’un père et ses tentatives de rapprochement avec sa fille Lily (la lumineuse Mei Cirne-Masuki) qui ignore tout de son géniteur. Romain Duris apporte, comme dans son personnage du Règne animal, une humanité bienveillante. A ses côtés, Jessica, la géniale Judith Chemla (« D’argent et de sang »), une mère en plein divorce bataillant, elle aussi, pour obtenir une garde partagée de son petit garçon.

Romain Duris, un français exilé à Tokyo, devenu chauffeur de taxi et s’exprimant dans un excellent japonais (grâce à un beau travail en phonétique) est bluffant de vérité. Le récit s’attache à son personnage principal mais dilue sa tension dramatique dans ses relations compliquées avec son propre père, pour, enfin dans quelques scènes laisser les sentiments exploser au grand jour, suscitant enfin ce surcroît d’émotions attendu quoiqu’un peu tardif. 

Critique « Une part manquante » (2024) : Un père honorable ! - ScreenTune
©2024 LeonidasArvanitis

En prise directe avec une réalité vécue, Une part manquante est un film touchant, écrit avec sensibilité et filmé sans prétention.

NOTE :

0 /10

C’est à la suite d’échos sur ces phénomènes de garde exclusive que Guillaume Senez et Romain Duris ont contacté des gens impliqués tels que Vincent Fichot, qui a fait une grève de la faim pendant les Jeux Olympiques de Tokyo (2021) dans l’espoir de pouvoir revoir son fils et sa fille.

En accompagnant ce dernier dans des manifestations contre les enlèvements d’enfants, Guillaume Senez découvre que ce phénomène concerne autant de japonais que d’étrangers comme les français Emmanuel de Fournas et Stéphane Lambert et concerne autant d’hommes que de femmes.

Yves Legrand – le 28 novembre 2024.

Sources Photos : 

© 2024 O’Brother Production

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