Un face à face digne d’un roman de Simenon

Villa Caprice 

Vieux routier de la télévision, le réalisateur-scénariste Bernard Stora signe ici un cinquième film, le premier depuis « Un dérangement considérable » (2000). Comme son téléfilm « La Dernière Campagne » en 2013, « Villa Caprice » s’intéresse au monde politico-judiciaire français mais pas seulement…

Notre avis ci-dessous sur l ’affrontement Bruel-Arestrup.

Critique « Villa Caprice » (2021) : Un face à face digne d’un roman de Simenon - ScreenTune
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Synopsis :

Avocat célèbre, Maître Luc Germon (Niels Arestrup) pense atteindre la consécration professionnelle lorsque Gilles Fontaine (Patrick Bruel), l’un des chefs d’entreprise les plus puissants de France, lui demande d’assurer sa défense. L’homme d’affaires est soupçonné d’avoir acquis dans des conditions douteuses une magnifique propriété sur la Côte d’Azur, la Villa Caprice. Humilié médiatiquement et furieux de s’être laissé piéger, Fontaine compte sur l’habileté de Maître Germon pour le tirer de ce mauvais pas. Mais une étrange relation de pouvoir s’installe bientôt entre les deux hommes, en principe alliés. Qui prendra l’avantage ?

« Villa Caprice » ne se raconte pas vraiment, le long métrage se vit de l’intérieur à la manière d’un roman de George Simenon. Entre un homme d’affaires d’envergure internationale et un ténor du barreau, commence un subtil mano à mano. Mais qui manipule qui ? C’est la question existentielle de « Villa Caprice ».

Bernard Stora dit avoir écrit le rôle de Germon en pensant immédiatement le proposer à Niels Arestrup. Et comme à son habitude, l’excellent et multi césarisé comédien apporte à son personnage une profondeur et un mystère permanent, qui interroge sur la véritable quête de maître Germon ? Patrick Bruel incarne un personnage des plus antipathiques ; une première dans sa riche carrière mais qui prouve ainsi sa volonté de se diversifier et sa capacité à sortir de sa zone de confort. L’incroyable Michel Bouquet, à bientôt 96 ans (il est né en 1925 et récipiendaire de deux Césars et deux Molières), incarne le père méprisant et un brin raciste de Germon, quant à leurs joutes verbales, elles sont de petits moments d’exception. C’est là qu’on retrouve une petite musique qui n’est pas sans similitude avec l’œuvre de Simenon, véritable maître dans l’art de sonder les êtres.

A 78 ans, Bernard Stora essentiellement connu pour ses téléfilms dont « L’Aîné des Ferchaux » avec Jean-Paul Belmondo ou « Le Grand Charles » avec Bernard Farcy (2005) et Pascale Robert-Diard sa co-scénariste (journaliste au Monde) se sont inspirés du suicide d’un avocat d’affaires parisien et d’un couple politique connu pour construire cette fiction qui mélange le monde des affaires, de la justice et de la politique.

L’intérêt du réalisateur ne se focalise pas sur l’homme d’affaires corrompu mais bien sur le brillant avocat ; s’interroge sur son aura dans le gotha politico-financier français et sur les rapports ambivalents qu’il entretient avec son rustaud de père « Villa Caprice » n’est pas un thriller au sens classique plutôt une peinture sociétale malheureusement pas assez aboutie et un peu creuse Le scénario bien qu’un peu simpliste est sauvé par d’excellents acteurs qui lui permettent de créer une atmosphère pleine de non-dits et de mystères sur fond de cartes postales méditerranéennes…

Note : 6/10

Yves Legrand– Le 24  juin 2021

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