Lady Bird (2018)
Auréolé d’un Golden Globe du meilleur film musical ou de comédie et en lice pour l’Oscar du meilleur film, « Lady Bird » est le premier film de l’actrice Greta Gerwig, habituée des films indépendants, en tant que réalisatrice. Et c’est donc sans surprise qu’elle nous propose un film dans la même veine. Mais ce film porté par la talentueuse Saoirse Ronan mérite-t-il toute l’attention qu’il reçoit ? Eléments de réponse…
Voici donc l’histoire de Christine McPherson, une ado un peu rebelle qui se fait appeler « Lady Bird » pour se démarquer. En perpétuel conflit avec sa mère, butée et caractérielle, elle rêve de quitter la banalité de Sacramento et de migrer vers la côte-est afin d’y intégrer une université digne de ce nom où elle sera reconnue à sa juste valeur. Mais le parcours est semé d’embûches, son père aimant mais dépressif est sur le point de perdre son emploi et « Lady Bird » n’est pas encouragée dans sa démarche par son école catholique puritaine et encore moins par sa mère.
Si la mise en abîme sort un peu du lot, l’ensemble du film ne se démarque pas par son originalité et s’embourbe vite dans une marre de clichés propres aux teen-movies. Il n’y a rien de très novateur, Greta Gerwig brasse sans grande profondeur les questionnements habituels d’une ado américaine de 17 ans : Les premiers amours et les déceptions qui vont avec, le besoin d’émancipation propre à l’adolescence, les différents avec les parents et surtout la recherche de reconnaissance par les élèves plus populaire au détriment de ses vrais amis qui ne le sont pas et pour pousser le cliché à son paroxysme, l’amie en question n’est évidemment pas un canon de beauté, au contraire.
Le gros problème de Lady Bird est que la plupart des sujets pourraient être intéressants en creusant d’avantage, mais ceux-ci ne sont qu’effleurés tout le long du film. On passe d’une scène à l’autre sans réelle transition, Christine est dans sa première relation avec un garçon dans une scène que son prochain flirt entre déjà dans la danse, l’enchaînement est beaucoup trop net. Certains personnages donnent l’impression d’être de simples faire valoir comme le frère de « Lady Bird » et sa copine, dont la place dans la famille est un mystère, on aurait très bien pu les supprimer que le scénario n’aurait pas été chamboulé.
Evidemment, tout n’est pas à jeter dans ce film, les dialogues sont très bien ficelés, sans être moralisateurs comme c’est souvent le cas dans ce genre de films. Le jeux d’acteurs ne souffre lui d’aucune contestation. Sous ses faux airs de Kate Winslet dans « Eternal Sunshine of the Spotless Mind », Saoirse Ronan livre une prestation enthousiasmante et pleine de justesse qui sauve le film de la noyade. L’humour présent dans certaines situations cocasses est assez rafraîchissant. Enfin, la photographie est travaillée et offre un côté nostalgique à l’ensemble.
Si cette nomination fait écho au mouvement #metoo, on se demande bien pourquoi. Malgré une Saoirse Ronan convaincante dans son interprétation, ce rôle ne fait en rien avancer la cause des femmes quant à leur place dans la société, c’est une ado des plus banale avec son côté excentrique. Un film comme « Three Billboards » est bien plus cohérent dans ce sens avec le personnage de Mildred Hayes (Frances McDormand), une femme forte qui ne se laisse pas faire.
Malgré ses bonnes intention, « Lady Bird » ne parvient jamais à décoller, l’ensemble est plat et le scénario souffre d’un manque criant d’originalité. La plupart des scènes sont trop prévisibles et une fois que l’on a fait le tour des interrogations posée par le film, on n’a rien appris de nouveau, tout comme Christine qui semble regretter ses choix douteux. En fin de compte, « Lady Bird » ne casse pas trois pattes à un canard et sa nomination aux Oscars laisse pantois, beaucoup de bruit pour pas grand-chose au final.
Note: 5/10
Damien Monami – 03 mars 2018