Portrait : Bruce Willis – Chauve-qui-peut
Chauve-qui-peut Bruce Willis Dans les années 80 et 90, son seul nom suffisait à construire
La rouquine flamboyante
Depuis son rôle marquant dans « La La Land » en 2017 qui lui a valu nombres de récompenses ainsi que la reconnaissance de ses pairs, elle est devenue la nouvelle coqueluche du tout Hollywood. Pourtant avec une carrière entamée une dizaine d’années auparavant, Emma Stone n’a pas attendu la comédie musicale de Damien Chazelle et son retentissant succès pour s’imposer comme une valeur sûre du cinéma mondial.
Il faut dire qu’elle ne laisse personne indiffèrent avec son charme atypique, une chevelure fauve, un teint clair et quelques taches de rousseur, mais ce qui fait sa singularité se trouve au niveau de sa voix, étonnamment grave pour une femme.
Après des débuts poussifs fait d’apparitions fugaces dans plusieurs séries à succès, elle finit par démonter la mesure de son talent et s’impose grâce à des comédies bien senties avant de se faire une réputation dans des films au ton plus sérieux qui lui permettent de montrer sa vraie valeur et de se faire ainsi une place au soleil.
Retour sur l’ascension fulgurante d’une rouquine au grand talent.
C’est à Scottsdale, une petite ville d’Arizona, que la petite Emma, de son vrai nom Emily Jean Stone, est venue au monde le 6 novembre 1988. Son père, entrepreneur et sa mère, femme au foyer étaient plutôt aisé et étaient propriétaires du golf de la ville ainsi qu’un hôtel où elle passa une partie de son adolescence. Elle a un frère de deux ans son cadet et possède des origines suédoises, leur nom de famille était en réalité Sten mais est devenu Stone lorsque leurs ancêtres ont émigré aux États-Unis.
Dès son plus jeune âge, elle se passionne pour l’art de la comédie et rêve de devenir actrice. Elle effectue sa scolarité dans plusieurs écoles jusqu’à l’adolescence avant que ses parents ne décident de lui payer des cours par correspondance afin qu’elle puisse mette tout en œuvres pour réaliser son objectif. Elle va alors fréquenter pendant deux ans le Valley Youth Theatre où elle met son talent au service de pas moins de seize productions différentes. Cela ne l’empêche pas d’en vouloir toujours plus et de s’illustrer également dans une troupe d’improvisation dont elle fait partie.
Toujours là pour l’encourager dans sa démarche, ses parents engagent par la suite un coach personnel pour qu’elle se perfectionne dans la comédie. A 15 ans, Emma Stone intègre le lycée privé, Xavier College Preparatory, mais une fois n’est pas coutume, elle n’y reste que peu de temps. Une période de six mois nécessaire à convaincre ses parents de s’installer à Los Angeles pour y tenter sa chance comme actrice.
C’est après avoir emménagé dans la mégalopole Californienne avec sa mère et avoir intégré l’Académie Screen Actors Guild, qu’elle choisit de prendre « Emma » de manière définitive, son nom complet étant déjà pris par une autre aspirante actrice, qui, malheureusement pour elle n’aura pas le même succès que son homonyme.
Ses premiers pas en tant qu’actrice, elle les fait en 2004 dans le téléfilm « In Search of the New Partridge Family », remake d’une série du même nom diffusée en 1970. Manque de chance pour la jeune actrice, celui-ci ne sera finalement pas diffusé. Néanmoins ce n’est que partie remise puisqu’elle décroche plusieurs petits rôles dans des séries notables telles que « Medium » et « Malcolm ». Des apparitions remarquées qui ne l’empêche pas de se voir refuser certains rôles comme celui de Claire Bennet dans la série fantastique « Heroes », qui échoue à l’actrice Hayden Panettiere, tombée dans l’oubli depuis la fin du show comme la plupart de ses camarades, comme quoi une carrière peut se jouer à peu de choses.
En 2007, elle tourne dans son premier long-métrage et connaît déjà le succès avec « SuperGrave », comédie dans laquelle elle côtoie notamment Jonah Hill, qu’elle retrouvera des années plus tard, mais ça on y reviendra. Elle obtient ensuite le rôle d’une jeune musicienne, l’obligeant à apprendre la basse, dans « The Rocker » (2008) avant d’intégrer le casting de la comédie pour ado « Super blonde » en compagnie d’Anna Farris en cette même année.
Ses premiers succès lui permettent de se faire remarquer et de prendre part à des projets plus ambitieux. C’est ainsi qu’en 2009, elle rejoint des stars comme Matthew McConaughey, Jennifer Garner et Michael Douglas à l’affiche de la comédie romantique « Hanté par ses ex », puis dans une autre comédie aux côtés de Jeff Daniels et de Ryan Reynolds : « Paper Man ».
Vient alors, toujours en 2009, un rôle parmi les plus marquants de sa carrière, celui qui l’a révélée pour de bon au grand public, à savoir « Bienvenue à Zombieland » qui, par son côté décalé et humoristique renouvelle quelque peu le genre du film de zombie. Aux côtés de Woody Harrelson et de Jesse Eisenberg, elle délaisse les rôles stéréotypés de lycéennes pour laisser place à une héroïne badass, gentiment gothique et prête à en découdre, démontrant qu’il ne faudra plus compter sur elle pour jouer les faire-valoir. Avec sa performance maitrisée dans laquelle elle multiplie les punchlines bien senties et dézingue des morts-vivants à tour de bras, elle parvient à rendre les spectateurs complètement stone et fait une entrée remarquée dans les radars cinéphiles.
Ce succès lui permet d’enfin obtenir un rôle principal dans la très bonne comédie « Easy A » (2010), sous ses allures de teen-movie, le film ne tombe pourtant pas dans les pièges classiques des films sur l’adolescence, une comédie bien fichue démonte le mécanisme de la rumeur. Emma Stone joue le rôle d’une jeune fille qui est « accusée » d’avoir perdu sa virginité et qui pour se moquer du puritanisme ambiant décide de jouer le jeu et d’y aller à fond en cultivant une image sulfureuse avec une bonne dose d’autodérision.
Après ce rôle qui lui vaut une première nomination aux Golden Globes dans la catégorie « Meilleure actrice dans une comédie », elle récidive dans le genre de la comédie, romantique cette fois-ci, avec l’excellent « Crazy, Stupid, Love » (2011). Porté par le talent comique du trublion Steve Carell et son interprétation haute en couleur d’un mari qui cherche à reconquérir sa femme (Juliane Moore), le film permet à Emma Stone de tenir la dragée haute à des acteurs confirmés et marque le début d’une grande histoire d’amitié avec un certain Ryan Gosling avec qui elle connaîtra la consécration des années plus tard.
Cette année 2011 est définitivement celle de la confirmation avec un nouvelle prestation très remarquée, qui prouve qu’elle est capable de performer dans d’autres registres que la comédie avec le drame sociétal « La Couleur des sentiments », adapté du roman éponyme de Kathryn Stockett. Entourée de Viola Davis et de Jessica Chastain (encore une rouquine) entre autres, l’actrice incarne avec grâce une journaliste qui, au début des années 60, cherche à écrire un livre sur la condition des domestiques noirs-américains au service de riches employeurs blancs à travers les témoignages de ces dernières.
Si les spectateurs et la critiques ont plutôt bien accueilli le film, permettant notamment à l’actrice Octavia Spencer de décrocher l’Oscar de « la meilleur actrice » dans un second rôle, certaines critiques lui reprochent néanmoins de donner la vedette à une sauveuse blanche et de réécrire l’histoire de la lutte pour les droits civiques.
Ces avis divergent autour du film n’empêche pas Emma Stone de tracer sa route et de décrocher le rôle convoité de Gwen Stacy dans un des blockbusters de l’année 2012 « The Amazing Spider-Man » aux côtés d’un Andrew Garfield qui a la lourde tâche de prendre la relève de Tobey Maguire. Afin de pouvoir camper ce personnage, elle décide de refuser le rôle féminin de la comédie « 21 Jump Street ». Elle retrouve de nouveau l’homme-araignée dans la suite de ses aventures : « The Amazing Spider-Man : Le Destin d’un héros » qui reçoit un accueil très mitigé à sa sortie, printemps 2014.
Entre les deux grosses productions super-héroïques, elle trouve le temps de prendre part à « Gangster Squad », thriller noir sur la mafia de Los Angeles, dirigée par le parrain Mickey Cohen qu’incarne Sean Penn avec sa maestria habituelle. Sur le tournage de ce film au casting fleuri, elle donne pour la seconde fois la réplique à son ami Ryan Gosling, deux ans seulement après leur collaboration dans « Crazy, Stupid, Love ».
Après avoir décliné un rôle dans le blockbuster horrifique « Crimson Peak » de Guillermo Del Toro en 2013, elle se voit proposer le premier rôle féminin dans « Magic in the Moonlight » du fantasque réalisateur new-yorkais Woody Allen, ce qu’elle accepte sans broncher. Bien qu’il fut présenté en sélection non officielle au Festival de Cannes 2014, le film ne connut pas le succès escompté en raison d’un scénario jugé trop brouillon. Une première expérience mitigée sous la direction du réalisateur qui n’empêche pas Emma Stone d’être saluée pour sa prestation.
Vient ensuite le multi-oscarisé « Birdman » (2014) d’Alejandro Iñárritu qui lui permet de briller malgré un rôle plutôt secondaire. Dans cette satire fantastique, Elle incarne Sam, la fille de Riggan, le comédien héros de Birdman joué par Michael Keaton et dévoile une facette bien plus grave qu’à l’accoutumée et dénuée de toute forme d’humour. Cette performance inattendue lui permet de concourir à l’Oscar de la « meilleure actrice dans un second rôle ».
Ce succès va pourtant laisser place à un premier revers pour l’actrice avec la comédie dramatique « Welcome Back » qui se solde par un cuisant échec sur tous les plans malgré un casting ronflant (Bradley Cooper, Rachel McAdams, etc.). Elle retrouve ensuite Woody Allen pour « L’Homme irrationnel », drame dont elle partage l’affiche avec Joaquin Phoenix. Cette seconde collaboration avec le célèbre réalisateur est un succès et fait d’Emma Stone la nouvelle muse du cinéaste, succédant à Scarlett Johansson.
Après le temps de la révélation, puis celui de la confirmation, vient celui de la consécration pour la jolie Emma. Avec « La La Land », elle signe son rôle le plus abouti dans la peau de Mia, actrice en devenir qui partage sa vie entre son métier de serveuse et les auditions qu’elle passe pour tenter de se faire connaître. La comédie musicale de Damien Chazelle lui offre une nouvelle occasion de se mesurer à son ami Ryan Gosling avec qui elle forme un duo complémentaire qui se rapproche de l’image que l’on se fait d’un couple hollywoodien mythique.
Le film est acclamé par la critique et connait un succès mondial retentissant, raflant au passage à peu près toutes les récompenses possibles et imaginables. Emma Stone n’est pas en reste et remporte entre autres l’Oscar et le Golden Globe de la « meilleure actrice », étant désormais surnommée « la nouvelle petite fiancée de l’Amérique ».
Cet immense succès fait d’elle une valeur sûre d’Hollywood et donc logiquement une des actrices les plus demandées du milieu. Ce nouveau statut lui permet de s’impliquer dans des projets qui lui tiennent à cœurs comme le drame « Battle of the Sexes ». Dans ce film au message féministe bien amené où elle retrouve Steve Carell, elle incarne brillamment Billie Jean King, connue pour son engagement en faveur de l’égalité des sexes et la reconnaissance du sport féminin.
Elle prend ensuite part au film d’époque « La Favorite » du réalisateur grec Yórgos Lánthimos qui réalise en cette année 2018 son deuxième film à l’internationale après l’étrange « The Lobster ». Emma Stone prête ses traits à la baronne Abigail Masham, favorite de la reine Anne, dans cette fresque historique aux multiples récompenses. Malgré une nomination à l’Oscar de la « meilleure actrice dans un second rôle », elle repart bredouille de cette 91ème cérémonie, contrairement à sa comparse Olivia Colman qui se voit décerner la statuette de meilleure actrice.
Elle fut notamment à l’affiche de « Retour à Zombieland » et dernièrement du globalement décevant « Cruella », une nouvelle adaptation des « 101 Dalmatiens » dans lequel l’actrice oscarisée offre pourtant une excellente performance. La petite rouquine continue tranquillement son petit bonhomme de chemin dans la jungle qu’est le cinéma hollywoodien. Une ascension fulgurante, digne d’une alpiniste, qui l’a conduit de son Arizona natal jusqu’au sommet du cinéma mondial grâce à des prestations de haute volée qui lui permettent, comme ce fut le cas avec « La La Land » de toucher les étoiles.
Capable à la fois de faire danser le monde entier tout en poussant la chansonnette, de dégommer des zombies sans sourciller, de faire vaciller le cœur des super-héros, de faire des courbettes royales, de nous faire rire ou pleurer, Emma Stone est une actrice complète, capable de jouer des rôles très variés. Nul doute que sa carrière, déjà bien remplie au vu de son âge, est lancée sur de bon rail et que cette pétillante jeune femme continuera à flamboyer dans ses prochaines apparitions.
Damien Monami – Le 7 novembre 2019
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