Portrait Matt Damon – Le cinéma dans la peau.
Matt Damon a choisi de forcer le destin et de s’écrire un rôle sur mesure pour s’imposer sur les écrans. Portrait d’un acteur qui a le cinéma dans la peau.
Le « Don Quichotte » du cinéma français !
L’intitulé peut paraître un peu cavalier (au sens littéraire du terme) mais né Juan Moreno y Herrera Jimenez le 30 juillet 1948 à Casablanca.
Jean Reno incarne tout au long de sa carrière des personnages forts en gueule comme le Comte de Montmirail ou bougons et taciturne comme le commissaire Niémans des « Rivières Pourpres » voire un rien allumé tel Hubert, le flic de « Wasabi » des comportements qui ne sont pas sans similitudes avec le héros de Cervantès même si Sire Godefroy pourfend plutôt des voitures de la poste que des moulins….
Ses parents, originaires d’Andalousie, se sont installés au Maroc pour fuir l’Espagne nationaliste de Franco. Jean Reno, de son vrai nom Juan Moreno y Herrera Jimenez (les noms de ses deux parents accolés comme le veut la tradition), suit les cours du Conservatoire de Casablanca, y découvre les grands classiques et très vite rêve de se produire sur scène. A 17 ans, sa vie vole brutalement en éclats, sa maman décède du cancer.
En 1968, son service militaire en Allemagne accompli, la famille s’installe définitivement en France et Jean s’inscrit au cours Simon. Il intègre ensuite un des ateliers du metteur en scène Andréas Voutsinas aux Bouffes du Nord. Il y rencontre Didier Flamand et décident ensemble de fonder une compagnie de théâtre puis montent une première pièce « Prends bien garde aux Zeppelins ».
Passant par mille métiers pour assouvir sa passion, de manutentionnaire à chauffeur ou encore vendeur en Duty-free… Il débute au cinéma en 1979 en faisant de la figuration dans « L’hypothèse du tableau volé » de Raoul Ruiz.
Il fait la connaissance de Luc Besson, assistant du réalisateur Raphaël Delpard sur le film « Les bidasses aux grandes manœuvres » en 1981. Débute alors une longue et indéfectible amitié ainsi qu’une collaboration artistique riche de quelques films parmi les plus célèbres du cinéma Français.
C’est donc logiquement qu’il est à l’affiche en 1983 du premier long métrage de Besson « Le dernier combat ». Si le film ne déclenche pas l’enthousiasme il n’altère en rien leur collaboration et Besson lui confie un petit rôle de batteur dans « Subway » avec Christophe Lambert et Isabelle Adjani en 1985.
En 1988 c’est l’incroyable tsunami du « Grand Bleu » qui propulse Jean Reno au firmament. Le rôle d’Enzo Molinari va lui assurer, d’un coup, une renommée mondiale et l’un de ses meilleurs rôles. Il crève l’écran, avec ce personnage si caractérisé, grâce à ses inoubliables lunettes rondes (déjà aperçues dans « Le dernier combat ») et un nombre de dialogues tant en français et qu’en italien impressionnant ; face à lui, son adversaire, Jacques Mayol, taiseux, ne vivant que pour la mer et les dauphins, et joué par un inconnu en 1988 : Jean Marc Barr.
À 40 ans, le succès lui sourit enfin et la décennie qui commence le verra voler de succès en succès . Tout d’abord il y a ce petit second rôle de « Victor le nettoyeur » dans « Nikita » (1990). Nikita est une droguée violente prise en main par des psychiatres qui la conditionnent afin d’en faire une tueuse œuvrant pour les services secrets. Aujourd’hui encore l’impact sur les films d’action avec des actrices dans le rôle principal est indéniable. On peut citer « Peppermint », « Atomic Blonde », « Red Sparrow », sans oublier son reboot « Anna ». Mais aucun n’a employé ce nettoyeur de « Victor », ses bidons d’acide et sa réplique culte : « Putain mais vous l’avez même pas buté ! »
Jean Reno enchaîne avec une première incursion dans la comédie et un duo avec Christian Clavier dans « L’Opération Corned Beef » de Jean-Marie Poiré (1991). Si le choix de Clavier au casting est logique (il a déjà tourné quatre fois avec Poiré !), le rôle du rôle du « Squale » ne fut pas déterminé rapidement. Plusieurs acteurs ont été approchés et personne n’avait encore pensé exploiter le potentiel comique de Jean Reno ; Ce rôle à contre-emploi de ce qu’il a fait jusque-là et le succès au box-office qui s’en suit va définitivement l’installer dans l’imaginaire populaire.
L’étape suivante est encore une comédie « Les visiteurs » de Jean-Marie Poiré (1993) permet de reformer le duo avec Christian Clavier, et d’étoffer son registre. Le film narre comment après avoir bu une potion magique fabriquée par l’enchanteur Eusaebius en l’an de grâce 1112, le Comte de Montmirail et son fidèle écuyer, Jacquouille la Fripouille, vont se retrouver propulsés en l’an 1992… Le rôle de Godefroid de Montmirail marque définitivement sa carrière. Le film est l’un des plus gros succès de l’histoire du cinéma français (5ème au box-office français avec plus de 13 millions de spectateurs) quant aux suites qui lui seront apportées, si « Les visiteurs 2 : les couloirs du temps » (1998) connaîtra un joli succès ; les deux autres « Les visiteurs en Amérique » (2001) et « Les visiteurs la révolution » (2016) ils furent des bides à oublier.
Avec « Léon » (1994) de Luc Besson, il accède à la reconnaissance outre-Atlantique. Un tueur à gages répondant au nom de Léon prend sous son aile Mathilda, une petite fille de 12 ans (la révélation Natalie Portman), seule rescapée du massacre de sa famille face à l’incroyable Gary Oldman. Bientôt, Léon va faire de Mathilda une « nettoyeuse », comme lui. Elle pourra alors venger son petit frère. Ce personnage de tueur solitaire taiseux et sans scrupules largement initié par « Victor », lui vaut les louanges de la presse et au film 7 nominations aux Césars.
En 1994 toujours, il décide de se lancer dans le doublage et accepte de prêter sa voix au père de Simba, Mufasa, dans le chef d’œuvre « Le Roi Lion » de Disney. Rôle qu’il reprend en 2019 pour la nouvelle version en live action de Jon Favreau.
Dès l’année suivante, les propositions des grands studios se confirment. Il tourne la comédie américaine « French Kiss », réalisée par Lawrence Kasdan (1995), une romance centrée sur le couple Meg Ryan et Kevin Kline. Il donne ensuite la réplique à Tom Cruise dans le premier opus de « Mission impossible » (1995) de Brian de Palma, puis à Matthew Broderick dans « Godzilla » (1997), et à Robert De Niro dans « Ronin » de John Frankenheimer (1998).
Entretemps il forme un nouveau duo avec Patrick Bruel sous la direction du réalisateur Francis Veber dans « Le Jaguar » (1996). Comme au temps de « La chèvre » c’est un duo Perrin- Campana. Lorsque le premier rencontre un jour à Paris un Indien d’Amazonie, Wanu, accompagné de son interprète (Campana). Il ignore encore que, pour sauver l’âme du guerrier Wanu, il va entreprendre une folle épopée à travers la forêt amazonienne en compagnie de l’interprète, qui ne lui est vraiment pas sympathique. Moins abouti que le premier duo formé par Pierre Richard et Gérard Depardieu, le film bénéficia cependant d’un bon succès public.
Jean Reno s’illustre désormais dans tous les genres et interprète un personnage plus sombre dans « Les Rivières pourpres » de Mathieu Kassovitz (2000). Tiré du roman à succès de Jean-Christophe Grangé, il y incarne, le commissaire Pierre Niémans, légende vivante de la police française, qui va se rendre dans la ville de Guernon, enquêter sur le meurtre du bibliothécaire de la faculté. Son duo avec Vincent Cassel fonctionne admirablement dans cette sorte de voyage au bout de la nuit, un thriller peu commun dans le cinéma français, plus familier du cinéma hollywoodien moderne. Il reprendra ce rôle sombre et taciturne aux côtés de Benoît Magimel dans une suite « Les Rivières pourpres 2, les anges de l’apocalypse » d’Olivier Dahan en 2003 face au mythique Christopher Lee.
L’année suivante, on le retrouve au casting de « Wasabi » (2001) réalisé par Gérard Krawczyk (Taxi 2 .3 et 4) produit par Luc Besson . Une comédie qui offre un mélange détonnant d’action et d’humour. Jean Reno y reprend un rôle de flic solitaire au grand cœur mais aux méthodes parfois musclées. L’inspecteur Hubert reçoit l’appel d’un notaire qui lui annonce que Miko, la femme de sa vie disparue vingt ans auparavant, vient de mourir dans d’étranges circonstances. Seul légataire testamentaire, Hubert débarque au Japon, accueilli par son ancien équipier (incarné par l’hilarant Michel Muller) pour découvrir ce dont il a hérité… Prétexte à une découverte du Japon et de sa culture (Pop entre autre) ; « Wasabi » se hisse au quatrième rang des films étrangers plébiscités par les spectateurs nippons chez qui Jean Reno est l’égal des grandes stars internationales.
Il retrouve son complice Christian Clavier dans « L’Enquête Corse » (2003) d’Alain Berbérian. Le film scénarisé par Clavier et Delgado à partir de la BD de Pétillon narre la mission quasi impossible confiée au détective Jack Palmer (Christian Clavier) de retrouver Ange Léoni (Jean Reno), un caïd indépendantiste traqué par toutes les polices de Corse afin de lui remettre un titre de propriété issu d’un héritage. Palmer se heurtera à l’omerta (la loi du silence) traditionnelle de la culture corse. Comme toujours Reno se coule avec délice dans son rôle de mâle dominant au grand cœur et émaille sa prestation d’un joli accent et de la réplique culte : « Je connais tous les chemins de mon pays ! ». Un film assez caricatural comme le tandem sait le faire mais qui reste une valeur sûre du petit écran.
La même année, Francis Veber l’associe à Gérard Depardieu dans « Tais-Toi ! ». Reprenant le schéma, récurrent chez le réalisateur, du « dur » encombré d’un con attachant (Depardieu), qu’il a déjà exploité dans les films, « La Chèvre » (1981) et « Les Fugitifs » (1986).
En 2004, Jean Reno participe avec Don Cheadle et Nick Nolte au controversé « Hôtel Rwanda », un film historique qui retrace l’action de Paul Rusesabagina (qui supervisa le scénario), un Hutu, gérant de l’hôtel quatre étoiles Les Mille Collines à Kigali, qui abrita et sauva 1268 Rwandais tutsis et hutus modérés, dont sa famille, menacés par le génocide des Tutsi au Rwanda de 1994.
« L’empire des loups » (2005) lui permet de retrouver l’univers sombre et habité des romans de Grangé. Il y incarne Jean-Louis Schiffer, un flic implacable mais que l’on dit corrompu qui déambule dans le 10e arrondissement de Paris qu’il connaît comme personne. Paul Nerteaux (le regretté Jocelyn Quivrin), un capitaine de police acharné, se voit confier une enquête concernant la mort de trois femmes d’origine turque, qui travaillaient dans des ateliers clandestins et dont les corps ont été retrouvés atrocement mutilés. Pour l’aider à infiltrer la population turque du quartier, Nerteaux n’a d’autre solution que de faire appel à Schiffer. Un autre rôle sombre et dur comme Jean Reno semble les apprécier et qui lui colle à la peau comme la sueur.
Après quatre films en 2009 dont « Blindés » et « Le premier cercle » boudés par les spectateurs, Jean Reno tourne « L’immortel » de Richard Berry et « La rafle » de Roselyne Bosch en 2010 qui relate la rafle du Vél’ d’Hiv’ des 16 et 17 juillet 1942 lorsque la police française a arrêté à leur domicile treize mille personnes fichées comme juives dont quatre mille jeunes enfants. Les deux films ont eu du mal à trouver leur public et les critiques étaient assez divisées sur le jeu de l’acteur.
Avec « Avis de Mistral » de Roselyne Bosch (2013) l’acteur en phase avec l’âge du personnage s’essaye à un rôle plus intimiste de grand-père ombrageux et bourru qui cache une personne pleine de surprises, ancien hippie et motard ayant parcouru le monde entier avant de se retirer en Provence et d’y cultiver des oliviers. Une intéressante transformation qui pourrait être répétée prochainement car ce « Summer in Provence » n’a pas trouvé son public.
Quand on y regarde de plus près le nombre de films où Jean Reno s’est vu offrir le rôle principal d’un film est plus restreint qu’il n’y paraît ; en cause des choix de second plan dans des productions internationales certes rémunératrices mais où le personnage qu’il campe n’est souvent que le faire-valoir du héros. Ainsi il incarne par deux fois l’agent Ponton auprès de Steve Martin dans le remake « La panthère rose » (2005) et suite à son succès public dans un second volet en 2009.
Il est aussi souvent l’européen de service comme dans son excellente interprétation du commissaire Bézu Fache aux côtés de Tom Hanks dans « Da Vinci Code » de Ron Howard (2005), qui est à ce jour son plus gros succès avec plus de 750 millions de dollars de recettes dans le monde.
Au chapitre des regrets concernant ses choix professionnels, il y a sans doute celui d’avoir accepté la série policière française « Jo », diffusée sur TF1 au printemps 2013 qui fut un flop et celui d’avoir refusé de reprendre le rôle du commissaire Pierre Niémans dans la série « Les rivières pourpres » sans doute parce qu’il pensait avoir fait le tour du personnage ou pour des raisons d’agenda…
Rien que pour ces deux dernières années, il est à l’affiche dans pas moins de cinq longs métrages : « Cold Blood Legacy : La Mémoire du sang » de Frédéric Petitjean (2019) ; «4 latas » de Gerardo Olivares (2019) « Anya (Waiting for Anya) » de Ben Cookson (2020),« Da 5 Bloods » de Spike Lee ( à voir sur Netflix et sur lequel on reviendra ) et « Bronx » de Olivier Marchal tourné à Marseille.
Confortablement installé sur la scène internationale, Jean Reno continue d’alterner productions françaises et étrangères à un rythme d’environ un film par an. Même si le grand succès public le boude depuis bientôt une décennie mais aussi parce qu’il souhaite, de son propre aveu, profiter un peu plus de ses deux plus jeunes enfants (Cielo et Dean) et de sa famille ; gageons que « Don Juan » a encore quelques beaux rôles à nous offrir dans un futur proche.
Yves Legrand– Le 30 juillet 2020
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On lui doit des classiques tels que « Scarface », « Carrie au bal du diable » ou encore « Outrages » … Retour sur les meilleurs films de Brian De Palma qui s’est imposé comme l’un des réalisateurs les plus respectés de sa génération, fer de lance, aux côtés de Scorsese, Coppola et consort, du Nouvel Hollywood, ce mouvement qui insuffla un renouveau dans la façon de produire des films dès le début des années 70.
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