L’élégance et un style « So British » !

Michael Caine

Un style, une classe et un visage avenant, Michael Caine s’est un peu le grand-père, le Majordome et l’oreille attentive qu’on aimerait tous côtoyer. Un sourire charmeur qui a traversé les décennies de cinéma avec un talent fou, un acteur qui a su se réinventer et bonifier son jeu au fil de plusieurs rôles et œuvres mythiques.

Michael Caine s’est tout simplement l’élégance et un style « so British » dans des films comme « L’homme qui voulut être roi » avec son grand ami Sean Connery, « Hannah et ses sœurs » pour lequel il décroche son premier Oscar, « Le Limier », « Un pont trop loin », « L’Oeuvre de Dieu, la part du Diable » pour lequel il décroche son second Oscar, « Pulsions », « Le Prestige » ou encore les trois volets de la trilogie Batman signée Christopher Nolan.

Bref, portrait d’un immense acteur et d’un Monsieur très sympathique.

Portrait Michael Caine : L'élégance et un style « So British » ! - ScreenTune
Photo by Andrew Shaylor
  • Petit Bio :

Né le 14 mars 1933 à Londres, Maurice Joseph Micklewhite est dès son plus jeune âge un passionné de cinéma mais ne débutera cependant une carrière cinématographique qu’à trente et un ans. Mais une carrière qui ne connaît depuis plus aucun temps mort, forte de plus 140 films, qui ont rapporté plus de 7,8 milliards de dollars américains au box-office Mondial, dont sept parmi le Top 100 du British Film Institute. Issu d’une famille pauvre, le jeune Michael vit d’abord dans le quartier Londonien de Southwark, puis sa famille déménage dans le comté de Norfolk pendant la Seconde Guerre mondiale.

A 18 ans, il incorpore la British Army et est déployé en Allemagne puis part combattre en Corée en 1952. A son retour en Angleterre, il exerce des petits boulots et se produit dans des pièces de théâtre. Il prend un nom de scène, Michael Caine, en référence au film « Ouragan sur le Caine » (1954). Sa première apparition au cinéma est comme un clin d’œil puisque le film s’intitule « Commando en Corée » (Julian Amyes 1956).

Après une quinzaine d’apparitions au cinéma, Michael Caine atteint enfin le haut de l’affiche dans l’excellent « Zoulou » (1964) de Cy Endfield. L’année suivante, il interprète Harry Palmer, un agent secret au comportement à l’opposé de James Bond dans « Ipcress, danger immédiat » (1965), film d’espionnage qui connaîtra deux suites « Mes funérailles à Berlin » et « Un cerveau d’un milliard de dollars ».

Auréolé du Golden Globe du meilleur acteur dans une comédie pour « L’Education de Rita » en 1984 et de l’Oscar du meilleur acteur également dans un second rôle  19 pour « Hannah et ses sœurs » (1987); Michael Caine a aussi reçu la Coquille d’argent du meilleur acteur pour son rôle dans « Blood and Wine » et le Golden Globe du meilleur acteur dans une comédie pour « Little Voice » (1999) et obtient encore l’Oscar du meilleur acteur dans un second rôle pour « L’Oeuvre de Dieu, la Part du Diable » en 2000. Et pour être complet c’est en juillet 2016, qu’il devient enfin officiellement « Michael Caine ».  

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Photo by Silver Screen Collection - © 2007 Getty Images
  • Le TOP de ses films :

Michael Caine partage avec Jack Nicholson l’immense honneur d’avoir été nommé au Oscars au moins une fois par décennie entre les années 1960 et 2000. Fait commandeur de l’ordre de l’Empire britannique en 1992, il a été anobli (Comme son ami Sean Connery) par sa majesté la reine Élisabeth II pour les services rendus aux arts britanniques. La même année, en 2000, il reçoit un BAFTA Fellowship.

Sa riche filmographie étant principalement localisée dans la seconde moitié du XXème siècle nous ne citerons guère de films où il occupe un rôle (souvent excellent) de complément pour nous concentrer dans ce top 10 sur ses rôles les plus emblématiques.

10. « Ipcress – Danger immédiat » (1965) de Sidney J. Fury :

La mise en scène inventive de Sidney J. Fury n’a nullement vieilli ; elle garde toute la saveur et le charme des films anglais des sixties. « Ipcress – Danger immédiat » est un film d’espionnage rapidement prenant au scénario pas trop compliqué agrémenté de touches d’humour « so british » bienvenues et doté d’un final époustouflant.

Le film doit beaucoup au jeu décontracté de Michael Caine dans la peau d’Harry Palmer, un espion pataud (au début du moins) mais qui se révèlera très astucieux. Nigel Green en supérieur guindé est également très intéressant et enfin on appréciera la musique de John Barry élégante et jazzy qui est tout à fait dans la tonalité recherchée pour ce film.

Premier grand rôle de Michael Caine, il est incontournable dans le développement de sa carrière internationale.

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Photo by Michael Ochs Archives/Getty Images - © 2012 Getty Images

10. « Pulsions» (1980) de Brian de Palma :

Kate Miller est une femme encore jeune mais frustrée au niveau de ses relations intimes avec son second mari. Ses fantasmes se bousculent et elle semble ne plus distinguer le réel de l’irréel. Vivant mal cette situation, elle décide de consulter régulièrement un psychiatre, le Docteur Elliott (Michael Caine). Kate se rend un après-midi dans un musée de New York avec des intentions claires : séduire un homme. Elle y parvient et décide de passer la nuit avec lui. Après leurs étreintes, elle s’en va et dans l’ascenseur se fait agresser de la plus atroce des manières par une inconnue toute de noir vêtue et munie d’un rasoir….

Le film de Brian De Palma se regarde comme celui de Hitchcock le célèbre « Psychose » avec le même étonnement devant le déchaînement de la violence. L’interprétation de Michael Caine, le Docteur Elliott, est d’une extrême sobriété, énigmatique dans son rôle de personnage déchiré par sa double personnalité, capable de pulsions tout autant que Kate, sa séduisante cliente (Angie Dickinson) laquelle nous fait admirablement découvrir ce désarroi face à ses désirs et ses fantasmes sexuels qui la mèneront à sa terrible fin.

Un Caine très loin des autres rôles de sa filmographie qu’il nous paraît intéressant d’épingler par sa retenue et sa modernité.

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© 1980 Metro-Goldwyn-Mayer Studios Inc.

8. « Zoulou » (1964) de Cy Endfield :

Ce film est à l’Empire Britannique ce qu’était Waterloo à l’Empire Français ; la plus grand défaite qu’une armée africaine lui ait infligée à ce jour.

Isandhlawana le 22 janvier 1879, et qui est traitée dans un autre film en 1979 « L’ultime attaque » de Douglas Hickox, d’après un scénario de Cy Endfield ici réalisateur.
 Il s’agit donc de l’attaque de Rorke’s Drift, un minable fortin isolé peuplé d’environ cents soldats, essentiellement Gallois faisant face à quatre mille Zoulous. Ce n’est ni un film colonialiste ou raciste, c’est avant tout le récit d’une bataille désespérée, une sorte de fort Alamo.

Les Zoulous ; guerriers puissants et organisés, n’y sont pas désignés comme des sauvages qu’il faut éradiquer. C’est une réflexion sur la guerre, et un grand spectacle épique tourné en décors naturels, épaulé par l’interprétation de Stanley Baker qui apporte beaucoup d’intensité à son personnage d’officier, l’acteur s’est impliqué en étant également producteur du film.

A ses côtés, le jeune Michael Caine y trouve son premier rôle important et s’y révèle brillant. La réalisation efficace de Cy Endfield particulièrement dans d’impressionnantes scènes de batailles réglées au millimètre, l’habileté du montage et la musique de John Barry qui claque comme un drapeau dans le vent. Un peu long au démarrage dans le but d’installer la tension mais dès l’assaut des Zoulous engagé, c’est 1h15 de bataille intense et brutale.

Un grand film presqu’oublié d’où émerge un Michael Caine charismatique.

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© 1964 Metro-Goldwyn-Mayer Studios Inc.

7. « Le Prestige » (2006) de Christopher Nolan :

Le nom du film fait référence à la troisième et dernière étape d’un tour de magie, où l’imprévu et la surprise se produisent. Au cours de la première étape, nommée « la promesse », le prestidigitateur montre à son public quelque chose d’ordinaire, dans la deuxième, « le tour », il le rend extraordinaire, avant le fameux final où l’incroyable se produit, « Le Prestige » !

Réalisé de main de maître par un des plus grands magiciens du Septième Art, le réalisateur Christopher Nolan, adapte un livre de Christopher Priest, publié en 1995 se décompose lui aussi en trois parties comme le tour dont il est question. Michael Caine y incarne un mentor « ingénieur » (avec la classe époustouflante qu’on lui connaît) le maître d’œuvre de ce tour « l’homme transporté » que se disputent deux prestidigitateurs Alfred Borden, (Christian Bale), et Robert Angier (Hugh Jackman) en cette fin de XIX siècle. Auxquels il convient d’ajouter l’excellente Scarlett Johansson et la surprise David Bowie en Nicolas Tesla.

Le montage, la musique, les costumes, tout concourt à cette atmosphère irréelle qui imprègne des intrigues parallèles à tiroir et à double fond.
Hugh Jackman et Christian Bale nous offrent une prestation de haut vol en magiciens dévorés par leurs obsessions. Et si « Nul ne se soucie de l’homme dans la boite » jusqu’où êtes-vous prêt à aller pour le meilleur des tours, quel sacrifice êtes-vous prêt à admettre ?

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Photo by Francois Duhamel - © Touchstone Pictures and Warner Bros. Pictures.

6. « La trilogie Batman » (2005 à 2012) de Christopher Nolan :

Michael Caine y incarne Alfred Pennyworth, célèbre et fidèle serviteur de Bruce Wayne alias Batman (Christian Bale) dans « Batman Begins », « The Dark Knight » et « The Dark Knight Rises » Son personnage possède plus de profondeur que les Alfred précédents. En effet, il est plus proactif physiquement et verbalement, incarnant une certaine forme de conscience paternelle et également une forme de prudence, osant même demander à son maître d’arrêter ses activités nocturnes.

Son apport au succès de la trilogie n’est pas négligeable car avec Morgan Freeman, ils constituent des garde-fous réalistes (et des contrepoints souriants) à la noirceur des thèmes développés par Nolan.

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Photo by David James - © 2004 Warner Bros. Ent.

5. « L’éducation de Rita » (1983) de Lewis Gilbert :

« Educating Rita » est un film multi récompensé de Lewis Gilbert (BAFA)mais avant tout une pièce de théâtre à deux personnages de Willy Russel (1980). Le thème central est celui de l’émancipation sociale et culturelle, mais le vecteur de cette émancipation est la relation entre un homme et une femme dans une dynamique exempte de tout enjeu sexuel ou amoureux.
C’est l’éclosion d’une collaboration dans laquelle les protagonistes vont trouver appui et bienveillance pour accéder à une nouvelle étape de leur vie et accéder à un nouveau chapitre de leur vie.

En VO la voix inégalable de Michael Caine (Golden Globe et BAFA du meilleur acteur) est le raffinement british par excellence sans oublier l’accent délicieusement truculent de Julie Walters (Golden Globe et BAFA de la meilleure actrice). Un must !

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© 1983 Columbia Pictures.

4. « Hannah et ses sœurs » (1986) de Woody Allen :

C’est une comédie dramatique traitant d’une douzaine de personnages et leurs histoires, toutes connectées à trois sœurs : Hannah (Mia Farrow), Lee (Barbara Hershey) et Holly (Dianne Wiest). Hannah est la préférée, talentueuse et adorable, Lee vient en second tandis que Holly est un peu plus marginale avec son passé lié à la drogue et ses incessants besoins financiers. D’autres gens gravitent autour des soeurs, notamment Mickey (Woody Allen), l’ex-mari hypocondriaque d’Hannah, son mari actuel Elliot (Michael Caine), le compagnon de Lee (Max von Sydow) et l’amie d’April (Carrie Fisher).

Si les nombreux moments de comédie font mouche, c’est bien l’aspect dramatique qui donne au film son éclat. L’amour secret d’Elliot pour Lee est traité de manière romantique mais son infidélité est toujours présentée comme condamnable, nous permettant de ressentir sa culpabilité et ses tourments. Par ailleurs, Mickey est persuadé qu’il a une tumeur au cerveau, et lorsqu’ enfin il découvre que c’est inexact, il sombre dans la dépression en tentant de donner un sens à sa vie. Le jeu des principaux acteurs est excellent. Les meilleures performances étant signées de Woody Allen (une de ses meilleures) et Dianne West qui incarne la plus jeune des sœurs et bien sûr Michael Caine qui décroche un Oscar, au même titre que Dianne West et que Woody Allen (pour le scénario).

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© 1986 Metro-Goldwyn-Mayer Studios Inc

3. « Alfie le dragueur » (1966) de Lewis Gilbert :

Le film s’appelle simplement « Alfie » à l’origine. Pourtant Alfie est bien un dragueur comme le stipule péjorativement le titre en Français.

Lewis Gilbert fait de lui une description pleine d’humour mais sans empathie. Ses apartés cyniques en s’adressant au spectateur pendant qu’il « chasse », le mépris qu’il a des femmes qui s’éprennent de lui et son incapacité à gérer un avortement dont il est responsable le rendent éminemment détestable. Et lorsque, après avoir fait le vide autour de lui, il se fait jeter par plus dragueuse que lui, on en rit presque.

C’est la rencontre d’Alfie avec un chien errant qui ouvre et clôture le film comme si leurs deux destins étaient clairement associés.
Du cinéma beau et intelligent. Habité par un Michael Caine une nouvelle fois impeccable et, en creux, authentiquement féministe.

Photo by John Springer Collection - © 1966 Paramount Picture

2. « L’Oeuvre de Dieu, la part du Diable» (1999) de Lasse Hallström :

 Magnifique œuvre à la fois bouleversante, empreinte d’entraide et d’une grande humanité. L’Amour sans les liens de sang telles sont les valeurs que le film défend. Par rapport à l’imposant livre de l’écrivain John Irving de nombreuses coupes ont dû être faites. Les acteurs, dont un grand nombre sont très jeunes apportent leur lot d’émotions, entre rires, larmes et joie de vivre communicative, le film gagne à être connu, avec des histoires bouleversantes et humaines, des acteurs impeccables (en plus des enfants, Tobey Maguire et Michael Caine signent parmi leurs plus beaux rôles !

Un seul mot résume le propos : Pour être heureux : partagez avec ceux que vous aimez !  Michael Caine se voit récompensé ici d’un second oscar du meilleur acteur dans un second rôle, une performance rare mais ô combien méritée l’année même où il est fait « Sir ».

Portrait Michael Caine : L'élégance et un style « So British » ! - ScreenTune
© 1999 - Miramax

«1. L’homme qui voulut être roi » (1975) de John Huston :

De notre point de vue, jamais un duo d’acteurs n’a été à l’écran aussi complémentaire. Au sommet de leur popularité respective et dirigés par un John Huston qui réalisait enfin son rêve d’une histoire en gestation depuis 20 ans, les deux acteurs portent le film avec une énergie et une complicité de chaque instant. Chacun habité par son rôle et ne cherchant jamais à tirer la couverture à lui. Aux côtés de Sean Connery, Michael Caine est son parfait complément, l’acteur britannique est l’alter-ego de son compagnon. Plus pragmatique et moins rêveur que son condisciple, son humour et son élégance apporte une résonance plus profonde aux ambitions des deux hommes. Les deux comédiens collaborent à merveille, ils interagissent si facilement et avec une telle camaraderie, que les regarder est un véritable plaisir.

Plus que des héros, ce sont deux amis sur et hors de l’écran qui signent deux performances parmi les meilleurs de leurs illustres carrières.

Une œuvre imaginée par Kipling et magistralement mise en scène qui défie le temps.

Critique « L'Homme qui voulut être roi » (1975) : Par la sainte culotte de dieu ! - ScreenTune
© Production / Columbia Pictures

Certains des grands acteurs dont nous avons fait le portrait ont donné leur nom à un aéroport (John Wayne et Ronald Reagan) d’autres à un musée (James Stewart) ou à des rues et des bibliothèques ; Michael Caine a inspiré au groupe de musique anglais Madness une chanson qui s’intitule « Michael Caine ».

Sur le morceau c’est bien la voix de l’acteur qui prononce « My name is Michael Caine ». Il n’en dira pas plus …Toujours dans la sobriété « Sir Michael » qui fête ce 14 mars ses 88 ans !

Yves Legrand – Le 14 mars 2021

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