L’histoire d’un doux rêveur

Robert Zemeckis

Quelle étrange injustice que celle de la carrière de Robert Zemeckis, maître du renouveau des blockbusters et pionnier des effets spéciaux contemporains comme George Lucas, Steven Spielberg ou encore le trop souvent oublié Joe Dante (« Gremlins ») avec des œuvres comme le sublime « Qui veut la peau de Roger Rabbit », la cultissime saga « Retour vers le Futur », le poétique « Le Pôle Express » ou encore le techniquement réussi « La Légende de Beowulf » et immense figure de la Pop Culture. À une époque son simple nom, faisait se déplacer les foules dans les salles, nul besoin de grands plans marketings ni de bandes annonces pour vendre son film et pourtant, les temps ont bien changé.

Le cinéaste a souvent été comparé à son illustre ami et maître Steven Spielberg alors qu’il s’en démarque à bien des égards.

Le réalisateur oscarisé pour « Forrest Gump » est cependant désormais appréhendé par le public et les critiques avec une certaine condescendance. Ce qui est bien dommage à la vue de sa sublime carrière commencée en 1978 avec son premier long-métrage « Crazy Day ».

Alors Robert Zemeckis est-il seulement un faiseur qui tente de copier son illustre modèle Steven Spielberg ou l’élève est-il aussi doué et précurseur que son maître ?

Retour sur la carrière d’un réalisateur iconique et d’un pionnier des effets spéciaux.

  • Petite Bio :

Robert Zemeckis est né le 14 mai 1952 à Chicago, dans l’Illinois. Son intérêt pour le cinéma commença lorsqu’il entra au lycée. Le jeune étudiant se lança dans la réalisation de films à avec une caméra 8 mm.

Il débute un cursus universitaire à l’université de l’Illinois du Nord pour ensuite travailler dans comme monteur de publicités télévisées et de programmes d’information.

Un travail l’a amené à postuler en tant qu’étudiant à l’école de cinéma de l’Université de Californie du Sud où son dossier de candidature comprenait un vidéoclip, sur une chanson des Beatles.

Il est pourtant d’abord rejeté par l’USC, mais à force d’abnégation, il supplie un fonctionnaire de reconsidérer sa décision et promet d’améliorer sa faible moyenne en suivant des cours d’été. Pendant son séjour à l’école de cinéma, il tourne en 1973 son premier projet étudiant, « Field of Honor », un travail qui lui permet de remporter un Student Academy Award. Fier de son œuvre, il décide de la présenter aux réalisateurs Steven Spielberg et John Milius.

Impressionnés, les deux cinéastes ont permis à Zemeckis et Bob Gale (le partenaire d’écriture de Zemeckis à l’USC) d’écrire un scénario original pour le film « 1941 » que Spielberg réalise en 1979.

Photo by © Steve Banks / mptvimages.com

En 1978, à 26 ans, le jeune cinéaste fait ses débuts à la réalisation avec « Crazy Day ». Une œuvre pour laquelle Bob Gale et lui font à nouveau équipe à l’écriture. Bien qu’il bénéficie d’un petit budget, le film démontre déjà les capacités de Zemeckis à intégrer de superbes séquences de prises de vues à des effets spéciaux élaborés.

Zemeckis réalise ensuite « La Grosse Magouille » en 1980, très bien reçu par les critiques mais un échec commercialement. Il commence déjà à plancher sur un scénario racontant l’histoire d’un jeune adolescent qui voyage dans le temps, il propose cette idée aux studios mais ceux-ci n’y croient pas et il est contraint de renoncer au projet. En 1984, Michael Douglas lui propose de réaliser « À La poursuite du diamant vert », une comédie d’aventure dans laquelle l’acteur partage l’affiche avec Kathleen Turner. Sur le tournage, il fait la connaissance de son futur grand ami Alan Silvestri, qui devient son compositeur fétiche. À la surprise générale, le succès est au rendez-vous (plus de 115 millions de dollars) et permet véritablement au jeune réalisateur de lancer sa carrière et d’imposer au studio Universal son projet de film de voyage dans le temps.

Il décline la réalisation d’une suite (« Le Diamant du Nil ») et se lance en 1985 dans la réalisation de l’une des plus étonnantes sagas du cinéma « Back to the Future ». Le début d’une ascension fulgurante. 

Le TOP 10 des meilleurs films de Robert Zemeckis :

10. « Le Pôle Express » (2004) :

Le film : Un jeune garçon qui se met à douter de l’existence du père Noël monte dans un train mystérieux en partance pour le pôle Nord. À mesure que le Pôle Express s’enfonce dans des contrées enchantées, l’aventure est au rendez-vous et les jeunes passagers prennent conscience de l’étendue de leurs dons.

Il s’agit d’un conte de Noël, une sorte de fable sur l’innocence : seuls les enfants qui croient dur comme fer au Père Noël peuvent le voir. Zemeckis transforme son film en livre d’images animées dans lequel il emploie un procédé découlant de la motion capture, la performance capture, avec laquelle il transforme des acteurs réels en images de synthèse. Tom Hanks y tient par exemple cinq rôles (dont ceux du petit garçon et du Père Noël). Tout est possible puisque les images réelles sont virtuellement redessinées.

Pourquoi faut-il le voir ? Parce qu’il s’agit du tout premier film d’animation à utiliser la motion capture. Dans ce cas, la capture de mouvements a permis de suivre l’évolution des acteurs, puis de les convertir en formes animées. Le film a été bien accueilli et a été nommé trois fois aux Oscars.

Une merveilleuse adaptation d’un conte pour enfants qui vous réserve quelques surprises. Robert Zemeckis nous offre un conte initiatique superbe et flamboyant, magnifié par la partition d’Alan Silvestri et par la photographie colorée de Don Burgess. « Le Pôle Express » est une attraction permanente, un sommet d’émotions et de sentiments sincères et nobles qui ramène chacun à ses propres rêves d’enfants.

Photo by Takashi Seida - © 2015 CTMG

9. « La Mort vous va si bien » (1992) :

Le film : Pour être sûre de l’amour de son fiancé, Helen décide de lui faire passer l’épreuve Madeline Ashton. Elle voue une haine tenace à cette actrice sur le retour, fausse amie qui lui a déjà soufflé plusieurs hommes. Malheureusement, Ernest succombe immédiatement aux minauderies de Madeline. Ravagée et obèse, Helen atterrit dans une clinique psychiatrique. Six mois plus tard, elle ne sort de sa torpeur que pour prononcer le nom de son ennemie.

Un film fantastique barré et loufoque signée Robert Zemeckis en grande forme qui fut très acclamée à sa sortie pour ses effets spéciaux décalés dans lesquels le cinéaste appose de nouveau son empreinte habituelle, de l’homme tiraillé entre la maladresse, et la positivité face à l’absurdité de son propos.

Pourquoi faut-il le voir ? Parce qu’il s’agit d’une comédie noire grand public qui cache pourtant une satire aiguë et contemporaine de la peur de vieillir et une réflexion sur le cauchemar de la vie éternelle. Zemeckis signe une comédie hollywoodienne sophistiquée, au casting haut de gamme avec Meryl Streep et Goldie Hawn en compagnie de Bruce Willis pour un film visionnaire pour l’époque parce qu’il stigmatisait avec ironie ce culte de l’apparence qui triomphe aussi brutalement aujourd’hui.

© 1992 Universal Pictures

8. « À la poursuite du diamant vert » (1984) :

Le film : Les romans d’aventures de Joan Wilder rencontrent un énorme succès. Pourtant, dans la vie de tous les jours, Joan est tout sauf une aventurière. Elle serait plutôt une bonne petite New-Yorkaise confortablement installée et un peu parano sur les bords. Jusqu’au jour où elle doit sauter dans un avion pour sauver sa soeur prisonnière de dangereux trafiquants en Colombie. Dans la jungle, elle fait la connaissance du baroudeur Jack Colton.

Il s’agit du premier vrai succès de Robert Zemeckis au Box-Office suite aux déceptions financières de ses deux premiers longs métrages « La Grande Magouille » et « Crazy Day ». Si le film avait échoué, il y a de fortes chances que l’on n’aurait plus jamais entendu parler du futur cinéaste de « Forrest Gump ».

Pourquoi faut-il le voir ? Parce que les années 80 c’étaient les grandes aventures cinématographiques comme Indiana Jones et qu’il s’agit d’un gros plaisir coupable embelli par un triomphe critique et financier. Le scénario de Zemeckis est parfaitement calibré pour le grand public avide d’aventure et il reste incroyablement drôle. Sa mise en scène se met totalement au service de son sujet et est presque sans faille. Bénéficiant de l’aura scintillante de Michael Douglas et de Kathleen Turner, tous deux très investis, « À la poursuite du diamant vert » est palpitant, drôle et très divertissant.

© 1984 Twentieth Century Fox

7. « Apparences » (2000) :

 Le film : Le docteur Norman Spencer et sa femme Claire habitent une somptueuse résidence sur les berges d’un lac de la Nouvelle-Angleterre. Tout va pour le mieux mais Claire se sent seule. Sa fille est partie à l’université et son mari consacre tout son temps à ses recherches. Elle entend un jour gémir et pleurer sa nouvelle voisine, Mme Feur, et tente de prendre contact avec elle. Mais elle se heurte à M. Feur, qui lui refuse l’accès à la maison.

« Apparences » est le premier vrai thriller réalisé par Robert Zemeckis, celui-ci fut tourné entre les deux parties de tournages que nécessitaient « Seul au Monde ». Il met en vedette Michelle Pfeiffer et Harrison Ford soutenu par un budget de 100 millions de dollars. Le film ne fut pas bien accueilli par la critique mais fut pourtant un véritable succès au Box-Office puisqu’il rapporta tout de même 29 702 959 dollars lors de son week-end d’ouverture, pour un total mondial de 291 420 351 dollars. Un exploit !

Pourquoi faut-il le voir ? Pour son duo d’acteurs impeccables, Harrison Ford est complètement à contre-emploi et se débrouille à merveille dans un rôle plus sombre et intriguant. Quant à Michelle Pfeiffer, elle est tout simplement bluffante en épouse paranoïaque et inquiétante. Un thriller à la sauce Hitchcock trop souvent méconnu et pourtant impeccablement maitrisé par Zemeckis qui joue habilement avec la notion de huit-clos.

© 2000 DreamWorks LLC. and Twentieth Century Fox Film Corporation

6. « Bienvenue à Marwen » (2018) :

Le film : L’histoire de Mark Hogancamp, victime d’une amnésie totale après avoir été sauvagement agressé, et qui, en guise de thérapie, se lance dans la construction de la réplique d’un village belge durant la Seconde Guerre mondiale, mettant en scène les figurines des habitants en les identifiant à ses proches, ses agresseurs ou lui-même.

Inspiré du l’histoire vraie de Mark Hogankamp relatée dans un documentaire intitulé « Marwencol », ex-illustrateur victime d’une violente agression un soir à la sortie d’un bar. Un projet taillé pour le metteur en scène de « Retour vers le Futur », qui a toujours aimé éclabousser le septième Art de son délectable imaginaire et qui trouve ici un sujet à la mesure de son talent (et de ses qualités) qui malheureusement a fait un flop au Box-Office américain et n’est même pas sorti dans nos salles belges.

Pourquoi faut-il le voir ? Parce qu’il s’agit d’une œuvre d’une générosité constante de par ses thématiques, ses effets spéciaux superbement travaillés et de par son scénario poétique, émouvant et riche. Un mélange de drame psychologique, de romance, de comédie sous forme d’animation et de récit d’espoir porté par un Steve Carell habité et bouleversant.  

Une ode touchante à la guérison, à la fois inventive, drôle, brillante et visuellement splendide. Sans aucun doute l’un des plus brillants exercices de son réalisateur.

© 2018 - Universal Pictures

5. « Contact » (1997) :

Le film : Ellie Arroway est une jeune scientifique, passionnée d’astronomie, qui rêve de découvrir une forme de vie en dehors de notre système solaire. Après quatre années d’efforts, elle reçoit un message des extraterrestres qui décrit les plans d’un transporteur interstellaire.

Un film de science-fiction ambitieux dans lequel on retrouve la doublement oscarisée Jodie Foster et le talentueux Matthew McConaughey. Une œuvre qui aura grandement inspirée le « Interstellar » de Christopher Nolan sous bien des aspects.

Pourquoi faut-il le voir ? Parce qu’il s’agit d’un film qui questionne habilement notre rapport à l’espace et à une forme de vie extra-terrestre et qu’il est magnifiquement porté par une Jodie Foster complètement habitée par son rôle. L’actrice ne joue par le Dr Arroway, elle se fond littéralement dans son personnage au point de nous faire ressentir réellement ce contact avec l’extérieur.

Parce qu’il s’agit peut-être de l’un des films de Zemeckis les moins reconnus et pourtant, le cinéaste fait preuve d’une mise en scène ingénieuse (le fantastique plan séquence de l’escalier) que le long métrage réussit à tenir une place particulière dans la conscience collective au sens large, avec des spectateurs du monde entier qui se sentent concernés par ses concepts ambitieux et son approche réfléchie du sujet extra-terrestre.

© 1997 Warner Bros.

4. « Seul au Monde » (2000) :

Le film : Chuck Noland, un cadre de Fedex, sillonne le monde pour améliorer les performances de son entreprise et la productivité de ses équipes. Il ne trouve la tranquillité qu’auprès de sa compagne Kelly. Cependant, à la veille de Noël, il reçoit un appel lui annonçant qu’il doit contrôler la livraison d’un colis urgent pour la Malaisie.

Il s’agit de l’un des films les plus reconnus de la carrière du cinéaste, à la fois chouchou de la critique et véritable succès financier, puisqu’il aura rapporté plus de 429 millions de dollars au Box-Office pour un budget de 90 millions. Il aura également valu à Tom Hanks une nomination aux Oscars pour sa performance exceptionnelle qu’il aurait amplement mérité de remporter. Le film est d’ailleurs devenu depuis l’un des rôles les plus parodiés de tous les temps.

Pourquoi faut-il le voir ? Parce qu’il s’agit d’une œuvre délicate, humble et magnifiquement mise en scène par un Zemeckis au sommet de son art et soutenu par la brillante et déchirante mélodie de son compositeur de toujours Alan Silvestri. Pour la performance de Tom Hanks qui porte littéralement le film sur ses épaules et nous touche en plein cœur dans son rôle de Robinson des temps modernes.

Impossible de ne pas verser une larme devant la détresse de cet homme livré à lui-même, avec pour seul compagnie un ballon de volley renommé « Wilson ». Déchirant mais magnifique !

© 2000 - 20th Century Fox and Dreamworks

3. « Qui veut la peau de Roger Rabbit » (1988) :

Le film : Roger Rabbit est au 36e dessous. Autrefois sacré star du cinéma d’animation, le lapin blanc est fortement préoccupé pendant les tournages depuis qu’il soupçonne sa femme, la sublime Jessica Rabbit, de le tromper. Le studio qui emploie Roger décide d’engager un privé, Eddie Valliant, pour découvrir ce qui se cache derrière cette histoire bien plus complexe qu’il n’y paraît.

L’un des films les plus emblématiques des années 1980 et à juste titre, il s’agit peut-être du mariage le plus réussi en matière de prises de vues réelles combinées à l’animation jamais réalisé à l’écran. Un classique novateur porté par un budget de 70 millions de dollars à l’époque et qui aura finalement rapporté plus de 329 millions de dollars dans le monde.

Pourquoi faut-il le voir ? Parce qu’à l’époque il s’agit tout simplement d’une révolution technologique sans précédent, un petit bijou scénaristique, d’une prouesse technique et d’une liberté artistique comme on n’en fait plus désormais soutenu par un Bob Hoskins et un Christopher Lloyd impeccables.

Une œuvre terrifiante, hilarante, inventive, brillante mais surtout innovante qui a contribué à inspirer et à renouveler un intérêt pour l’animation. Un hommage appuyé à l’âge d’or du cinéma porté par des effets techniques minutieux et révolutionnaires qui n’a rien perdu de son impact presque 40 ans après sa sortie et qui impose Robert Zemeckis comme un brillant technicien.

© 1988 - Walt Disney Studios.

2. La saga « Back to the Future » (de 1985 à 1990) :

Les films : Le jeune Marty McFly mène une existence anonyme, auprès de sa petite amie Jennifer, seulement troublée par sa famille en crise et un proviseur qui serait ravi de l’expulser du lycée. Ami de l’excentrique professeur Emmett Brown, il l’accompagne tester sa nouvelle expérience : le voyage dans le temps via une DeLorean modifiée. La démonstration tourne mal : des trafiquants d’armes débarquent et assassinent le scientifique.

L’inspiration pour le film vient du co-scénariste Bob Gale (Zemeckis a également co-écrit le scénario), qui un jour consulte l’annuaire du lycée de son père. Gale a fini par se demander s’il aurait été ami avec son père adolescent. Le film a d’ailleurs reçu un Oscar pour les « meilleurs effets spéciaux » et le « meilleur montage sonore ».  Un énorme succès au Box-Office, qui aura rapporté au total plus 920 millions de dollars en comptabilisant les trois films.

En raison de ce succès, le film a engendré deux suites, toutes deux réalisées par Zemeckis et mettant en vedette la plupart des mêmes acteurs et actrices dès le premier volet. La trilogie « Retour vers le futur », pour laquelle Zemeckis est le plus connu, est aujourd’hui considérée comme l’une des plus grandes trilogies issues de l’industrie cinématographique.

Pourquoi faut-il les voir ? La trilogie « Retour vers le futur », pour laquelle Zemeckis est le plus connu, est aujourd’hui considérée comme l’une des plus grandes issues de l’industrie cinématographique. Parce qu’il s’agit des films les plus indissociables du cinéaste et qui font partie intégrante de la Pop Culture. Tout est culte dans la saga de la DeLorean mythique en passant par les Nike de Marty et l’Overboard. La saga fait preuve d’une créativité folle à la fois divertissante, amusante et visuellement somptueuse. Comment ne pas résister à l’énergie de Michael J. Fox et à l’excentricité d’un fantastique Christopher Lloyd.

Une trilogie éternelle et intemporelle qui aujourd’hui n’a rien perdu de son impact émotionnel et est toujours aussi plaisante à regarder.

© 1989 Universal Pictures

1.« Forrest Gump » (1994) :

Le film : Au fil des différents interlocuteurs qui viennent s’asseoir tour à tour à côté de lui sur un banc, Forrest Gump raconte la fabuleuse histoire de sa vie. Sa vie est à l’image d’une plume qui se laisse porter par le vent, tout comme Forrest se laisse porter par les événements qu’il traverse dans l’Amérique de la seconde moitié du 20e siècle.

Forrest, c’est ce bonhomme simple d’esprit dont la candeur et l’innocence offrent une magnifique leçon de vie aux spectateurs. À travers son regard, c’est une bonne partie de l’histoire contemporaine des Etats-Unis qui défile devant nos yeux avec une certaine poésie. Un énorme succès au Box-Office, récoltant près de 627 millions de dollars dans le monde pour un budget de 55 millions. Il remporte également 6 Oscars, et Zemeckis est enfin récompensé de celui de « meilleur réalisateur ».

Pourquoi faut-il le voir ? Tout simplement parce que « Cours Forrest, cours ! », voici trois petits mots bien simples et vides de sens ainsi balancés, et pourtant ils résonnent dans bien des têtes longtemps après la sortie de cette épopée humaine.

Il faut le voir parce que c’est un chef d’œuvre dans lequel Tom Hanks livre sans conteste la performance la plus mémorable de sa carrière auréolée d’un Oscar du « meilleur acteur » amplement mérité. Il est bouleversant de sincérité dans son interprétation grâce à laquelle son personnage ne peut que provoquer une empathie sincère bien aidé par la partition touchante et poétique d’Alan Silvestri pour laquelle il décroche lui aussi une statuette. Il s’agit sans conteste du plus grand film de Robert Zemeckis, sa mise en scène est somptueuse et touchante en plus de faire preuve d’une habileté incroyable en incorporant son personnage dans un pan tout entier de l’histoire américaine.

Une merveille classée à la 12e place des plus grands films de tous les temps et couronnée de l’Oscar du « meilleur film » devant « Pulp Fiction » et « Les Évadés » excusez du peu !

© 1994 Paramount Pictures

Robert Zemeckis aura clairement marqué l’histoire du cinéma de son empreinte en prouvant à plusieurs reprises qu’il était capable de produire des films sincères et mythiques alliés à de grands effets visuels. Il s’est durablement inscrit dans le paysage culturel au travers d’œuvres mythiques comme « Retour vers le Futur », « Qui veut la peau de Roger Rabbit », « Forrest Gump » et « Seul Au Monde », toujours soutenu par ses fidèles compères que sont Tom Hanks et Alan Silvestri.  

Le metteur en scène n’a certes pas réinventé les effets spéciaux dans le cinéma de genre, il s’est plutôt réapproprié les techniques de son époque et les a mixés au gré de ses inspirations.

Il prend les technologies émergentes, il créée des personnages émouvants, les idées de demain pour y exploiter nos rêves (manipulation de l’espace-temps, romantisme et aventures de romans de gare, découverte des extra-terrestres, …) pour les intégrer au cœur de ses films afin de chambouler et d’émouvoir son public.

Robert Zemeckis est un véritable auteur qui a su nous charmer par sa rêverie et ses talents de conteur en y alliant une maitrise technique absolue. Malgré son manque de reconnaissance actuel, le cinéaste a prouvé avec « Bienvenue à Marwen » qu’il était encore capable de nous raconter des histoires inspirantes et poétiques.

Un grand réalisateur dont l’honnêteté transpire sur chacune de ses œuvres, un immense artiste tout simplement !

NB : Pouvaient aussi être cités :

  • « Crazy Day » (1978)
  • « La Grosse Magouille» (1980)
  • « La Légende de Beowulf » (2007)
  • « Le Drôle de Noël de Scrooge » (2009)
  • « Flight » (2012)
  • « The Walk » (2015)
  • « Alliés » (2016)

Julien Legrand – Le 14 mai 2020

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